mardi 16 mai 2017

Non, Edouard Philippe n’est pas « de droite » !


La nomination d’Edouard Philippe, maire LR du Havre, au poste de Premier Ministre a suscité une série de commentaires pavloviens de la part des journalistes : Emmanuel Macron a choisi un homme de droite pour diriger le gouvernement, disent-ils. Sans rentrer dans les spéculations qui s’en suivent (Macron veut faire imploser Les Républicains, etc.), il semble que la véritable question soulevée par ce choix soit celle de la définition d’un homme de droite.

Edouard Philippe est en effet membre du parti dit de droite, au même titre que Fillon, Wauquiez, Mariani, au même titre aussi que Jean-Pierre Raffarin, Nathalie Kosciusko-Morizet et Alain Juppé, son mentor qu’il avait secondé lors de la création de l’UMP en 2002. Or, la vie politique de M. Philippe a commencé à gauche, dans cette tendance que l’on appela un temps la « deuxième gauche », incarnée par Michel Rocard qui fut un premier ministre fort malmené par Mitterrand. Rocard influença fortement ce jeune militant et « conditionna son intérêt pour la vie politique ». De cette gauche à coloration « sociale-démocrate » à la « droite » d’Alain Juppé, il s’écoula moins d’une décennie durant laquelle Edouard Philippe acheva l’ENA dans la botte (après en avoir préparé le concours d’entrée en compagnie de Jérôme Guedj, actuellement député PS de l’Essonne, dans les bureaux du sénateur Jean-Luc Mélenchon…). Est-ce donc que de jeune homme de gauche, Edouard Philippe soit devenu un homme de droite ? Ou est-ce alors que ce qualificatif que les médias radotent depuis hier ne sert qu’à masquer, derrière de fallacieuses catégories, le renoncement de la « droite de gouvernement » aux convictions de droite, sa soumission intellectuelle à la gauche, et l’incroyable pouvoir de nuisance d’un centre électoralement inexistant mais en train de réussir une captation politique de premier ordre sur les ruines du PS et le futur éclatement de LR ?

On l’a dit et répété dans nos milieux, Macron est le fils spirituel de François Hollande, mais il l’est tout autant d’Alain Juppé ! La présence d’Edouard Philippe à la tête du gouvernement n’en est qu’une confirmation : c’est la fausse droite, vrai centre politique et intellectuellement supplétive de la gauche, qui va s’allier au sein de La République en Marche avec la gauche notable et le centre-gauche d’un Bayrou. Le Maire, Estrosi, Raffarin, NKM, se bousculent déjà pour les futures places, et comme Juppé, ils sont favorables à toutes les lois destructrices que la gauche a pensées et mises en œuvre (le « mariage » homosexuel, bientôt la PMA élargie, la facilitation démente de l’avortement et l’extension du délit d’entrave, le laxisme judiciaire, etc.), ils sont immigrationnistes, ils n’ont que complaisance vis-à-vis de l’islam, mépris des traditions, ils se précipitent au service d’un président qui va encore plus assommer les classes moyennes d’impôts (la CSG, réalisation rocardienne !), et j’en passe. Ils ne sont pas de droite. Pas plus qu’Edouard Philippe.

Certains commentateurs, comme Eric Zemmour ce matin, voient dans le carnaval en cours une reconfiguration du spectre politique autour d’une grande coalition centriste (à l’allemande, bien sûr !), sorte de parti unique qui ne dit pas son nom, avec une opposition à droite et à gauche. Certes, mais quelle droite et quels hommes pour s’opposer à ce désastreux ventre mou ? Les restes du parti LR s’alliant à un Front National embourbé dans la ligne Philippot, ce néo-chevénementisme ouvertement contesté au sein du parti depuis le catastrophique deuxième tour ? Sur quelle base ? Car s’il s’agit de continuer l’attitude idéologique qui a tué la vraie droite depuis des décennies, c’est-à-dire donner la primauté à l’économique, eh bien la bonne bourgeoisie votera pour les émules de Fillon (fiscalité, retraite et pouvoir d’achat) et le FN rabâchera dans le vide son obsession anti-euro, et la France continuera sa course à l’abîme. Négligés ou niés, l’identité, l’invasion migratoire, le danger islamique, le désastre scolaire, la grandeur du pays, la souveraineté du peuple, la sécurité, le respect de la vie et de la famille, la préparation aux périls futurs. Tant pis pour la France.

Mais la vie est pleine de surprises.

Pierre Henri