Si j’ai à l’occasion utilisé dans
mes écrits pour Reconquête l’expression de « franc-macronnerie », ce
n’était pas du tout pour céder à la facilité d’un jeu de néologisme conceptuel.
Il me paraissait et il toujours plus évident qu’Emmanuel Macron, qu’il
appartienne ou non à telle obédience ou loge spécifique, est imprégné de
religiosité et d’idéologie maçonnique.
Tous ceux qui sont un peu au fait
des mots et des gestes de l’appartenance maçonnique ont noté bien sûr l’extraordinaire
signe de connivence qu’a constitué sa manière d’apothéose électorale sous la
pyramide du Louvre.
Triangles, truelles, équerres et
pyramides, et aussi titres grandiloquents du falbala néo-pharaonique autant que
du pseudo-biblique, et autres niaiseries templières, abondent en effet dans les
rituels initiatiques et le vocabulaire du symbolisme maçonnique bien au-delà
des loges de Memphis Misraïm.
Macron a notamment utilisé hier
le mot-clé de l’idéologie maçonnique : « émancipation ».
Comprendre par là l’émancipation
de la loi morale naturelle du Décalogue. Les yeux de bien des frangins de
différentes obédiences brillaient hier d’un infini contentement. Et surtout,
les téléspectateurs purent voir combien le maire de Lyon, Gérard Collomb,
haut-gradé du Grand-Orient, mentor essentiel en stratégie politique de Macron, ne
pouvait réfréner de sincères larmes d’émotion devant son poulain arrivant au
faîte des honneurs de la République.
Le
progressisme en marche
Emmanuel Macron n’est donc pas de
ceux qui veulent faire sur tous les plans « du passé table rase ». C’est
à toutes les déconstructions nécessaires à sa philosophie de l’émancipation qu’il
adhère. Mais, on le voit, lui qui a épousé Brigitte par ailleurs, grand-mère et
qui aime son grand-père Collomb, n’est pas du tout hostile à sa manière au
culte des ancêtres, même si, à ce jour, il ne semble guère avoir éprouvé le
désir d’avoir des enfants à lui. Il semble que ceux de Brigitte, enfants et
petits-enfants, lui suffisent.
En quoi il peut aussi se
rapprocher des modes de la succession pharaonique qui, après tout, dura au long
de maintes dynasties. Mais l’essentiel n’est-il pas que, discrètement, et même secrètement,
et sous le couvert des discours prônant sans cesse l’égalité républicaine, se
renforce toujours plus le pouvoir de la caste de « l’hyperclasse »
chère à Jacques Attali ? Celle des technocrates d’aujourd’hui dans la
ligne du « gouvernement des banquiers et des savants » prôné au XIX°
siècle par le comte de Saint-Simon. Ne résumait-il pas ainsi son idéal
politique : « Substituer au
gouvernement des hommes l’administration des choses » ? Engels
reprit cela à son compte. Mais n’est-ce pas finalement le secret de la pensée
politique – ou plutôt technocratiquement antipolitique – d’Emmanuel Macron ?