lundi 7 mai 2018

Élections libanaises



Je me réjouis notamment de l’élection de mes amis Samy Gemayel et Nadim Gemayel. Je ne renie pas mon affection pour Sethrida et Samir Geagea, dont je comprends que mes amis libanais aient pu désapprouver certaines positions de compromis avec le gouvernement Aoun-Hariri. Cela dit, je me réjouis de la forte progression des Forces Libanaises dans les sièges réservés aux composantes chrétiennes.

Je le redis, il était difficile pour des non Libanais de saisir l’enjeu de ces élections. En aucun cas, il ne s’est agi de compétition électorale entre musulmans et chrétiens.

En effet, l’appartenance religieuse de tout citoyen libanais est mentionnée sur sa carte d’identité. Analogiquement, la loi électorale, âprement négociée, prévoit les nombres de sièges dont disposeront les différentes communautés sur la base d’une moitié pour les chrétiens et d’une moitié pour les musulmans. Et d’une répartition ensuite selon les poids respectifs des différentes entités. 

Ainsi, chez les chrétiens, 34 sièges pour les maronites ; 14 pour les « grecs catholiques » (Il ne s’agit pas de citoyens grecs ! Mais de libanais de rite orthodoxe ou de rite melkite) ; 5 pour les Arméniens orthodoxes ; 1 pour les Arméniens catholiques ; 1 encore pour les Protestants et 1 encore pour les autres chrétiens.

 Idem chez les musulmans (ou apparentés) : 27 sièges pour les sunnites, 27 pour les chiites, 8 pour les druzes, 2 pour les Alaouites.

Selon les circonscriptions (une ou plusieurs cazas), l’électeur choisissait donc dans des listes de candidats de même identité religieuse mais pouvant être de différents partis. D’où un scrutin certes proportionnel mais d’une proportionnalité n’affectant nullement l’appartenance religieuse. Ainsi, lorsque l’on apprend que le Hezbollah a progressé, cela ne signifie pas qu’il a pris des sièges chrétiens mais qu’il a balayé les autres listes chiites.

Chez les chrétiens, on a vu outre des listes entièrement FL ou aounistes, maintes combinaisons inter-partisanes et même, en certains lieux, entre aounistes et opposants. Mais ce, toujours pour des listes de conquêtes des sièges attribués aux communautés respectives. 

Pour une fois, je serai donc indulgent avec les commentateurs même s’ils déforment la réalité, car celle-ci, comme vous pouvez le constater, n’est pas aisée à appréhender.

Ajoutons d’ailleurs encore que le libanais ne vote pas forcément là où il réside mais, par correspondance ou non, là où il est né ! 

Ainsi, je persiste et je signe : le système démocratique libanais est peut-être le plus surréaliste qui soit. Cela n’empêche pas, par le jeu ensuite des inféodations, soumissions et connivences, la domination de la force géopolitiquement prépondérante. 

Et c’est ainsi, redisons-le, que ce n’est pas tant électoralement que le Hezbollah l’a directement emporté hier en s’imposant sur l’ensemble chiite mais en constituant avec le général Aoun et les élus aounistes la majorité dont l’Iran (alliée de la Russie et de la Syrie) a besoin pour dominer le Liban.