Président de Chrétienté-Solidarité,
association n’ayant jamais exprimé que de l’amitié pour toutes les autres
oeuvrant dans le même sens, je suis aujourd’hui affligé de constater les
pratiques contre d’autres œuvres par des responsables catholiques en quelque
sorte jaloux de leur « pré carré » caritatif.
Depuis les années 1986,
les militants de Chrétienté-Solidarité ont œuvré pour apporter de l’aide aux
peuples du Liban, de Pologne, d’Indochine, de Lituanie et de Croatie et aujourd’hui
encore à des centaines d’enfants sinistrés ou orphelins dans plusieurs pays du
Proche-Orient (Liban – Égypte – Irak – Jordanie). Lors des veillées de prière
et de solidarité que nous avons naguère organisées, nous avons invité bien des
responsables d’autres associations.
Nous avons toujours dit
notre admiration aussi bien pour l’Aide à l’Église en détresse (AED), pour l’association
« Enfants du Mékong », pour l’Oeuvre d’Orient. Et de même, lorsque s’est
très dynamiquement développé SOS Chrétiens d’Orient. Et lorsque nos amis de la
Nef organisent une soirée d’aide avec le courageux Mgr Rey que nous aimons
tant, comment n’appellerions-nous pas à les soutenir ?
Pourquoi donc, au sein
même de l’Église de France, certains dénoncent-ils cette initiative ou encore
SOS Chrétiens d’Orient ? Ne s’agit-il pas d’un triste reste de
cléricalisme désuet ?
La diversité des œuvres,
voire leur émulation, est une excellente chose tant, hélas, les besoins sont
immenses. Seule, la modestie de notre organisation nous permet de reverser intégralement
les sommes que nous recevons pour les parrainages des enfants. Mais nous
comprenons que d’autres, menant des taches de plus grande ampleur aient à faire
face à des frais importants d’organisation. La bienveillance devrait être le
principe fondamental des relations entre œuvres chrétiennes.
Cela n’exclut pas
quelque particularité. Ainsi, pour ce qui est de nous, compte tenu de notre
engagement ancien pour un Liban libéré de la criminelle oppression syrienne
(Solange Gemayel est notre présidente d’honneur !), on comprendra, même si
les temps et la conjoncture ont changé, notre refus de toute action nécessitant
des appuis syriens.
Mais nous ne critiquons
pas du tout et nous comprenons ceux qui, plus jeunes que nous, n’ont pas notre
réticence et peuvent ainsi courageusement œuvrer en Syrie.
Dernier point : un
nouvel archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, vient de succéder au cardinal
André Vingt-Trois.
Ce dernier crut bon de
manifester naguère son désaccord avec notre campagne en faveur de la libération
d’Asia Bibi, cette mère de famille chrétienne, ignominieusement condamnée au
Pakistan à un enfermement jusqu’à sa mort, faussement accusée d’avoir blasphémé
le prophète. On nous fit savoir du Pakistan que notre manifestation, pacifique,
de plusieurs milliers de personnes devant l’ambassade à Paris avait été
accueillie avec espoir par les chrétiens de ce pays. Mais Mgr Vingt-Trois avait
dit que ce n’était pas ainsi qu’il fallait réagir et qu’il fallait faire
confiance à l’action diplomatique. Alors, nous n’avons, sans doute à tort, plus
rien organisé. Aujourd’hui Mgr Vingt-Trois s’en va mais Asia Bibi est toujours
dans sa geôle, oubliée de tous. L’action diplomatique pour sa libération, s’il
y en a eu une, n’a guère abouti.
Bernard Antony