· D’Alger à Khartoum
Est-ce le modèle algérien
qui a poussé les foules soudanaises à manifester à Khartoum pour exiger que
dégage leur dictateur Omar el Bechir ?
Mais dans ce pays, qui a
plus d’un trait commun avec l’Algérie, les choses sont allées plus vite. L’armée,
sans atermoiements, a pris acte de la revendication populaire. Elle a
emprisonné Omar et s’est aussitôt emparée du pouvoir, invitant les civils à
rentrer chez eux sur la promesse que des élections seraient organisées dans
deux ans.
D’ici là, beaucoup d’eau
aura coulé dans le Nil. Et quoi qu’il en soit, la charia, férocement en vigueur
au Soudan comme en bien d’autres pays de l’oumma, ne prévoit pas l’obligation de
la démocratie…
Pour ce qu’il en est à
Alger du remplacement de Bouteflika jusqu’ici mieux traité qu’Omar el Bechir et
simplement admis à faire valoir ses droits à la retraite, on ne sait pas encore
ce qu’il va en advenir tant les rivalités des clans au sein du FLN, des services
secrets et de l’armée sont âpres. On m’assure également que les exigences
démocratiques des Algériens, malgré tout influencés par le modèle français, sont
fortes et qu’ils ne se laisseront pas voler leur victoire par l’armée. Et notre
cher ami Mohamed Christophe Bilek estime aussi que les islamo-jihâdistes sont
massivement rejetés après les horreurs de la guerre civile des années 1990.
Selon lui, s’ils ont
hélas conservé de la capacité de nuisance terroriste, ils ne sont plus aujourd’hui
à même de prendre le pouvoir. Espérons-le. Quoi qu’il en soit, je suis pour ma
part sceptique quant à une évolution non dictatoriale de la situation.
· De Bibi à Modi
Nos medias ont
naturellement consacré une large place aux élections en Israël, non pas
seulement en raison de l’intérêt pour cet événement de nos compatriotes juifs
mais surtout pour l’importance religieuse, culturelle, politique et
géopolitique de cet État.
Comme je l’aurais parié,
ces élections ont été un grand succès pour l’habile et puissant premier ministre
Benyamin Netanyahou, communément appelé « Bibi », qui va battre Ben
Gourion en longévité au pouvoir.
Bibi était, dit-on,
menacé par le fait de traîner quelques « casseroles » en raison de
ses goûts pour nos champagnes et pour les meilleurs cigares de Cuba, ce qui n’est
pas un défaut et que l’on peut comprendre, mais dont on lui en aurait par trop
fourni sous la forme de cadeaux excessifs que réprouve la vertu démocratique et
judiciaire israélienne.
Mais Bibi n’a pas été
électoralement sanctionné pour ses goûts churchilliens et son acceptation des « petits
cadeaux ». Il est vrai qu’il a surtout su mettre à la fois dans son jeu et
Donald Trump, inconditionnel d’Israël, et Vladimir Poutine, certes protecteur
de Bachar el Assad, l’ennemi juré d’Israël, mais veillant simultanément à ne rien faire
qui puisse susciter l’ire de l’État hébreu. Il est aussi l’ami de Viktor Orban,
de Matteo Salvini et de Jair Bolsonaro.
Ajoutons à ces
considérations que très majoritairement l’électeur israélien a considéré qu’il avait
le choix entre deux composantes de ce que l’on positionnerait chez nous à l’extrême-droite.
Le chef soi-disant centriste de la coalition « Bleu et blanc », le
général Benny Gantz, n’étant pas moins nationaliste et partisan de la force
face aux Palestiniens que le populiste Bibi. Au résultat des courses : une
gauche véritable, arabe ou juive, ne récoltant que 20 élus sur les 120 sièges
et les deux droites réelles de Gantz et de Bibi, les 100 autres sièges.
Les grandes consciences
de gauche de l’intellocratie juive en France, toujours à la pointe de l’antiracisme
idéologique, avec l’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF) ou encore la
LICRA n’ont guère commenté ces résultats…
À peine tombés les
résultats électoraux en Israël, cet État si peu important en superficie et en
population, que débutent pour cinq semaines les élections en Inde, pays environ
70 fois plus étendu et 200 fois plus peuplé. L’actuel premier ministre,
Narendra Modi est le chef du BJP, la droite fondamentaliste hindoue, xénophobe
et aussi férocement antimusulmane qu’antichrétienne.
Les tueurs de ses
franges terroristes répondent par des violences semblables aux terroristes musulmans
mais s’en prennent aussi trop souvent avec la même sauvagerie d’incendies, d’enlèvements,
de viols et de meurtres à la petite minorité chrétienne qu’ils haïssent pour
ses institutions caritatives et hospitalières.
Ainsi les deux plus
grands États du monde, par la population (3 milliards d’habitants à eux deux sur
les 7 que compte la planète !), la Chine et l’Inde, puissances économiques
et militaires rivales sinon ennemies, ont-elles au moins en commun la même
hostilité étatique au christianisme.
Veni, vidi, vici ?
Ainsi pourrait s’exprimer
aujourd’hui le fringant imperator Macron en paraphrasant Jules César à une
lettre près : « veni, vidi, Vinci ! »
Sa majorité a en effet
voté hier au soir en faveur de la vente d’Aéroports de Paris à l’entreprise
Vinci. Mesure nullement justifiée économiquement puisque l’Aéroport de Paris
rapporte à l’État et que l’on sait l’habituelle gloutonnerie financière de Vinci
pour les usagers des autres entreprises dont il a acquis la propriété.
· De Benoît XVI à… Benoît XVI.
J’ai lu bien sûr avec
beaucoup d’attention le texte important sur les problèmes dits de « pédophilie »
et « d’homosexualité » dans l’Église de Benoît XVI traduit en
français par Jeanne Smits et brièvement mais excellemment commenté par Yves
Daoudal (voir leurs blogs). Ce dernier constate que le pape émérite écrit d’une
façon tellement opposée à celle de François que sa dernière phrase de remerciement
à ce dernier est à prendre « au mieux au second degré ».
Quant à moi, je me
demande toujours plus pourquoi diable, Benoît XVI a démissionné ? Car d’évidence,
six ans après, il n’a rien perdu de sa vigueur intellectuelle.