lundi 25 septembre 2017

Allemagne : fin de cycle ?


Après les délires et la grande catastrophe du racisme nazi et du communisme s’installant à l’Est, l’Allemagne réunifiée après la chute du Mur s’est gentiment installée pour plus d’un quart de siècle dans une phase de prospérité économique grandissante et de démocratie ronronnante. Période marquée aussi par l’acceptation d’une immigration, principalement turque, jugée bienfaisante pour combler les vides de la dénatalité.
 
C’est que, après les folies idéologiques, les horreurs de la guerre et les occupations, la dureté de la vie, ou plus exactement d’abord, de la survie, et un travail acharné, le peuple allemand, globalement, rechignait aux efforts que nécessite le renouvellement démographique. En ne mettant au monde et en n’élevant que peu d’enfants, la société allemande obéissait à n’en pas douter à un désir de repos et de jouissance des douceurs d’une société de consommation. Pour beaucoup, un individualisme hédoniste l’emportait sur les joies mais aussi les sacrifices  nécessités par la vie familiale et l’éducation de plusieurs enfants.


Les deux années qui viennent de s’écouler ont marqué la fin de cette époque en quelque sorte par le passage d’une phase d’immigrationnisme tranquille (non sans grands dangers à terme) à celle que, pour paraphraser le langage social-évolutionniste du darwino-marxisme, on pourrait désigner comme « un saut quantitatif brusque ».

L’acceptation par Angela Merkel d’une probable nécessité d’accueil encore de millions de réfugiés a suscité chez beaucoup un compréhensible reflexe d’interrogation sinon d’angoisse quant à un avenir dans une paix certaine de la société allemande.

Ô certes, il y eut jusqu’ici une longue connivence entre l’Allemagne et la Turquie et l’islam :

- l’alliance en 1914 et la connivence militaire dans le génocide « arménien » ;

- recrutement par Hitler de divisions SS bosniaques avec l’appui du grand mufti de Jérusalem Hadj Amine el-Husseini ;

- l’accueil d’une main d’œuvre fiable et bienvenue de travailleurs turcs (et kurdes).

Mais Angela Merkel s’est trouvé confrontée au fait que le saut quantitatif brusque migratoire soit en simultanéité avec ce que j’ai naguère titré en couverture de Reconquête : « Le grand retour ottoman ». Or, Erdogan, avec sa petite moustache façon Adolf Hitler, est un idéologue de l’espace vital ottoman. Il se veut tel un nouveau sultan. Et Angela a bien dû réaliser que le temps de la lune de miel diplomatique avec lui, marquée par l’affection de quelques hypocrites bises de retrouvailles, n’était plus.

Mais désormais l’inquiétude allemande n’a cessé de s’affirmer. Cela explique la percée électorale d’hier – 13 % c’est considérable – du mouvement « AfD » qualifié de populiste ou encore de droite radicale. Ce mouvement ne me semble hériter que très partiellement des valeurs de la droite chrétienne sociale allemande, historiquement d’ailleurs antinazie. Mais, hélas, la CSU bavaroise, traditionnellement alliée de la CDU, a, au fil des années, abandonnée sinon trahi ces valeurs.

En Allemagne aussi, on est hélas passé, selon la formule de Charles Péguy cinglant Jaurès, de la mystique à la politique et de la politique à la cuisine politicienne. Mais en Allemagne plus qu’ailleurs, quand le patriotisme fervent fait défaut, alors peut surgir un nationalisme véhément.

On peut encore, pour méditer cela, puiser dans les analyses et réflexions, aujourd’hui encore souvent très pertinentes d’un Jacques Bainville.