lundi 12 mars 2018

Croisière sur le Gange.



Bernard Shaw évoquait la saleté du Gange telle que, selon lui, « aucun microbe digne de ce nom n’accepte d’y séjourner ».
 
Mais pour qu’Emmanuel Macron puisse y naviguer agréablement avec lui, afin d’admirer les beautés des rives de Bénarès, nettoyées pour l’occasion, Narendra Modi, le premier ministre (toujours de Sa Majesté britannique) bien que fanatiquement hindouiste a même fait chasser les vaches pourtant sacrées et les mendiants qui ne le sont pas.

Macron n’a pas eu ainsi à tapoter dangereusement les culs de ces ruminants qui, bien que provenant de quelque réincarnation heureuse dans le parcours d’un bon karma, n’en sont pas moins beaucoup plus dangereux par les aspérités de leurs os saillants que nos tendres limousines ou charolaises bien nourries.

Notre président de la République, si attentif à ne livrer chez nous aucun signe de religiosité chrétienne attentatoire à la laïcité, a eu, en revanche, manifestement quelque plaisir à multiplier ostentatoirement les gestes de la liturgie hindouiste. 

Mais peut-être pas si mal conseillé, il  a eu aussi à cœur de ne pas oublier d’honorer l’islam indien en allant visiter le Taj Mahal avec sa bien-aimée Brigitte, sans doute  dans la mémoire du grand prince mahométan et surtout magnificent qui offrit ce blanc monument à celle, qu’entre mille autres, il avait aimée le plus. 

Ces gestes aident peut-être certains à comprendre qu’il ait affirmé vouloir « avec l’Inde travailler sur un imaginaire commun ». On peut se demander ce qu’il entend par « imaginaire ». De l’utopie, du rêve, du roman ? Tels qu’il en fleurissait jadis lorsque nous, Français, étions là-bas avant de ne conserver encore pour un temps que les noms superbes chantant à notre imagination de nos cinq derniers comptoirs : Chandernagor, Karikal, Mahé, Yanaon et pour moi, par-dessus tout, Pondichéry.   

Que Macron n’ait pas voulu évoquer le passé français de l’Inde, on le comprend certes sachant les susceptibilités nationalistes de Narendra Modi.

Mais, attentif à manifester sa considération pour les musulmans, n’aurait-il pas pu dire quelques mots, ne serait-ce que sous l’angle d’un discours humanitaire, des œuvres caritatives chrétiennes en Inde comme celle de Mère Térésa ?

Mais manifestement l’évocation de cette dernière ne semble pas devoir entrer dans la perspective de « l’imaginaire » que Macron a peut-être vu avec Narendra Modi miroiter sur les eaux du Gange.

Je ne parlerai pas ce jour des autres événements dans le monde. Je reviendrai ultérieurement sur l’importance aussi de l’imaginaire dans la politique chinoise où Xi Jinping ne se modèle pas seulement sur Mao mais de plus en plus aussi, je crois, sur l’empereur Tsin Che Xouang Ti.

Certes en chine communiste on chante plus que jamais l’Internationale mais ce n’est pas toujours du même passé que l’on fait table rase.

Et pour ce qui est de la vie politique de notre pays, je n’ai vraiment rien noté ce dernier ouikinde qui relevât de l’imagination créatrice chère à Bergson.