mardi 12 décembre 2017

Retour sur les obsèques de Johnny

Finalement, Macron a renoncé à prononcer son éloge funèbre à l’intérieur de l’église de la Madeleine. Je lui en sais gré puisque ce César, à l’évidence, pas plus que Hollande, comme on l’a vu devant le cercueil du chanteur, ne veut rendre quoi que ce soit à Dieu.
Pour ce qui est de mon impression d’ensemble sur ces obsèques de Johnny Halliday, analysables comme je l’écrivais ici, sous bien des aspects, je dirais d’abord que globalement rien n’y fut scandaleux :
-         Ni sur le plan religieux puisque la cérémonie, quoi qu’en aient dit ou écrit des ignares, n’était pas celle d’une messe mais d’une simple bénédiction avec une sorte de liturgie « rock » appropriée.
-         Ni sur le plan du comportement, tout à fait digne, sans aucun débordement, de l’immense foule, celle finalement d’un brave peuple français durablement subjugué par  une vedette idole.

C’est que Johnny aura indubitablement répondu, avec ses formes et ses rythmes, avec sa vie « d’artiste » Hollywood, façon Harley-Davidson, à leurs aspirations de rêves d’enfants et, très heureusement, somme toute, au besoin d’un imaginaire autre que celui du « grand-soir » révolutionnaire aux lendemains sanguinaires.

Par delà les mythes westerniens et hollywoodiens que transportaient son image modélisée, sans cesse habilement recommencée avec ses musiques électriques et électrisantes, à la fois primitives et modernes, Johnny fut sans doute à sa manière un très efficace contre-révolutionnaire de fait, peut-être sans avoir bien pesé cela.

On peut, comme nous, n’avoir guère été transporté de fascination pour le personnage de Johnny, non sans en considérer avec grand intérêt les phénomènes d’attraction et de séduction.

On peut n’avoir pas éprouvé beaucoup d’admiration sur le fond pour ses chansons, non sans essayer de comprendre les ressorts de ses dons charismatiques pour chauffer à blanc ses fans avec, il est vrai aussi, le grand renfort des techniques de l’acoustique.

Mais ce dont il faut lui savoir gré, c’est qu’à la différence d’autres vedettes du « show-biz », il se sera maintenu imperméable aux manipulations idéologiques.
Johnny n’aura pas été du tout un chanteur « engagé » et il n’engagea donc pas ses fans à s’engager pour d’autres causes que celles de rêver avec des rêves de motards. Et en ce sens comme nous l’avons déjà exprimé, nous formulons des souhaits pour que le mythe de Johnny enterre celui du Che criminel.

Et puis, il faut aussi lui reconnaitre le mérite post mortem d’avoir été l’occasion, devant son cercueil à La Madeleine, du plaisant spectacle de leur ennui et de révélation de leur vide spirituel donné par quelques personnages. Citons au moins au premier rang, à côté de sa trotskyste de Julie, François Hollande, s’embêtant cent sous l’heure, l’air plutôt écœuré de devoir subir cette épreuve imposée par l’agaçante superstition subsistante. Et surtout, un peu plus loin, à la gauche de Sarkozy qui lui, en de pareilles circonstances, sait se tenir, et même ne pas refuser de bénir, se trouvait Larcher : spectacle sublime de ce dodu maçon rubicond, avec sa lourde paupière d’alligator républicain qu’il s’efforçait de relever quelquefois dans son épuisante lutte contre le sommeil qui le terrassait.

Pour ce qui est des hommages, certains furent assez émouvants, presque tous sobres et élégants ; celui de Patrick Bruel fut le plus médiocre, le personnage n’ayant pu éviter l’ornière de parler surtout de lui-même en évoquant Johnny.

Cela dit, reste à se demander quelle idée de la foi catholique sur les fins dernières aura été donnée ce jour-là à la foule par les formes et les paroles de la liturgie de bénédiction de la dépouille de Johnny. Car la seule question qui compte vraiment n’est-elle pas de savoir si l’on doit accepter sans réserve la rassurante affirmation selon laquelle « nous irons tous au paradis » ?
Tous vraiment ? Sans doute pas ! Et pas beaucoup peut-être sans que leur âme passe plus ou moins longtemps par ce Purgatoire qu’affirme la foi catholique.

À retenir d’ores et déjà :

-   3 janvier de 18 h à 21 h notre émission de la Réplique sur Radio-Courtoisie. Au programme, rétrospective des phénomènes politiques, sociaux et religieux de 2017 et prospection 2018. Avec, outre Bernard Antony, Hortense Sauveur, Guillaume de Thieulloy et Jérôme Triomphe.

-    19 janvier – 16 heures : grande galette des rois de l’Agrif au Centre Charlier.

Accueil et signature des livres dès 15 h.