vendredi 24 novembre 2017

Macron et sa politique



Pour le prochain numéro de Reconquête, j’ai hésité à consacrer un article plus long que je ne l’ai déjà fait à l’analyse de la politique d’Emmanuel Macron, notamment sous l’éclairage de sa personnalité et de sa conception de l’action. 

Je ne crois pas m’être trompé jusqu’ici en invoquant l’importance psycho-morphologique du mimétisme bonapartiste. Car Macron, abordant fermement les manifestants hostiles ou les assemblées réticentes, semble dans un choix constant de postures rappelant les peintures de Bonaparte au pont d’Arcole (d’ailleurs moins conformes à la réalité historique qu’à la recherche évidente d’héroïcisation mythique).  

Mais, pour l’heure, n’allons pas plus loin dans ce registre car Macron n’obéit pas seulement à ce mimétisme bonaparto-napoléonien dans ses postures mais plus encore peut-être dans son idéologie et sa stratégie politicienne. 

Je crois d’abord que ce n’est pas l’avenir de la patrie charnelle qui le préoccupe mais le fonctionnement de l‘État, ce « plus froid des monstres froids ». Il me paraît en effet être avant tout un jacobin, au sens plein de ce qu’était l’idéologie jacobine fondée sur les deux abstractions de l’individu et de l’État (« le zéro et l’infini »). 

À l’évidence, il n’est pas un enthousiaste des corps intermédiaires. Certes il lui arrive d’invoquer notre chère Simone Weil, la mystique et philosophe de l’importance de « l’enracinement ». Mais ce n’est pas la revitalisation des communautés naturelles qui semble sa préoccupation : ni de celle de la famille dont il n’a, à ce que l’on en connaît, que l’expérience d’une exception pas très modélisable pour la continuité de la société ; ni de celle des communes (et encore moins des dernières paroisses !), ni de celles des provinces ou régions. 

Son idée de l’éducation n’est pas celle de la liberté et des libertés telles qu’elles prévalent en bien d’autres pays prospères. Rien n’indique à ce jour qu’il veuille remettre en cause le désastreux monopole de ce que Simone Weil appelait « le gros animal ». 

Comme cette dernière, il n’aime sans doute pas le concept et la réalité des partis politiques. Mais à l’évidence, pas pour les remplacer par un sain fonctionnement de démocratie réelle des corps intermédiaires. 

Or il faut bien une assise à l’encadrement politique de la société. Sur ce point, Macron a certainement encore à l’esprit le modèle de l’Empire. À la différence des dictateurs des régimes totalitaires ultérieurs, fascistes ou communistes, la structure d’encadrement idéologique sur laquelle s’appuya Napoléon était la franc-maçonnerie. 

Celle-ci avait un temps été officiellement dissoute par la Convention comme société particulière, mais en réalité en raison de la rivalité du club des jacobins. Ce dernier ayant été dissous, la maçonnerie en sommeil se réveilla, et se développa comme seule société de pensée et officine d’influence politique au service de l’Empire. 

Tout semble indiquer que Macron préfère travailler avec les clubs et les « sociétés de pensée » modernes et les officines maçonniques les plus influentes plutôt que dans la routine d’un ou plusieurs partis. Même s’il faut faire semblant d’en vouloir. 

L’homme est intelligent, habile et, on l’a vu, redoutable pour ceux avec qui il débat. Mais c’est hélas un jacobin, certes moderne, d’un jacobinisme aux trois niveaux du constructionnisme, étatique, eurocratique et mondialiste. 

Somme toute conforme à la vieille utopie maçonnique de la République universelle.