lundi 25 septembre 2017

« La démocratie, ce n’est pas la rue ? »


En formulant cette conviction à destination des syndicats, et aussi du camarade Mélenchon et de ses troupes, Emmanuel Macron a évidemment révélé combien il n’était guère en adéquation avec la réalité plus que bicentenaire de la démocratie en France. 

Se trompe-t-on si l’on pense que lorsqu’il évoque « la démocratie », il a davantage en tête les modèles de la démocratie suisse, anglaise, ou américaine plus que celle qui est née en France de la « terreur sèche » des Lumières avant même la terreur sanglante dès la prise de la Bastille se développant avec les émeutes et les massacres, la guillotine et les colonnes infernales.

Certes. Mais qui osera affirmer que cette exception, sans-culotte et jacobine, n’a pas durablement imprégné non seulement le soubassement idéologique mais le modèle mythique de notre démocratie, de notre république guerrière comme la chante notre hymne national ?

Aussi, chez nous, contrairement à tant d’autres pays, la loi n’a-t-elle pas toujours résulté du suffrage universel ? 

Et l’expression de « troisième tour », qui n’a rien à voir avec la « troisième mi-temps rugbystique », est-elle si fréquemment employée politologiquement pour désigner qu’après les deux tours des élections, un troisième tour se jouera dans la rue, annulant peut-être les résultats obtenus dans les urnes. 

On sait bien aussi que c’est dans les loges que sont élaborées bien des lois ou qu’est négociée leur acceptation. Mais ceci ne suffit pas toujours. Ce n’est pas parce que Mélenchon est maçon qu’il va avoir de la tendresse pour les réformes de la Franc-macronerie. À la vérité, la maçonnerie concocte les lois dites désormais « sociétales ». et sur ce plan, Le Drian, Collomb et les autres, et surtout avec Marlène Schiappa Macron est bordé.

En revanche, sur les questions sociales, les loges ne sont pas unanimes. Il y a des « frangins » au Medef comme dans les syndicats et, quoique la structure de la confédération soit traditionnellement très maçonnée, même le frère Jean-Claude Mailly ne peut faire facilement accepter par sa base (qui l’est beaucoup moins) les réformes macroniennes.

« La démocratie, ce n’est pas la rue » ? Pas toujours peut-être si les rues ne sont pas suffisamment pleines des adeptes du troisième tour. Pour nous, faute hélas de grand mouvement de droite sociale et nationale, nous regardons un peu en spectateur, non indifférent, l’affrontement Macron-Mélenchon.

Sur le plan sociétal, en totale opposition aux deux.

Sur le plan social, plus nuancé selon les ordonnances que l’on jugera surtout à l’épreuve du temps. 

Mais, puisse venir le temps où la démocratie ne sera ni celle de la rue ni celle de la loge mais celle d’un État fort mais limité avec des corps intermédiaires vigoureux.