Hier dimanche, vers 13 h
30 sur France-Inter, l’écoute de l’émission « Le grand débat » avec
la charmante Natacha Polony et Raphaël Glucksman. On y disserte délicieusement
entre gens bien nés, les uns tenants du libéralisme sociétal, les autres archéo
ou néo-marxistes, des contradictions dialectiques dans les expériences
révolutionnaires selon qu’elles prônent l’émancipation individuelle d’abord ou
la fusion dans l’action collective.
Bref, rien de bien
nouveau chez les intellos. Et bla et bla. Sans doute l’imprégnation de l’air du
temps, mais voici que ressurgit de l‘enfouissure de notre mémoire les mots d’un
refrain de Johnny du temps jadis : « Tu parles trop, tu parles du soir au matin… Toujours les mêmes mots,
toujours les mêmes refrains, bla-bla, c’est ton défaut… ».
Ces bavards
professionnels s’accordent à peu près sur la constatation des échecs du
communisme, avec des jugements plus différenciés, c’est selon, sur les
injustices ou sur l’abomination du système capitaliste. On écoute avec le
respect dû à un gourou, sans l’interrompre,
le docte camarade philosophe communiste maoïste Alain Badiou. Ce dernier, a été
de la cuvée soixantuitarde des Althusser (l’étrangleur de sa femme), Sartre, et
autres Miller et Lacan, sans oublier dame Roudinesco. Je les évoque dans mon
livre « Réflexions sur le monde actuel ».
Badiou est demeuré
communiste et cite toujours, sans aucune vergogne, les enseignements de son maître
Mao.
Le fait que le
communisme a échoué toujours et partout, de tchékas en goulags et de massacres
en génocides, avec plus de cent millions de morts, n’a pas amené ce collabo impénitent
à quelque repentance que ce soit. Il ne
regrette pas les monstruosités du communisme ; il regrette seulement l’effondrement
du communisme du XX° siècle ! Et c’est sur France-Inter qu’il professe
tout doctement que la conséquence de cet effondrement, c’est qu’il faut
repartir à zéro, reconstruire le communisme.
Dans le studio, nul ne
moufte, ni Polony, ni Glucksman, nul ne lui assène quelque expression d’indignation,
de mépris, sinon de colère.
Parce qu’enfin, que se
passerait-il si un invité un peu fêlé, amateur de seifuku radiophonique, s’avisait
d’émettre l’énormité que, puisqu’il s’est effondré, le nazisme doit être
reconstruit ? Or Lénine, Staline, Mao, Pol Pot et les autres étaient-ils
moins abominables qu’Hitler ?
Mais il est vrai qu’avec
son parler de bourgeois condescendant, Badiou, dans le droit fil du génial Mao,
l’idole de sa jeunesse et de sa vieillesse, a émis aussi dans le même entretien
une très puissante et innovatrice observation révolutionnaire : celle de
reconstruire en s’appuyant sur la base !
À l’appui de cela, n’a-t-il
pas confié ceci : « Dans ma vie militante, j’ai rencontré des
gens ordinaires » (sic !). Quel honneur pour ces manants !
Quel honneur pour ces prolos que d’avoir rencontré le grand camarade
révolutionnaire Alain Badiou !
J’imagine qu’à sa mort,
après son incinération, dans quelque salon une pétulante bourgeoise rouge dira
à sa compagne : « Figurez-vous, ma chère, notre camarade Badiou
allait jusqu’à fréquenter des gens ordinaires ! ».