On
ne peut que se réjouir de ce que hier, 29 avril, 1170 conservateurs du patrimoine
et architectes des Bâtiments de France, et aussi professeur d’histoire de l’art
de plusieurs pays, aient écrit au Président de la République pour l’adjurer de
ne pas dessaisir les experts du patrimoine pour l’œuvre de restauration de
Notre-Dame de Paris. Cette restauration, pour eux, ne saurait en effet se faire
dans une précipitation, disons à motivation olympique et dans la recherche d’un
« affichage d’efficacité » qui ne respecterait pas la déontologie d’une
législation protectrice mûrement élaborée depuis plus de deux siècles et demi.
Certes,
pour le moment, les entreprises spécialisées dans les monuments historiques
expriment qu’il faut aller vite pour consolider la cathédrale avant de pouvoir
entamer les travaux, qu’il s’agisse de reconstruction ou de restauration. Mais c’est
sur la conformité de ces travaux à la nature même de sa vocation de cathédrale
catholique, vocation originelle, séculaire, et toujours actuelle qu’il faut
être très vigilant. Car il ne faudrait pas que sous prétexte de ce qu’elle est
un monument de la culture « universelle » soit commise sous le
couvert du rôle de l’État, l’entourloupe d’une progressive
laïcisation-désaffectation de sa sacralité sur le modèle de l’église
Sainte-Geneviève transformée en Panthéon des gloires (pas toujours si
glorieuses) de la République.
Notre-Dame
de Paris est certes universelle. Mais catholique signifie « universel ».
Et c’est dans le respect de sa totale catholicité que la cathédrale de Paris
dédiée à Notre-Dame, c’est-à-dire à la Vierge Marie (certains ne le savent pas !)
doit continuer à rayonner.
En
maints articles s’exprime la réflexion que Notre-Dame n’appartient pas
seulement aux catholiques. Bien sûr en ce sens que sa contemplation ne saurait
être réservée aux seuls catholiques. Notre-Dame ce n’est pas comme la grande mosquée
de La Mecque ! D’abord, elle rayonne pour les centaines de millions de
catholiques et plus largement de chrétiens dans le monde. Et s’il est certes heureux
qu’elle soit admirée par ses millions de visiteurs non catholiques, n’est-elle
pas d’abord toujours, dans son essence, spirituellement, religieusement, culturellement
catholique ?
Allant
quelquefois à la messe à Notre-Dame lors de quelque dimanche à Paris, ce n’est
pas sans émotion que j’y observe les visiteurs très respectueux, issus de tant de
peuples aux yeux souvent à la fois emplis d’admiration, et je le crois, d’interrogation
spirituelle. Car Notre-Dame n’est pas un musée ! Elle est comme toutes les
cathédrales, aussi comme toutes les plus humbles églises de la chrétienté, d’abord
érigée par et pour la foi catholique, les prières, les sacrements catholiques.
Mais aussi pour l’accueil de tous ceux, catholiques ou non, qui admireront sa
beauté, splendeur du vrai.