C’est
une belle victoire passée trop inaperçue de la belle discipline de paléontologie
qui a été réalisée contre la fausse science idéologique du matérialisme
dialectique en la capitale de la Mongolie : le musée Lénine n’est plus. Il
a été remplacé par des salles d’exposition des squelettes de dinosaures des
steppes mongoles indûment dispersés dans le monde.
D’une
vaste superficie de plus d’un million et demi de km2, le pays qui fut la base
du plus vaste empire encore de Gengis Khan, grand humaniste modéré, n’a guère
plus de trois millions d’habitants dont un tiers vivent à Oulan-Bator. Les
aberrations de l’industrialisation selon le génie soviétique ont fait longtemps
de cette ville, malgré les espaces qui l’entourent, l’une des plus polluées au
monde. Mais, aux yeux même bridés des Mongols fiers, la pire des pollutions
était constituée par le Musée Lénine. Celui-ci avait été édifié par les
potentats bolchéviques du régime puisque Staline avait fait de la
Mongolie un État sous emprise soviétique mais non rattaché, étant également
dans l’espace géopolitique chinois.
Toujours est-il que le régime communiste s’effondra en
Mongolie dans la foulée de l’effondrement de l’URSS.
Et c’est peu après, en 1996, que commence à se manifester
à Oulan-Bator une remarquable jeune femme alors âgée de trente ans, Oyungerel
Tsedevdamda, futur ministre de la culture et écrivain, auteur d’un roman
« Le moine aux yeux verts », excellemment recensé dans le Figaro de
ce lundi 15 janvier par Arnaud de La Grange.
Mais avant de rentrer en littérature, et après son poste
de ministre, Oyungerel Tsedevdamda a mené la mission essentielle de présider le
Comité de Réhabilitation des victimes des purges et massacres de
l’ère lénino-stalinienne, notamment dans les années 1930.
Car dans la petite population de la Mongolie le communisme
a fait aussi des dizaines de milliers de morts dont presque tous les moines –
le peuple mongol est majoritairement bouddhiste – des six cent monastères
incendiés.
Avec l’appui massif de la population mongole Oyungerel
Tsedevdamda a donc mené l’opération de reconversion du Musée Lénine en salles
de conservation et d’exposition des squelettes de dinosaures bien plus anciens
que ceux des apparatchiks lénino-staliniens.
Le Musée dit « Lénine » n’est plus. La
paléontologie a triomphé. Place désormais aux vénérables squelettes
antédiluviens des grands dinosaures qui jadis broutaient pacifiquement les
prairies sur lesquelles, bien plus tard, chevaucheraient les hordes de Gengis
Khan.
Mais que voilà un bon exemple à Oulan-Bator pour ce qui
devrait être fait à Moscou. Poutine ne pourrait-il pas exposer dans le mausolée
de la Place Rouge un beau squelette de mammouth de la taïga plutôt que la momie
de Lénine ? Car, rappelons une fois encore la phrase de
Soljenitsyne : « Tant que la charogne de Lénine demeurera sur la
Place Rouge le chancre du communisme n’aura pas été définitivement extirpé ».