La réalité de la
mort
Après
les immenses hécatombes des deux grandes guerres mondiales, notre monde moderne
– entendons pas là le monde occidental – pourra être analysé comme celui d’une
constante tentative de faire oublier, par tous les moyens, la plus certaine,
pourtant, des réalités : la mort inéluctable de tous les êtres vivants, la
mort qui nous attend tous.
Certes,
entre les deux grands conflits mondiaux et après, jusqu’à nos jours, il n’y a
jamais eu de paix universelle et c’est encore par dizaines de millions de morts
que peut s’établir le bilan des centaines d’affrontements, plus ou moins
limités, plus ou moins durables qui ont frappé presque tous les peuples. Sans
oublier les exterminations, jusqu’à nos jours aussi, dans les enfers des
goulags et du laogaï et autres systèmes de déshumanisation ; et encore les
massacres et atrocités des régimes et des mouvements de l’islam jihadiste. Sans
oublier, non plus, le meurtre en continu, par millions, chaque année, dans le
monde, des enfants privés du droit à la vie.
Mais,
nonobstant tout cela, le monde moderne, le monde occidental, est comme celui
d’une immense conjuration pour détourner l’homme du réel et en premier, de la
réalité de la mort : par tous les moyens conjugués des médias, de l'anti-culture, des drogues de toutes
sortes, du conditionnement néo-totalitaire, en deux mots, le meilleur des
mondes.
Un
des premiers effets de l’irruption radicalement perturbatrice du coronavirus,
quasiment dans presque toute la vie du monde, est, semble-t-il, d’établir pour
le plus grand nombre une vie à la fois de confinement et de pénétration très
partielle du monde extérieur par la constante intrusion médiatique.
Or,
grâce aux bons offices du ministère de la Santé incarné par monsieur Salomon,
vigilant comme un métronome et relayé par tous les présentateurs des chaînes
audio-visuelles, voilà que les journées des citoyens sont désormais rythmées
par les annonces et statistiques du nombre des morts entraînées par
l’impitoyable virus.
Toutes
choses inégales par ailleurs, nous voici revenus aux temps des grandes
épidémies où de courageux ramasseurs les entassaient sur leurs charrettes et
comptaient les cadavres.
Bref,
la mort n’est plus dissimulée, cachée, évacuée, une chose qu’il était malséant
d’aborder.
Les flegmatiques
et les apocalyptiques
Je
reviens sur l’observation que j’ai faite des différentes attitudes face aux
ravages de l’épidémie. Je demeure sur la certitude que n’étant ni
épidémiologue, ni prophète, je n’ai pas de compétence pour les commenter
personnellement.
À
certains, j’objecterais donc simplement qu’il ne me paraît pas juste de
comparer les chiffres d’une épidémie en cours à ceux, plus élevés, d’épidémies
passées. Attendons que celle-ci soit terminée pour la mesurer valablement à
l’aune des précédentes.
D’autant
que, me dit ma filleule libanaise, Mouna, docteur en nano-technologies, le
corona, extrêmement mutant, n’est pas partout le même et ses méfaits seront
donc différents. Ne voilà-t-il pas que les microbes (pour moi, ignare, virus ou
microbe, c’est du même tabac !) adopteraient le principe de
nationalité !
Pour
les apocalyptiques, rien ne dit que la pandémie va finir. Et, pour certains,
c’est le début du commencement de la fin du monde.
Mais
je suis sceptique. Certes, il y aura une fin du monde mais elle a été si souvent
annoncée qu’il se pourrait bien, encore une fois, que ce ne soit pas la bonne.
Réalité
catholique
On
le sait, je ne suis pas un grand admirateur du successeur de Benoît XVI, étant
catholiquement totalement libre de ne pas le considérer infaillible en tout ce
qui ne relève pas de son Infaillibilité pontificale.
Je
ne développerai pas cela aujourd’hui. Mais je lui sais gré d’avoir, hier, à
Saint-Pierre de Rome, permis un grand moment de retour à la réalité de l’Église
catholique, par les chants d’adoration et de salut du Saint-Sacrement, donnés
par quelques chanteurs de la chapelle Sixtine. Sublime beauté que celle de ces
chants à Dieu du Parce Domine, de l’Adoro Te devote, du Tantum ergo aux paroles écrites par saint Thomas d’Aquin. Cela
change des niaiseries trop souvent diffusées sur les chaines catholiques.
Dans
la page Opinions du Figaro de ce jour, on lit le très bel article de Mathieu
Bock-Côté : Au milieu du désastre,
la foi.
Une
réflexion sur la mort, véritablement sacrificielle, d’une vingtaine de prêtres
de Bergame et de la région, ayant choisi de demeurer parmi les malades pour les
accompagner d’une dernière prière.
C’est
cela aussi, et surtout, l’Église catholique.