Débordé par les conséquences de l’affaire Weinstein, le gouvernement d’Emmanuel
Macron a voulu montrer qu’il était dans le coup à l’occasion de la journée
internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Une séquence
qui nous a permis de mesurer qu’il était bien le même que pendant la campagne
électorale : flou, socialiste et sociétalement déconstructiviste.
Quel charabia ! C’est la
première réaction qui m’est venue après avoir écouté l’intervention du
président de la République à l’occasion de la journée internationale de lutte
contre les violences faites aux femmes qui s’est tenue le 25 novembre à
l’Elysée. Car son discours alliait poncifs sur le ressenti supposé des femmes
agressées, incantations idéologiques sur l’origine supposée des violences et
mesures plus au moins surréalistes pour remédier à ce mal. Au lieu de clarifier
le débat comme nous eussions pu l’attendre de la part d’un président, voici
donc que celui-ci en a remis une couche dans la confusion générale.
A aucun moment en effet,
Emmanuel Macron n’a précisé les termes qu’il employait, n’expliquant ni ce
qu’il entendait par égalité entre les hommes et les femmes, ni les éventuelles
catégories de violence dont il était question, ni encore les différences entre
les victimes, autant d’éléments qui auraient pu pourtant fonder une politique
appropriée. Non, aucun diagnostic de la situation n’a été posé rationnellement
pour comprendre sur quels constats, autres que l’explosion des témoignages de
femmes en ligne, a été élaborée la nouvelle politique d’Etat pour lutter contre
les violences faites aux femmes.
Au-delà du verbiage insupportable dont il a le secret,
cette politique est d’abord fondée sur une croyance idéologique. Pour Emmanuel
Macron, le combat contre les violences faites aux femmes est le premier acte
d’un combat plus large, celui de l’égalité des femmes et des hommes car pour
lui, la cause profonde des violences faites aux femmes est culturelle.
Se
référant à Françoise Héritier, l’auteur de la valence différentielle des sexes
qui vient de s’éteindre, il a affirmé : « Elle a su avec précision,
avec une force admirable, pointer précisément ce qui dans notre société avait
construit avec des explications culturelles, avec des rites, cette domination,
cette inégalité entre les sexes ; elle avait montré tout ce caractère construit
qu'on avait ensuite justifié avec des explications biologiques, physiques,
cherchant à légitimer en quelque sorte la domination des hommes sur les femmes.
Et comme tout cela est construit, nous pouvons le déconstruire » ; puis
plus loin « notre société tout entière qui est malade du sexisme, que des
représentations se sont installées et donc pour lutter contre cet état de la
société, il faut agir avant qu'il ne soit trop tard, avant que nos enfants
aient été éduqués selon des stéréotypes et des clichés qui par le rôle qu'ils
auront insidieusement inculqué, produisent ensuite des inégalités entre les
filles et les garçons, entre les femmes et les hommes. »
Son objectif est
donc clair : il s’agit de « changer le cadre culturel dans lequel
nous évoluons ». Pour y arriver, un programme de formation est prévu pour toutes
les professions en contact avec les enfants - et ce depuis la crèche – et pour
les fonctionnaires. L’ambition est, dit-il, « de trouver le langage commun
de l'apaisement et de l'entente en lieu et place d'une relation déformée par
les stéréotypes ». Est-ce un aval
présidentiel à l’écriture inclusive ? Cela reste flou et chacun entendra
ce qu’il veut entendre.
Le président a également
annoncé que seraient traqués les contenus non conformes non seulement dans
l’audiovisuel, comme c’est déjà le cas, mais aussi sur toutes les nouvelles
formes de diffusion de contenus grâce à l’élargissement des pouvoirs du CSA. Adepte
de la toute puissance de l’État, ce en quoi il est bien socialiste, Emmanuel
Macron a expliqué comment les agents du service public seraient formés pour
mieux protéger les femmes en danger, donnant comme exemple le fait pour un
conducteur de bus de pouvoir s’arrêter à la demande d’une femme en danger y
compris en dehors des stations. Comme si un programme de formation était
nécessaire pour cela, à moins que le socialisme ambiant depuis Mitterrand ait
déjà supprimé tout esprit d’initiative aux conducteurs confrontés à ce type de
situation… Le grand public quant à lui aura droit à des campagnes de
sensibilisation, les entreprises subiront des testing et celles qui produisent
et diffusent des contenus auront des comptes à rendre.
