mercredi 5 juin 2019

Il y a trente ans : Tiananmen ou le printemps chinois noyé dans le sang.


Ça aurait pu être une anti-« révolution culturelle », ce sommet d’horreurs parmi toutes les horreurs de la révolution communiste en Chine menée par Mao, sans doute le plus grand massacreur de l’histoire suivi, au nombre des millions de victimes, par Staline et Hitler. Mao, « ce phare de la pensée universelle » selon Valéry Giscard d’Estaing…

Un frémissement d’exigence de liberté parcourait les universités des grandes villes chinoises, et voilà que ça bougeait aussi dans les usines.

Le 3 juin 1989 à Pékin, l’immense place Tiananmen se remplissait par centaines de milliers d’une énorme foule, principalement d’étudiants mais pas seulement. 

Que voulaient-ils ? Plus encore que de meilleures conditions de vie, non pas plus de liberté, car ils n’en avaient pas, mais tout simplement des libertés, la liberté de penser, de parler, d’écrire, de lire autre chose que le « petit livre rouge » de Mao, que les écrits choisis de Marx, d’Engels, de Lénine.

Cependant, dans les pays de l’Europe sous dictature soviétique où, depuis des années grondaient les révoltes contre le parti, où la Pologne catholique se libérait, bientôt tomberait le Mur de Berlin et le communisme avec.

Les étudiants de Tiananmen ne s’en prenaient pas au parti communiste chinois. En dehors de l’omniprésence et du conditionnement de ce parti, ils n’avaient reçu aucune éducation ni points de repères. 

Simplement ils étouffaient.

Alors ils réclamaient à ses dirigeants de les entendre, de les comprendre. Le grand slogan, unique revendication des premières semaines de Tiananmen tenait en un seul mot « dialogue ! ». Du mot « démocratie », dès le berceau, à toute heure, en tous lieux, le régime maoïste leur en avait farci les oreilles mais avec une précision : « démocratie populaire », c’est-à-dire démocrate sous la lumière de la géniale pensée du président Mao et la conduite du parti. 

Eux, ils voulaient simplement ajouter de la liberté à la démocratie.

Danger mortel pour le parti communiste, selon son « homme fort » Deng Xiaoping. Ce petit homme diabolique en avait pris les leviers de commande après avoir déjà, en 1986, réprimé férocement une première révolte d’étudiants.

Alors Deng, avec le soutien unanime, de gré ou de force, de tout le comité central et de l’état-major de l’armée, mit en œuvre sans faiblir son plan de répression. 

On connaît la suite.

Le titre d’un livre de Soljenitsyne, paru bien plus tard mais écrit en 1959 à Riazan en Russie, évoquant les soulèvements de prisonniers du goulag quelques années auparavant, le résume : « Les tanks connaissent la vérité ».

Par centaines, par milliers, les étudiants tombèrent sous les balles ou écrasés sous les chenilles des nombreux chars d’une armée de 200 000 hommes conditionnés pour écraser sans pitié le mouvement.

Et puis ce furent les années de répression, et l’interdiction toujours férocement maintenue aujourd’hui sous la férule de Xi Jinping de toute évocation de la nuit sanglante du 3 au 4 juin 1989 : « Du passé faisons table rase… »

Depuis, la plupart des « maos » français soixantuitards n’ont manifesté aucune repentance d’avoir œuvré pour répandre la révolution maoïste.

Comme nous l’avons rappelé dans nos écrits ou émissions à l’occasion des « cent ans du communisme », rares en effet sont ceux qui ont regretté et qui, comme l’admirable Stéphane Courtois ou Alain Finkielkraut, ont œuvré pour réparer leur collaborationnisme de jeunesse.
Au contraire, la plupart, comme d’ailleurs presque tous ceux des engeances bolcheviques rivales, staliniennes ou trotskystes, n’ont cessé de donner des leçons de bonne conduite morale de la politique, tels les Serge July, Tiennot Grumbach, Roland Castro, Jean-Paul Ribes, André Glucksman, Bernard Kouchner, Bernard-Henri Lévy, Marin Karmitz, Jean-Pierre Olivier de Sardan.

Il faut donc d’autant plus faire mémoire du massacre communiste de la place Tiananmen. 

Car depuis, le carcan du parti communiste sur le peuple chinois n’a jamais été desserré, et notamment sur les catholiques toujours plus persécutés.

Étrange pape François qui ne cesse de dire son affection pour ce régime !

Mais il faut aussi, sans cesse, poser et reposer la question de savoir pourquoi, chez nous, en France, dans le monde de la culture et dans les medias, et dès l’école, on évoque cent fois plus l’abomination nazie, certes immense, que toutes celles, encore plus étendues dans le temps et l’espace par les régimes communistes, maoïstes ou staliniens ? Et précédées d’ailleurs par celles des Jeunes-Turcs.

Ce qui nous amène à rappeler encore une fois, en conclusion, que c’est la révolution française qui a été à la fois la matrice idéologique et le modèle exterminationniste des œuvres génocidaires des Talaat Pacha, des Lénine, des Staline, des Hitler, des Mao, des Pol Pot.



Khartoum : nouvelle fin d’un « printemps arabe ».

Les chefs de l’armée soudanaise tenaient sans doute à commémorer à leur manière la façon communiste de mettre fin à l’épisode de la place Tiananmen.

Au jour « anniversaire », si l’on peut dire, le 4 juin, ils ont donc ouvert le feu sur les manifestants qui, depuis des mois, autour du QG de l’armée, réclamaient un pouvoir civil, la démocratie et les libertés. Somme toute comme jadis les étudiants chinois…

Le nombre des morts et des blessés est certes moins important qu’il ne fut à Pékin mais celui des protestations n’était pas non plus de l’ordre de grandeur  de celui de Tiananmen. La population du Soudan n’est pas comparable à celle de la Chine. L’ordre islamique règne donc à nouveau à Khartoum. La charia y est à nouveau respectée.

Allah soit loué !