On
peut lire ce jour sur le site de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel), la
rectification suivante sur l’origine de la retraite par répartition. Ce ne fut
pas exactement une réforme de gauche même si le ministre du Travail qui l’a
élaborée, René Belin, avait été un grand dirigeant de la CGT du temps où
celle-ci, avec le Front Populaire, avait été réunifiée après avoir connue la
scission de 1920 entre communistes et socialistes.
Voici
le texte de l’INA :
« La défense du système actuel
de retraite par répartition est au cœur des revendications des syndicats, qui
accusent le gouvernement d’organiser le développement dans le futur d’un
système par capitalisation complémentaire.
La retraite par répartition est souvent
présentée comme étant issue des ordonnances de 1945 prises à la Libération par
le gouvernement du général de Gaulle, d’après le programme du CNR. En réalité,
les prémisses de ce système sont mis en place par le régime de Vichy, en
remplacement d’un financement des pensions jusqu’alors opérées par
capitalisation.
Le 14 mars 1941, alors que
la France est occupée et que le maréchal Pétain a fait le choix de la
collaboration, ce dernier explique dans une allocution radio la mise en place
de ce qu’il présente comme la « retraite des vieux ». Pour alléger les
dures conditions de vie de nombreuses personnes âgées, le gouvernement vichyste
décide en effet de puiser dans les réserves des caisses de retraites des
travailleurs, abondées par la capitalisation antérieure à la guerre : « Pour
ceux qui ne possèdent rien, la modeste pension sera d’un grand soulagement,
pour ceux qui disposent déjà de quelques ressources, elle constituera le
supplément qui les mettra à l’abri de la misère ».
« La démarche de Pétain est
extrêmement habile », contextualise, pour l’Ina, l’historien Michel
Pigenet, professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste
reconnu de l’histoire du travail. « Il reprend à son compte une
revendication de la gauche, thème que l’on retrouvera dans le discours prononcé
le 1er mai 1941, à Saint-Etienne : "Je tiens les promesses, même
celles des autres".» « Il y avait eu une campagne, lancée en 1937, par
le Parti communiste, sur la "retraite des vieux", poursuit
l'historien, mais que la pause des réformes sociales, décidée par le Front
populaire au profit du budget militaire, n’avait permis de déboucher.»
Une réforme que le maréchal
présente sous le signe de la solidarité entre générations : « La
retraite des vieux travailleurs repose sur la solidarité de la nation.
Solidarité des classes, solidarité des âges. Solidarité des classes, puisque
les pensions sont constituées par les versement des assurances sociales, et que
ces versements proviennent à la fois des patrons et des ouvriers. Solidarité
des âges, puisque ce sont les jeunes générations qui cotisent pour les
vieilles ».
Mais cette réforme ne concernera
qu'une partie des retraités, « les assurés sociaux obligatoires de
l'industrie et du commerce », comme l'indique la loi du 14 mars 1941. Le
régime général de retraite « continue de reposer sur la capitalisation
et le restera jusqu'en 1945 », poursuit Michel Pigenet.