Bernard
Shaw évoquait la saleté du Gange telle que, selon lui, « aucun microbe
digne de ce nom n’accepte d’y séjourner ».
Mais pour
qu’Emmanuel Macron puisse y naviguer agréablement avec lui, afin d’admirer les
beautés des rives de Bénarès, nettoyées pour l’occasion, Narendra Modi, le
premier ministre (toujours de Sa Majesté britannique) bien que fanatiquement hindouiste
a même fait chasser les vaches pourtant sacrées et les mendiants qui ne le sont
pas.
Macron n’a
pas eu ainsi à tapoter dangereusement les culs de ces ruminants qui, bien que
provenant de quelque réincarnation heureuse dans le parcours d’un bon karma, n’en
sont pas moins beaucoup plus dangereux par les aspérités de leurs os saillants
que nos tendres limousines ou charolaises bien nourries.
Notre président
de la République, si attentif à ne livrer chez nous aucun signe de religiosité
chrétienne attentatoire à la laïcité, a eu, en revanche, manifestement quelque
plaisir à multiplier ostentatoirement les gestes de la liturgie hindouiste.
Mais peut-être
pas si mal conseillé, il a eu aussi à cœur
de ne pas oublier d’honorer l’islam indien en allant visiter le Taj Mahal avec
sa bien-aimée Brigitte, sans doute dans
la mémoire du grand prince mahométan et surtout magnificent qui offrit ce blanc
monument à celle, qu’entre mille autres, il avait aimée le plus.
Ces gestes
aident peut-être certains à comprendre qu’il ait affirmé vouloir « avec l’Inde
travailler sur un imaginaire commun ». On peut se demander ce qu’il entend
par « imaginaire ». De l’utopie, du rêve, du roman ? Tels qu’il
en fleurissait jadis lorsque nous, Français, étions là-bas avant de ne conserver
encore pour un temps que les noms superbes chantant à notre imagination de nos
cinq derniers comptoirs : Chandernagor, Karikal, Mahé, Yanaon et pour moi,
par-dessus tout, Pondichéry.
Que Macron
n’ait pas voulu évoquer le passé français de l’Inde, on le comprend certes sachant
les susceptibilités nationalistes de Narendra Modi.
Mais,
attentif à manifester sa considération pour les musulmans, n’aurait-il pas pu
dire quelques mots, ne serait-ce que sous l’angle d’un discours humanitaire,
des œuvres caritatives chrétiennes en Inde comme celle de Mère Térésa ?
Mais manifestement
l’évocation de cette dernière ne semble pas devoir entrer dans la perspective
de « l’imaginaire » que Macron a peut-être vu avec Narendra Modi miroiter
sur les eaux du Gange.
Je ne
parlerai pas ce jour des autres événements dans le monde. Je reviendrai
ultérieurement sur l’importance aussi de l’imaginaire dans la politique chinoise
où Xi Jinping ne se modèle pas seulement sur Mao mais de plus en plus aussi, je
crois, sur l’empereur Tsin Che Xouang Ti.
Certes en
chine communiste on chante plus que jamais l’Internationale mais ce n’est pas
toujours du même passé que l’on fait table rase.
Et pour
ce qui est de la vie politique de notre pays, je n’ai vraiment rien noté ce
dernier ouikinde qui relevât de l’imagination créatrice chère à Bergson.