Je
ne suis nullement passéiste et fort peu nostalgique de toutes les phases de ma
vie. Ce qui m’intéresse, c’est le devenir des choses, et d’abord de ce que la France
et le monde seront pour nos enfants.
Je
ne me désintéresse donc pas des évolutions du Front National dont j’ai été
jadis un responsable et surtout un militant fidèle et actif sans pour autant
avoir jamais été un homme de parti inconditionnel de toutes les positions de
son chef. Catholique, j’ai toujours abhorré le « furhër prinzip ».
La
direction actuelle du Front National veut donc le « refonder ». Je m’interroge
sur la signification de ce mot et le contenu que l’on peut bien vouloir lui
donner. Je ne sais pas bien ce que « re-fondation » peut bien
signifier.
Architecturalement,
cela peut signifier de déplacer des vieux murs sur de nouvelles excavations ou
alors de construire des murs nouveaux sur d’anciennes fondations. C’est ce que
l’on a fait dans la reconstruction de Rhodes, de Varsovie ou de Babylone.
Pour
ce qui est de la « refondation » du Front National, cela signifie-t-il
donc de le réajuster sur ses fondamentaux initiaux ou au contraire de donner à
sa réalité d’aujourd’hui d’autres fondements ? La différence n’est pas
mince. Comme aurait chanté Dalida : « Qui
vivra verra ».
Si
l’on interroge l’immense histoire de l’Église catholique, on vérifiera que l’on
y a procédé tout au long des siècles soit à
la création de nouveaux ordres, soit à des « réformes » c’est-à-dire
de nouvelles branches greffées sur l’ancien tronc (ex : « Cisterciens »
chez les Bénédictins ou « Carmes déchaussés » dans l’ordre du Carmel).
On
verra donc ce que l’on entend au Front National par l’annonce d’une « re-fondation ».
S’agira-t-il d’une réaffirmation des idées et valeurs du corpus doctrinal des
années 1980-90 ou d’une rénovation de leur présentation ou encore d’un
changement significatif ? Quid du respect de la vie ? Quid d’une
Europe nouvelle ? Quid d’une autre organisation administrative du
territoire ? Quid sur le plan social et syndical ?
D’autant
qu’à Toulouse, Marine Le Pen a martelé à l’adresse des militants que c’était à
eux d’apporter les idées de la refondation. Somme toute, le Front National
comme les synodes de l’Église de François se met à l’heure de la dynamique des
groupes ! Et bien sûr, sans manipulation…
Quoi
qu’il en soit, si le changement de dénomination semble fortement suggéré, il
semble improbable que la refondation soit voulue au point de rompre avec la
marque Le Pen !