Pour aider les victimes,
Emmanuel Macron a énuméré quelques mesures concrètes qui semblent venir des
expériences de terrain. Il s’agit de créer les conditions pour aider les femmes
à parler, se défendre et porter plainte. Cette partie, la plus opérationnelle,
était la plus crédible même si elle fut aussi la plus courte et ponctuée
d’envolées pseudo-lyriques ridicules comme le couplet sur la justice qui doit
être implacable et qui « viendra aux femmes », si celles-ci n’y
venaient pas ou encore l’analogie entre l’évolution
de l’appareil répressif censé concourir à la fois au combat culturel et à la
protection concrète des femmes et la législation sur la sécurité
routière !
Alors que notre pays fait face à un risque terroriste très
élevée et à l’installation insidieuse de la charia, il a ainsi annoncé que la
lutte contre les violences faites aux femmes serait une des priorités de la
nouvelle police de sécurité quotidienne et qu’un délit d’« outrage sexiste
pour un montant dissuasif et immédiatement recouvrable » serait créé. Créé,
peut-être, mais fort peu probablement appliqué puisque le chef de l’État
lui-même a avoué dans le même discours que les forces de police et les acteurs
de la justice travaillaient dans des conditions si dégradées que ce type d’affaire
n’était presque jamais traité. Son
discours s’est terminé sur l’évocation de l’âge du consentement sexuel qu’il
estime devoir être fixé à 15 ans.
Avec un tel chef et des telles
mesures, il est fort à craindre que non seulement les femmes victimes de vrais
crimes ne seront pas sauvées mais l’on peut redouter que d’autres personnes viennent
grossir les rangs de ceux qui n’obtiennent jamais justice. Par exemple les hommes
qui seront accusés sans preuves d’être des agresseurs, hypothèse qui n’a même
pas été évoquée par le chef de l’État, et que le clip gouvernemental pourrait
engendrer puisque celui-ci affirme sans
nuance que jamais les femmes n’ont de responsabilités, ce qui pourrait laisser
croire que si une femme se plaint, l’homme désigné serait forcément coupable.
Fondée sur une analyse
anthropologique erronée, la politique du chef de l’État ne produira aucun effet
positif si ce n’est peut-être une amélioration de la prise en charge des
victimes dans les services d’urgence. Car les violences faites aux femmes ne
sont pas dues à des stéréotypes transmis de génération en génération comme
l’affirme le chef de l’État avec beaucoup d’assurance.
Chez les Européens laïcisés et déboussolés,
le discours égalitaire fait que personne ne prévient les femmes, et en premier
lieu les jeunes filles, qu’elles sont des sujets de désir pour les mâles de
leur espèce et que ces derniers vont les approcher pour les posséder. Depuis l’institution
du sacrement du mariage péniblement imposée par l’Église, le consentement de la
femme était requis même s’il ne le fut pas toujours dans les faits.
Chez les musulmans en revanche, la femme n’a
pas à donner son consentement. Dans les Hadiths du prophète, il est répété à
l’envi qu’elle est démoniaque, qu’elle fait tourner la tête des hommes et
qu’elle doit, de ce fait, lui être soumise. On serait d’ailleurs curieux de
savoir le taux des violences faites aux femmes dans les quartiers pudiquement appelés
populaires. Cette réalité-là est le plus grand tabou de ce dossier puisque le
clip dénonçant les violences faites aux femmes ne montre que des hommes blancs
propres sur eux en contradiction totale avec les canons
de la doctrine sur la diversité qui imposent dans les films une représentation
réelle de la société. Contrairement à son ministre de l’Éducation nationale,
Emmanuel Macron n’y a même pas fait une allusion.
Cécile Montmirail