Ça aurait pu être une
anti-« révolution culturelle », ce sommet d’horreurs parmi
toutes les horreurs de la révolution communiste en Chine menée par Mao, sans doute
le plus grand massacreur de l’histoire suivi, au nombre des millions de
victimes, par Staline et Hitler. Mao, « ce phare de la pensée universelle »
selon Valéry Giscard d’Estaing…
Un frémissement d’exigence
de liberté parcourait les universités des grandes villes chinoises, et voilà
que ça bougeait aussi dans les usines.
Le 3 juin 1989 à Pékin,
l’immense place Tiananmen se remplissait par centaines de milliers d’une énorme
foule, principalement d’étudiants mais pas seulement.
Que voulaient-ils ?
Plus encore que de meilleures conditions de vie, non pas plus de liberté, car
ils n’en avaient pas, mais tout simplement des libertés, la liberté de penser,
de parler, d’écrire, de lire autre chose que le « petit livre rouge »
de Mao, que les écrits choisis de Marx, d’Engels, de Lénine.
Cependant, dans les pays
de l’Europe sous dictature soviétique où, depuis des années grondaient les
révoltes contre le parti, où la Pologne catholique se libérait, bientôt
tomberait le Mur de Berlin et le communisme avec.
Les étudiants de Tiananmen
ne s’en prenaient pas au parti communiste chinois. En dehors de l’omniprésence
et du conditionnement de ce parti, ils n’avaient reçu aucune éducation ni
points de repères.
Simplement ils
étouffaient.
Alors ils réclamaient à
ses dirigeants de les entendre, de les comprendre. Le grand slogan, unique revendication
des premières semaines de Tiananmen tenait en un seul mot « dialogue ! ».
Du mot « démocratie », dès le berceau, à toute heure, en tous lieux,
le régime maoïste leur en avait farci les oreilles mais avec une précision :
« démocratie populaire », c’est-à-dire démocrate sous la lumière de
la géniale pensée du président Mao et la conduite du parti.
Eux, ils voulaient
simplement ajouter de la liberté à la démocratie.
Danger mortel pour le
parti communiste, selon son « homme fort » Deng Xiaoping. Ce petit
homme diabolique en avait pris les leviers de commande après avoir déjà, en
1986, réprimé férocement une première révolte d’étudiants.
Alors Deng, avec le
soutien unanime, de gré ou de force, de tout le comité central et de l’état-major
de l’armée, mit en œuvre sans faiblir son plan de répression.
On connaît la suite.
Le titre d’un livre de
Soljenitsyne, paru bien plus tard mais écrit en 1959 à Riazan en Russie, évoquant
les soulèvements de prisonniers du goulag quelques années auparavant, le résume :
« Les
tanks connaissent la vérité ».
Par centaines, par
milliers, les étudiants tombèrent sous les balles ou écrasés sous les chenilles
des nombreux chars d’une armée de 200 000 hommes conditionnés pour écraser
sans pitié le mouvement.
Et puis ce furent les
années de répression, et l’interdiction toujours férocement maintenue aujourd’hui
sous la férule de Xi Jinping de toute évocation de la nuit sanglante du 3 au 4
juin 1989 : « Du passé faisons table rase… »
Depuis, la plupart des « maos »
français soixantuitards n’ont manifesté aucune repentance d’avoir œuvré pour
répandre la révolution maoïste.
Comme nous l’avons
rappelé dans nos écrits ou émissions à l’occasion des « cent ans du
communisme », rares en effet sont ceux qui ont regretté et qui, comme l’admirable
Stéphane Courtois ou Alain Finkielkraut, ont œuvré pour réparer leur
collaborationnisme de jeunesse.
Au contraire, la plupart,
comme d’ailleurs presque tous ceux des engeances bolcheviques rivales,
staliniennes ou trotskystes, n’ont cessé de donner des leçons de bonne conduite
morale de la politique, tels les Serge July, Tiennot Grumbach, Roland Castro,
Jean-Paul Ribes, André Glucksman, Bernard Kouchner, Bernard-Henri Lévy, Marin
Karmitz, Jean-Pierre Olivier de Sardan.
Il faut donc d’autant
plus faire mémoire du massacre communiste de la place Tiananmen.
Car depuis, le carcan du
parti communiste sur le peuple chinois n’a jamais été desserré, et notamment
sur les catholiques toujours plus persécutés.
Étrange pape François
qui ne cesse de dire son affection pour ce régime !
Mais il faut aussi, sans
cesse, poser et reposer la question de savoir pourquoi, chez nous, en France,
dans le monde de la culture et dans les medias, et dès l’école, on évoque cent
fois plus l’abomination nazie, certes immense, que toutes celles, encore plus
étendues dans le temps et l’espace par les régimes communistes, maoïstes ou
staliniens ? Et précédées d’ailleurs par celles des Jeunes-Turcs.
Ce qui nous amène à rappeler encore une fois, en conclusion,
que c’est la révolution française qui a été à la fois la matrice idéologique et
le modèle exterminationniste des œuvres génocidaires des Talaat Pacha, des
Lénine, des Staline, des Hitler, des Mao, des Pol Pot.
Khartoum : nouvelle fin d’un « printemps arabe ».
Les chefs de l’armée
soudanaise tenaient sans doute à commémorer à leur manière la façon communiste de
mettre fin à l’épisode de la place Tiananmen.
Au jour « anniversaire »,
si l’on peut dire, le 4 juin, ils ont donc ouvert le feu sur les manifestants
qui, depuis des mois, autour du QG de l’armée, réclamaient un pouvoir civil, la
démocratie et les libertés. Somme toute comme jadis les étudiants chinois…
Le nombre des morts et
des blessés est certes moins important qu’il ne fut à Pékin mais celui des protestations
n’était pas non plus de l’ordre de grandeur de celui de Tiananmen. La population
du Soudan n’est pas comparable à celle de la Chine. L’ordre islamique règne
donc à nouveau à Khartoum. La charia y est à nouveau respectée.
Allah soit loué !