vendredi 12 avril 2019

Revue d’actualité


·       D’Alger à Khartoum

Est-ce le modèle algérien qui a poussé les foules soudanaises à manifester à Khartoum pour exiger que dégage leur dictateur Omar el Bechir ?

Mais dans ce pays, qui a plus d’un trait commun avec l’Algérie, les choses sont allées plus vite. L’armée, sans atermoiements, a pris acte de la revendication populaire. Elle a emprisonné Omar et s’est aussitôt emparée du pouvoir, invitant les civils à rentrer chez eux sur la promesse que des élections seraient organisées dans deux ans. 

D’ici là, beaucoup d’eau aura coulé dans le Nil. Et quoi qu’il en soit, la charia, férocement en vigueur au Soudan comme en bien d’autres pays de l’oumma, ne prévoit pas l’obligation de la démocratie…

Pour ce qu’il en est à Alger du remplacement de Bouteflika jusqu’ici mieux traité qu’Omar el Bechir et simplement admis à faire valoir ses droits à la retraite, on ne sait pas encore ce qu’il va en advenir tant les rivalités des clans au sein du FLN, des services secrets et de l’armée sont âpres. On m’assure également que les exigences démocratiques des Algériens, malgré tout influencés par le modèle français, sont fortes et qu’ils ne se laisseront pas voler leur victoire par l’armée. Et notre cher ami Mohamed Christophe Bilek estime aussi que les islamo-jihâdistes sont massivement rejetés après les horreurs de la guerre civile des années 1990. 

Selon lui, s’ils ont hélas conservé de la capacité de nuisance terroriste, ils ne sont plus aujourd’hui à même de prendre le pouvoir. Espérons-le. Quoi qu’il en soit, je suis pour ma part sceptique quant à une évolution non dictatoriale de la situation.


·       De Bibi à Modi

Nos medias ont naturellement consacré une large place aux élections en Israël, non pas seulement en raison de l’intérêt pour cet événement de nos compatriotes juifs mais surtout pour l’importance religieuse, culturelle, politique et géopolitique de cet État.

Comme je l’aurais parié, ces élections ont été un grand succès pour l’habile et puissant premier ministre Benyamin Netanyahou, communément appelé « Bibi », qui va battre Ben Gourion en longévité au pouvoir.

Bibi était, dit-on, menacé par le fait de traîner quelques « casseroles » en raison de ses goûts pour nos champagnes et pour les meilleurs cigares de Cuba, ce qui n’est pas un défaut et que l’on peut comprendre, mais dont on lui en aurait par trop fourni sous la forme de cadeaux excessifs que réprouve la vertu démocratique et judiciaire israélienne.

Mais Bibi n’a pas été électoralement sanctionné pour ses goûts churchilliens et son acceptation des « petits cadeaux ». Il est vrai qu’il a surtout su mettre à la fois dans son jeu et Donald Trump, inconditionnel d’Israël, et Vladimir Poutine, certes protecteur de Bachar el Assad, l’ennemi juré d’Israël,  mais veillant simultanément à ne rien faire qui puisse susciter l’ire de l’État hébreu. Il est aussi l’ami de Viktor Orban, de Matteo Salvini et de Jair Bolsonaro.

Ajoutons à ces considérations que très majoritairement l’électeur israélien a considéré qu’il avait le choix entre deux composantes de ce que l’on positionnerait chez nous à l’extrême-droite. Le chef soi-disant centriste de la coalition « Bleu et blanc », le général Benny Gantz, n’étant pas moins nationaliste et partisan de la force face aux Palestiniens que le populiste Bibi. Au résultat des courses : une gauche véritable, arabe ou juive, ne récoltant que 20 élus sur les 120 sièges et les deux droites réelles de Gantz et de Bibi, les 100 autres sièges.

Les grandes consciences de gauche de l’intellocratie juive en France, toujours à la pointe de l’antiracisme idéologique, avec l’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF) ou encore la LICRA  n’ont guère commenté ces résultats…

À peine tombés les résultats électoraux en Israël, cet État si peu important en superficie et en population, que débutent pour cinq semaines les élections en Inde, pays environ 70 fois plus étendu et 200 fois plus peuplé. L’actuel premier ministre, Narendra Modi est le chef du BJP, la droite fondamentaliste hindoue, xénophobe et aussi férocement antimusulmane qu’antichrétienne.  

Les tueurs de ses franges terroristes répondent par des violences semblables aux terroristes musulmans mais s’en prennent aussi trop souvent avec la même sauvagerie d’incendies, d’enlèvements, de viols et de meurtres à la petite minorité chrétienne qu’ils haïssent pour ses institutions caritatives et hospitalières.

Ainsi les deux plus grands États du monde, par la population (3 milliards d’habitants à eux deux sur les 7 que compte la planète !), la Chine et l’Inde, puissances économiques et militaires rivales sinon ennemies, ont-elles au moins en commun la même hostilité étatique au christianisme.

Veni, vidi, vici ?

Ainsi pourrait s’exprimer aujourd’hui le fringant imperator Macron en paraphrasant Jules César à une lettre près : « veni, vidi, Vinci ! »

Sa majorité a en effet voté hier au soir en faveur de la vente d’Aéroports de Paris à l’entreprise Vinci. Mesure nullement justifiée économiquement puisque l’Aéroport de Paris rapporte à l’État et que l’on sait l’habituelle gloutonnerie financière de Vinci pour les usagers des autres entreprises dont il a acquis la propriété. 

·       De Benoît XVI à… Benoît XVI.

J’ai lu bien sûr avec beaucoup d’attention le texte important sur les problèmes dits de « pédophilie » et « d’homosexualité » dans l’Église de Benoît XVI traduit en français par Jeanne Smits et brièvement mais excellemment commenté par Yves Daoudal (voir leurs blogs). Ce dernier constate que le pape émérite écrit d’une façon tellement opposée à celle de François que sa dernière phrase de remerciement à ce dernier est à prendre « au mieux au second degré ». 

Quant à moi, je me demande toujours plus pourquoi diable, Benoît XVI a démissionné ? Car d’évidence, six ans après, il n’a rien perdu de sa vigueur intellectuelle.