Dans la page Opinions du
Figaro d’hier, un article intéressant de Luc Ferry titré « penser enfin
Mai 68 ».
Ferry narre son récent
dîner « avec un vieil ami qui fut l’un
des leaders trotskistes de Mai 68 », ajoutant : « une époque où j’étais moi, déjà, tout
bêtement gaulliste ».
Il écrit avoir dit à son
vieil ami « qu’il serait quand même
temps de reconnaître que lui et ses « camarades » ont en réalité
soutenu des idéologies totalitaires et des tyrans sanguinaires, Trotski,
Lénine, Mao, Guevara ou Castro ».
Il est bien que Ferry
ait rappelé cela à son vieil ami « trotskard ». et sa liste des
tyrans n’est pas exhaustive, mais n’est pas non plus tout à fait satisfaisante
son évocation de Mai 68.
On ne lui reprochera pas
de ne s’être guère signalé alors par un quelconque militantisme ou prise de
position anti-gauchiste. Cela, c’était une affaire individuelle. Cependant,
puisqu’il parle de lui, un petit mot ici, sur mon cas. Ce n’est pas en effet
sans quelque mélange de fierté et de nostalgie que je regarde quelquefois la
photo que j’ai publiée dans « Combats pour mon pays », où je brûle un
drapeau vietcong devant le siège de l’UNEF à Toulouse, rue des Lois.
Mes amis et moi avions
été l’arracher (non sans difficulté…) de la fenêtre où il était accroché. Cela se
termina comme souvent au commissariat de police de la rue du Rempart
Saint-Etienne pour un énième interrogatoire.
Après ce petit succès,
accompli notamment avec nos très courageux amis étudiants vietnamiens
anticommunistes, ce furent ensuite hélas des journées de déferlement des marées
rouges et noires dans cette ville de Toulouse, fief de toutes les organisations
des nombreux « républicains » espagnols réfugiés en France :
anarchistes de la FAI, trotskystes du POUM, et cocos « orthodoxes »
bien sûr.
Mais tout ce monde de
révolutionnaires écumants d’une rage de revanche, nostalgiques des massacres de
l’autre côté des Pyrénées (118 curés assassinés sur 122 dans le seul diocèse de
Barbastro), tout ce monde, encore plein des rivalités et des haines « interrépublicaines »
était provisoirement unifié par l’émulation dans le soutien international au Vietcong.
Et notamment par le biais des « Comités Vietnam de base » que trop
longtemps le gouvernement gaulliste ne vit pas d’un mauvais œil et qu’il appuya
même, discrètement, dans la ligne de son anti-américanisme.
Luc Ferry était en effet
alors, très précisément, « bêtement gaulliste », il ne croit pas si
bien dire…
Gaulliste donc, comme un
Jacques Chirac qui, il n’y avait pas si longtemps, avait vendu l’Humanité à la
criée et qui soutint toujours les chefs communistes vietnamiens, jusqu’à les
recevoir chez lui en Corrèze, quand il était président de la République, comme
Lee Kha Phieu, le patron du parti invité à Paris comme un chef d’État.
Sans cesse, nous nous
battîmes donc en Mai 68 un peu partout en France contre le cancer communiste. Et
pour cela taxés de tous les vocables (d’extrémistes, fascistes, et j’en passe).
Dans les facultés de Paris ou de Nanterre, résistaient en effet aux hordes
gauchistes des groupes animés par Marie-France Charles (devenue Stirbois), ou
encore Bruno Gollnisch et Alain Sanders, et tant d’autres encore, et ceux de
nos groupes solidaristes en union avec les « dissidents »
soviétiques, et ceux aussi du mouvement Occident, avec Alain Robert, Gérard
Longuet et Alain Madelin, et ceux de l’Action Française.
Tous d’ailleurs étaient enthousiastes
à manifester avec le Front uni de soutien au Sud-Vietnam du légendaire para
Roger Holeindre. Contre ce dernier une très nombreuse escouade gauchiste dirigée
par une fille de ministre lança, au 44 rue de Rennes, un assaut à vingt contre
un, s’efforçant ensuite de pendre Roger à une rampe d’escalier et blessant
sévèrement les dix militants qui s’étaient battus comme des lions et devaient
soignés à l’hôpital Laënnec.
Dieu merci, depuis Mai 68,
bien des choses ont changé, non sans tout de même qu’une grande partie de l’intelligentsia
progressiste, qui a tant admiré Mao (« ce phare de la pensée universelle »
selon Giscard d’Estaing), n’ait exprimé en 1975, avec les journalistes du
Monde, les Patrice de Beer, et les Jean Lacouture, leur soutien à la révolution
« rustique » au Cambodge du maoïste Pol-Pot.
Avant de s’apercevoir,
mais un peu tard, que cette révolution était le génocide que l’on sait.
Cependant, Mai 68 se
sera amplement déroulé aussi dans l’Église catholique en France alors massivement
subvertie ; ce que reconnaîtra plus tard, à la fin de sa vie, le cardinal
Decourtray évoquant « la collaboration de secteurs entiers de l’Église
française avec le communisme ».
Ce que semble hélas ne
pas bien peser aujourd’hui un certain nombre de prêtres et religieux, certes
plus « classiques », « conservateurs » ou « traditionnalistes »
que leurs aînés « soixantuitards », mais au sein d’un clergé
numériquement très diminué. Et dont certains semblent ne pas bien comprendre
que nous ne comprenions vraiment pas du tout certains propos et positions de
complaisance au plus haut niveau de l’Église pour le castrisme et pour la Chine toujours maoïste.
Après tant et tant de
persécutions et de millions de victimes.
Ce qui n’est pas
seulement une position sur le passé, mais bel et bien sur le présent et surtout
sur l’avenir. Mais nous reviendrons plus longuement sur cela.