En formulant cette
conviction à destination des syndicats, et aussi du camarade Mélenchon et de
ses troupes, Emmanuel Macron a évidemment révélé combien il n’était guère en
adéquation avec la réalité plus que bicentenaire de la démocratie en France.
Se trompe-t-on si l’on
pense que lorsqu’il évoque « la démocratie », il a davantage en tête
les modèles de la démocratie suisse, anglaise, ou américaine plus que celle qui
est née en France de la « terreur sèche » des Lumières avant même la
terreur sanglante dès la prise de la Bastille se développant avec les émeutes
et les massacres, la guillotine et les colonnes infernales.
Certes. Mais qui osera
affirmer que cette exception, sans-culotte et jacobine, n’a pas durablement
imprégné non seulement le soubassement idéologique mais le modèle mythique de
notre démocratie, de notre république guerrière comme la chante notre hymne
national ?
Aussi, chez nous,
contrairement à tant d’autres pays, la loi n’a-t-elle pas toujours résulté du suffrage
universel ?
Et l’expression de « troisième
tour », qui n’a rien à voir avec la « troisième mi-temps rugbystique »,
est-elle si fréquemment employée politologiquement pour désigner qu’après les
deux tours des élections, un troisième tour se jouera dans la rue, annulant
peut-être les résultats obtenus dans les urnes.
On sait bien aussi que c’est
dans les loges que sont élaborées bien des lois ou qu’est négociée leur
acceptation. Mais ceci ne suffit pas toujours. Ce n’est pas parce que Mélenchon
est maçon qu’il va avoir de la tendresse pour les réformes de la
Franc-macronerie. À la vérité, la maçonnerie concocte les lois dites désormais « sociétales ».
et sur ce plan, Le Drian, Collomb et les autres, et surtout avec Marlène
Schiappa Macron est bordé.
En revanche, sur les
questions sociales, les loges ne sont pas unanimes. Il y a des « frangins »
au Medef comme dans les syndicats et, quoique la structure de la confédération
soit traditionnellement très maçonnée, même le frère Jean-Claude Mailly ne peut
faire facilement accepter par sa base (qui l’est beaucoup moins) les réformes
macroniennes.
« La démocratie, ce
n’est pas la rue » ? Pas toujours peut-être si les rues ne sont pas
suffisamment pleines des adeptes du troisième tour. Pour nous, faute hélas de
grand mouvement de droite sociale et nationale, nous regardons un peu en
spectateur, non indifférent, l’affrontement Macron-Mélenchon.
Sur le plan sociétal, en
totale opposition aux deux.
Sur le plan social, plus
nuancé selon les ordonnances que l’on jugera surtout à l’épreuve du temps.
Mais, puisse venir le
temps où la démocratie ne sera ni celle de la rue ni celle de la loge mais
celle d’un État fort mais limité avec des corps intermédiaires vigoureux.