jeudi 2 mai 2019

Des gilets jaunes … de toutes couleurs.


Chaque samedi confirme sinon leur diminution en nombre, du moins la dispersion politique des gilets jaunes, plutôt vers la gauche.

Souvenons-nous : lors des premiers défilés hebdomadaires, le ministère de l’Intérieur et les medias attribuaient indifféremment les violences à des gilets jaunes « d’ultra-droite » ou « d’extrême-gauche ». Ce fut notamment le cas dans les commentaires de l’invasion de l’Arc de triomphe.

Peut-être, je ne sais, y avait-il alors présence des militants policièrement identifiés comme d’ultra-droite. Resterait à savoir ce que la police peut bien ranger sous cette appellation ?

À Toulouse, d’emblée, les rassemblements de gilets jaunes ont été pénétrés par toutes les variantes locales des extrémismes de gauche rouges et noirs, trotskystes, anarchistes et autres antifas. Ayant repéré lors d’une des premières manifestations la présence de militants de groupes nationalistes, ils les agressèrent, selon leur coutume, avec la plus grande violence. 

Cela eut pour effet de dissuader ces derniers de revenir par trop visiblement les fois suivantes. 

Hier I° mai, en maints endroits, et d’abord à Paris, on a vu de nombreux porteurs de gilets jaunes défiler parmi les brandisseurs de drapeaux rouges de la CGT. 

-        Il y en a eu, a-t-on dit sur certains medias, à être plutôt en complicité avec les « black blocs ».

Cependant, ce premier mai aussi, le chanteur Francis Lalanne confirmait sa candidature aux élections européennes à la tête d’une liste « Alliance jaune » se voulant « apartisane ».

Nonobstant, c’est sans doute vers le Rassemblement National de Marine Le Pen et de Jordan Bardella que continue à aller la sympathie de la majorité initiale des gilets jaunes. En effet, dans les sondages, les intentions de vote pour leur liste aux « européennes » ne diminue pas du tout mais semble même progresser.

Il est vrai que c’est de la part d’Emmanuel Macron une délicate attention pour Marine Le Pen que d’avoir choisi madame Loiseau comme tête de liste de sa République marcheuse. Une fois encore, épargnons-nous une trop facile ironie.

En conclusion de ces observations, je ne crois pas que le mouvement des gilets jaunes puisse évoluer vers une forme politique originale. Sans doute a-t-il été l’expression d’une exaspération profonde d’une grande masse de Français économiquement relégués et politiquement méprisés.

Il a pu aussi partiellement rappeler la révolte du poujadisme sous la IV° République. Mais le poujadisme fut par essence le mouvement d’un personnage rassembleur sur sa personne et sur la défense de valeurs patriotiques et sociales clairement affirmées. C’était, mais ce n’était pas qu’une révolte contre le fiscalisme. Pour faire bref, rappelons que le petit commerçant de Saint-Céré, Pierre Poujade, avait été un combattant courageux lors de la guerre et qu’il était somme toute un gaulliste défenseur des valeurs du Travail, de la Famille et de la Patrie.

Ces valeurs étaient partagées jusqu’à la guerre par l’ensemble des Français, comme le rappelait notre regretté ami, l’historien et politologue François-Georges Dreyfus, dans ses deux ouvrages : « Histoire de Vichy » et « Histoire de la résistance ».

La subversive déconstruction sociétale continument perpétrée depuis mai 68 n’a sans doute pas épargné les milieux des gilets jaunes. Outre le fait qu’il n’a pas fait surgir une personnalité analogue à celle de Pierre Poujade, il est évident que sa cohésion politique et sociale est bien plus improbable que celle du poujadisme, faute de cohésion morale.

Aujourd’hui, à la différence de certains analystes, je ne crois pas que les notions de droite et de gauche soient obsolètes. Je crois au contraire comme l’excellent professeur et écrivain Jean-Louis Harouël qu’elles se perpétuent et se perpétueront. 

Or les gilets jaunes sont en fait par trop traversés par ce clivage fondamental pour que leur mouvement débouche sur une unité durable. Il n’empêche, il aura été bien utile pour ébranler le nocif régime macronien.