lundi 4 mars 2019

Bouteflika : la vertu de l’immuable dans l’ordre politique !


Et si le principal avantage dans la présidence de Bouteflika était à l’opposé de tout ce que l’on dit et écrit ?
 
Moi-même, je me suis quelquefois gaussé, à tort, de cette momie comme aucune autre, peut-être pas encore assez entortillée et embaumée, capable en effet quelquefois de battre paupière sur un œil fixe ou même de crachoter, preuve d’une vie résiduelle. 

Or, y a-t-il de meilleurs ordres politiques que ceux qui s’ordonnent autour de pérennes, d’immuables personnages, inexpugnables sinon du fait de leur immobilité, du moins de leur incarnation du non-changement ?

Ainsi y eut-il, des siècles durant, des empereurs de Chine ou du Japon inaccessibles au commun des mortels dans leurs cités interdites, véritablement divinisés.

Songez aussi que ce qui demeure encore de principe d’unité à tous les pays du Commonwealth, c’est la Reine. La Reine qui règne d’autant plus qu’elle ne gouverne pas du tout. La reine vénérée mais qui ne s’aviserait pas d’émettre des idées, ou pire, des opinions voire des solutions. Par exemple, quel règne superbe que celui d’Elisabeth II ayant appris d’abord à chevaucher et à parler équitation ; à promener ses chiens admirables d’aristocratique laideur canine ; à ne tenir que propos délibérément anodins ; à causer météorologie et jardinage. Ce d’ailleurs, comme en Chine ou au Japon, grâce au séculaire apprentissage, à l’opposé de tous les excès, de l’art consommé de « prendre le thé ». 

Songez encore au rôle de la momie de Lénine en son mausolée de la Place Rouge, sans cesse resiliconée et embaumée. Pas plus que Staline et ses successeurs, Poutine n’en méconnaît l’importance : là est le socle inchangeable, le lieu de la sacralisation du pouvoir soviétique et encore un peu du pouvoir russe. 

Et, à l’évidence, même Macron dans sa fantasmagorie pharaonique a bien réfléchi à cela. Dès le premier jour de ce qu’il rêvait être un règne : cours du Louvre, sous la pyramide.   
  
Les généraux de l’ALN algérienne qui ne sont probablement que des humanistes très modérés, ont néanmoins, d’instinct sans doute, compris cette loi de l’histoire. Alors autant qu’ils le pouvaient, autant qu’ils le peuvent encore, ils tiennent à conserver la plus intacte possible le plus longtemps possible la momie Bouteflika. Car, désormais, pour les plus gradés et les plus ambitieux, le moment est venu non seulement d’être « calife à la place du calife » mais de se garder de tout autre calife possible. 

Rappelons simplement ici que « calife » est la francisation du mot arabe (kalifa) signifiant successeur et que sur les cinq premiers califes après Mahomet, quatre furent assassinés, système modèle dès lors d’une pratique que la tradition ottomane fondatrice de la coutume algérienne n’a pas abolie.

Que va-t-il maintenant se passer ?...

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