Je me réjouis notamment
de l’élection de mes amis Samy Gemayel et Nadim Gemayel. Je ne renie pas mon
affection pour Sethrida et Samir Geagea, dont je
comprends que mes amis libanais aient pu désapprouver certaines positions de
compromis avec le gouvernement Aoun-Hariri. Cela dit, je me réjouis de la forte progression des Forces Libanaises dans les sièges réservés aux composantes chrétiennes.
Je le redis, il était
difficile pour des non Libanais de saisir l’enjeu de ces élections. En aucun
cas, il ne s’est agi de compétition électorale entre musulmans et chrétiens.
En effet, l’appartenance
religieuse de tout citoyen libanais est mentionnée sur sa carte d’identité. Analogiquement,
la loi électorale, âprement négociée, prévoit les nombres de sièges dont
disposeront les différentes communautés sur la base d’une moitié pour les chrétiens
et d’une moitié pour les musulmans. Et d’une répartition ensuite selon les
poids respectifs des différentes entités.
Ainsi, chez les
chrétiens, 34 sièges pour les maronites ; 14 pour les « grecs
catholiques » (Il ne s’agit pas de citoyens grecs ! Mais de libanais de
rite orthodoxe ou de rite melkite) ; 5 pour les Arméniens orthodoxes ;
1 pour les Arméniens catholiques ; 1 encore pour les Protestants et 1
encore pour les autres chrétiens.
Idem chez les musulmans (ou apparentés) :
27 sièges pour les sunnites, 27 pour les chiites, 8 pour les druzes, 2 pour les
Alaouites.
Selon les
circonscriptions (une ou plusieurs cazas), l’électeur choisissait donc dans des
listes de candidats de même identité religieuse mais pouvant être de différents
partis. D’où un scrutin certes proportionnel mais d’une proportionnalité n’affectant
nullement l’appartenance religieuse. Ainsi, lorsque l’on apprend que le
Hezbollah a progressé, cela ne signifie pas qu’il a pris des sièges chrétiens
mais qu’il a balayé les autres listes chiites.
Chez les chrétiens, on a
vu outre des listes entièrement FL ou aounistes, maintes combinaisons
inter-partisanes et même, en certains lieux, entre aounistes et opposants. Mais
ce, toujours pour des listes de conquêtes des sièges attribués aux communautés
respectives.
Pour une fois, je serai
donc indulgent avec les commentateurs même s’ils déforment la réalité, car
celle-ci, comme vous pouvez le constater, n’est pas aisée à appréhender.
Ajoutons d’ailleurs
encore que le libanais ne vote pas forcément là où il réside mais, par
correspondance ou non, là où il est né !
Ainsi, je persiste et je
signe : le système démocratique libanais est peut-être le plus surréaliste
qui soit. Cela n’empêche pas, par le jeu ensuite des inféodations, soumissions
et connivences, la domination de la force géopolitiquement prépondérante.
Et c’est ainsi,
redisons-le, que ce n’est pas tant électoralement que le Hezbollah l’a
directement emporté hier en s’imposant sur l’ensemble chiite mais en
constituant avec le général Aoun et les élus aounistes la majorité dont l’Iran
(alliée de la Russie et de la Syrie) a besoin pour dominer le Liban.