Finalement, Macron a renoncé à
prononcer son éloge funèbre à l’intérieur de l’église de la Madeleine. Je lui
en sais gré puisque ce César, à l’évidence, pas plus que Hollande, comme on l’a
vu devant le cercueil du chanteur, ne veut rendre quoi que ce soit à Dieu.
Pour ce qui est de mon
impression d’ensemble sur ces obsèques de Johnny Halliday, analysables comme je
l’écrivais ici, sous bien des aspects, je dirais d’abord que globalement rien
n’y fut scandaleux :
-
Ni sur le plan religieux puisque la cérémonie, quoi qu’en
aient dit ou écrit des ignares, n’était pas celle d’une messe mais d’une simple
bénédiction avec une sorte de liturgie « rock » appropriée.
-
Ni sur le plan du comportement, tout à fait digne, sans
aucun débordement, de l’immense foule, celle finalement d’un brave peuple
français durablement subjugué par une
vedette idole.
C’est que Johnny aura
indubitablement répondu, avec ses formes et ses rythmes, avec sa vie
« d’artiste » Hollywood, façon Harley-Davidson, à leurs aspirations
de rêves d’enfants et, très heureusement, somme toute, au besoin d’un
imaginaire autre que celui du « grand-soir » révolutionnaire aux
lendemains sanguinaires.
Par delà les mythes westerniens et hollywoodiens que
transportaient son image modélisée, sans cesse habilement recommencée avec ses
musiques électriques et électrisantes, à la fois primitives et modernes, Johnny
fut sans doute à sa manière un très efficace contre-révolutionnaire de fait,
peut-être sans avoir bien pesé cela.
On peut, comme nous, n’avoir
guère été transporté de fascination pour le personnage de Johnny, non sans en
considérer avec grand intérêt les phénomènes d’attraction et de séduction.
On peut n’avoir pas éprouvé
beaucoup d’admiration sur le fond pour ses chansons, non sans essayer de
comprendre les ressorts de ses dons charismatiques pour chauffer à blanc ses
fans avec, il est vrai aussi, le grand renfort des techniques de l’acoustique.
Mais ce dont il faut lui savoir
gré, c’est qu’à la différence d’autres vedettes du « show-biz », il
se sera maintenu imperméable aux manipulations idéologiques.
Johnny n’aura pas été du tout un
chanteur « engagé » et il n’engagea donc pas ses fans à s’engager
pour d’autres causes que celles de rêver avec des rêves de motards. Et en ce
sens comme nous l’avons déjà exprimé, nous formulons des souhaits pour que le
mythe de Johnny enterre celui du Che criminel.
Et puis, il faut aussi lui
reconnaitre le mérite post mortem d’avoir été l’occasion, devant son cercueil à
La Madeleine, du plaisant spectacle de leur ennui et de révélation de leur vide
spirituel donné par quelques personnages. Citons au moins au premier rang, à
côté de sa trotskyste de Julie, François Hollande, s’embêtant cent sous
l’heure, l’air plutôt écœuré de devoir subir cette épreuve imposée par
l’agaçante superstition subsistante. Et surtout, un peu plus loin, à la gauche
de Sarkozy qui lui, en de pareilles circonstances, sait se tenir, et même ne
pas refuser de bénir, se trouvait Larcher : spectacle sublime de ce dodu
maçon rubicond, avec sa lourde paupière d’alligator républicain qu’il
s’efforçait de relever quelquefois dans son épuisante lutte contre le sommeil
qui le terrassait.
Pour ce qui est des hommages,
certains furent assez émouvants, presque tous sobres et élégants ; celui
de Patrick Bruel fut le plus médiocre, le personnage n’ayant pu éviter
l’ornière de parler surtout de lui-même en évoquant Johnny.
Cela dit, reste à se demander
quelle idée de la foi catholique sur les fins dernières aura été donnée ce
jour-là à la foule par les formes et les paroles de la liturgie de bénédiction
de la dépouille de Johnny. Car la seule question qui compte vraiment n’est-elle
pas de savoir si l’on doit accepter sans réserve la rassurante affirmation
selon laquelle « nous irons tous au paradis » ?
Tous vraiment ? Sans doute
pas ! Et pas beaucoup peut-être sans que leur âme passe plus ou moins
longtemps par ce Purgatoire qu’affirme la foi catholique.
À retenir d’ores et déjà :
- 3 janvier de 18 h à 21 h notre émission de la Réplique sur
Radio-Courtoisie. Au programme, rétrospective des phénomènes politiques,
sociaux et religieux de 2017 et prospection 2018. Avec, outre Bernard Antony, Hortense Sauveur, Guillaume de Thieulloy et Jérôme
Triomphe.
- 19 janvier – 16 heures : grande galette des rois de
l’Agrif au Centre Charlier.
Accueil et signature des livres
dès 15 h.