On le sait, je suis loin
d’être un admirateur inconditionnel de la politique et du mode de gouvernement
de monsieur Poutine par trop caractérisés au fil des années par le retour
grandissant d’une exaltation révisionniste du passé soviétique.
Mais l’affaire
boulevardière et gravelo-grivoise du pitoyable Benjamin Griveaux aura été la
source d’inquiétants signes d’un prédélirant complotisme à la tête de l’État et
du mouvement d’une République chaque jour plus cafouilleuse que marcheuse.
Car imputer au gouvernement
russe quelque méchante manipulation subversive, disons, de l’égarement auto-filmé
de M. Griveaux, ça, il fallait le faire ! Ou alors, chapeau les Popov pour
avoir réussi le coup d’envoyer en France un de leurs agents, un artiste du nom
de Piotr Pavlenski, se faisant accepter comme réfugié politique et le demeurant
après des actes de banditisme.
Et ce dernier, si j’ai
bien compris la manœuvre macroniquement suspectée, se débrouillant pour piéger
un très ingénu candidat se croyant en marche vers la mairie de Paris, mais trop
fasciné par la jeune maîtresse de l’artiste. Comme si, tout simplement, hors de
toute barbouzerie, il ne s’était pas agi d’une banale et quelque peu pitoyable
affaire de bien triste mâle (Griveaux) voulant piquer la femme d’un autre
(Pavlenski) avec des arguments de bonobo.
Et c’est ainsi que le
candidat marcheur à la mairie de Paris perdit la tête au point d’expédier via
un réseau dit social, à la femelle convoitée, une exhibition autofilmée de son
intimité en puissance et en acte. Dans l’espoir d’induire chez elle un réciproque
désir de même intensité.
Les esprits simplistes
objecteront que Piotr Pavlenski étant un opposant à Poutine, on ne voit pas
bien comment ce dernier a pu l’instrumentaliser.
La belle affaire, diront
les subtils macroniens : comme si ce n’était pas justement la preuve
macronienne au deuxième degré qu’il est un agent de Poutine !
Tout le bonoboland droit
de l’hommesque, toute la classe politique, toute la classe médiatico-culturelle,
ont donc volé au secours du pauvre Griveaux. Chargeant en même temps le bien
méchant artiste russe de l’acte abominable (et celui-là, pour eux, immoral !) d’avoir balancé des images que
Griveaux n’entendait pas voir surgir hors de la sphère très privée de l‘expression
de son désir.
On croit rêver devant
pareille branquignolade !
Car il faut que ça
débloque tragiquement dans le landernau politico-médiatique pour que l’on y
oublie que c’est d’abord de lui-même que le grivois Griveaux a été victime. Plus
que de la grivellerie de l’artiste moscoutaire motivé par un grand courroux
vengeur contre un prédateur amoureux.
Aussi, pourquoi diable
aller chercher la main de Poutine dans tout cela ? Comme si celle de
Griveaux ne suffisait pas ?
Sauf peut-être à aller
chercher et prouver une histoire de coup de parapluie bulgare aphrodisiaque qui
aurait été asséné au candidat chéri de Macron par un agent de la section rose de la Loubianka…
Encore une fois, je ne
suis ni poutinolâtre ni poutinophile mais pour aller chercher le maître du
Kremlin dans cette affaire de folie grivaldienne, il faut que la macronie parte
vraiment en vrille.
On imagine sans mal les
yeux écarquillés de Poutine devant les images et les commentaires de cette
affaire. Même au KGB, on n’aurait pas imaginé pareille chose !
Griveaux devenant fou de
désir ? Sans doute ! Mais, se demande Poutine, n’est-ce pas Macron
avec son regard d’allumé et sa fascination pour la psychanalyse qui serait lui
aussi atteint de quelque coronavirus psychiatrique ?
Serions-nous si peu à
trouver que ça débloque dur dans le landernau politico-médiatique ? Au
point que l’on y oublie que c’est d’abord de lui-même qu’a été victime le gars
Griveaux !
À moins que tout n’ait
été supérieurement concocté par de grands initiés pour faire tomber l’insupportable
dame Hidalgo et faire élire a sa place la si douce Agnès Buzin à la mairie de
Paris ?