Non,
je n’ai pas écouté jusqu’à la fin la conférence de presse de mercredi dernier
du chef de l’État. Sachant bien que si par hasard il allait annoncer quelque
chose de vraiment très important pour la France, je l’apprendrais vite par
quelque bulletin d’information suivant. Ayant attendu en vain pendant quelques
minutes ce qu’il entendait exactement par « l’art
d’être français », c’est alors que j’ai préféré retrouver le silence
de ma bibliothèque.
C’est
donc ce personnage qui, à Lyon, affirmait le 6 février 2017 : « Il n’y a pas de culture française. Il
y a une culture en France. Elle est diverse », évoquait maintenant « l’art d’être français »,
notion pour le moins beaucoup plus floue et totalement contradictoire avec son
déni d’existence de la culture française. Car enfin, qu’est-ce qui nous fait
fondamentalement français, après la naissance, sinon la culture française ?
Mais la naissance est avant tout un fait, une donnée de nature plus qu’un art,
sinon celui, certes très important pour la mère de mettre au monde ou pour l’accoucheur
d’aider à mettre au monde. Mais si être français c’est un art, n’est-ce pas l’art
d’être plus ou moins porteur de notre culture ? De notre langue française
d’abord et d’une part de son immense patrimoine, spirituel, littéraire, philosophique,
historique et d’expression française de toutes les sciences humaines ?
Peut-être
peut-on distinguer des manières d’être et de vivre plus ou moins spécifiquement
françaises, des façons de penser et de parler, d’écrire, de chanter, de parler
d’amour et de manier l’humour, et même de boire et de manger et de nous
habiller ? Mais si tout cela, ce n’est pas le fait de notre
culture française, qu’est-ce ? Cette culture dont Macron a osé affirmer, impérissable
bourde, qu’elle n’existe pas !
Culture
ô combien héritière, certes, de tout l’immense patrimoine des civilisations préexistantes
et de leurs cultures demeurant, jusqu’à nos jours, universelles. Paris héritant
d’Athènes, de Rome, de Jérusalem. Ce qui n’empêche nullement la culture
française d’englober aussi sans les broyer nos cultures particulières
provinciales, avec leurs langues séculaires : basque, alsacienne,
bretonne, provençale, corse, catalane…
Monsieur
Macron, toujours pressé, n’a sans doute jamais su prendre le temps qu’il
fallait pour méditer ces choses. Il a cité à l’occasion notre chère Simone
Weil. Il n’en a manifestement pas beaucoup lu les œuvres telles que « L’enracinement » ou encore « Les intuitions préchrétiennes »
ni « La condition ouvrière ».
Peut-être
s’est-il aperçu qu’il avait commis une énorme bévue en niant l’existence de la
culture française et a-t-il alors voulu rattraper cela avec sa trouvaille de « l’art d’être français » ?
Mais ça aussi, si vite, sans bien réfléchir qu’il n’y a pas d’art d’être
français hors de la culture française. Pas plus que d’art d’être chinois sans
culture chinoise.
Ce
que l’on peut encore lui redire c’est que se faire photographier avec Brigitte
en compagnie de rappeurs vêtus de tee-shirt avec l’inscription « noir et
pédé », ça ne relève ni de l’art d’être français, ni de la culture
française. Le grand écrivain mulâtre Alexandre Dumas n’aurait eu que sarcasme
face à pareille exhibition. Et qu’en aurait pensé l’admirable homme d’État, en France,
puis au Sénégal, de culture française, l’africain Léopold Sedar Senghor. De l’Académie
Française !
Que
dire encore de ses propositions sur l’immigration ? Indigentes ! Car
comment vouloir considérer cette réalité, la plus grave avec notre effondrement
démographique, sans évoquer une seule fois que l’énorme défi à relever, c’est
celui de l’expansion en France, comme dans tant de pays, des communautés de l’islam
aux franges desquelles ne manquent jamais de se développer les gangrènes
islamistes.