INSTITUT DU
PAYS LIBRE
Texte
d’analyse et de proposition
Bernard Antony
Après le
triomphe du candidat du néo-totalitarisme,
l’urgence est
de reconstruire une droite de conviction
La funeste
élection d’Emmanuel Macron est l’aboutissement d’un demi-siècle de
déconstruction spirituelle, culturelle, sociale et politique de la patrie
française.
L’homme de
l’utopie du « meilleur des mondes » aura été porté à la tête de
l’État français par un processus correspondant parfaitement à la définition du
« génocide » formulée dans les années 1930 par le créateur même de ce
terme, le grand magistrat juif polonais, Raphaël Lemkin : « Tout
plan méthodiquement coordonné pour anéantir la vie et la culture d’un peuple
par la destruction de son unité biologique et spirituelle ».
Après le
génocide des Arméniens, le génocide des Ukrainiens, le génocide des juifs, un
processus plus sophistiqué de génocide sous anesthésie de la France et d’autres
patries d’Europe a été en effet méthodiquement poursuivi par les tenants des
idéologies matérialistes convergentes du communisme et du
libéral-socialisme :
- génocide
spirituel et moral par la déchristianisation et le déracinement des valeurs
gréco-latines et judéo-chrétiennes fondatrices de notre civilisation
- génocide
culturel par toutes les déconstructions dans la transmission de la langue
française, de la culture et de l’histoire, voulues et perpétrées dans
l’obsession pseudo-progressiste et archéo-révolutionnaire de « faire du
passé table rase »
- génocide
physique et démographique enfin par la conjugaison de la culture de mort de
l’avortement et de l’euthanasie et le choix délibéré d’une immigration de
submersion-désintégration, dans une subversion de la valeur de charité sous le
mensonge de l’antiracisme.
Quoique osant
citer, mais à contre sens, notre chère Simone Weil, l’admirable mystique des
« Intuitions préchrétiennes » et de la nécessité universelle de
l’enracinement, Emmanuel Macron est l’élu de l’idéologie nihiliste de
l’antiracisme, racisme en sens contraire, égout collecteur de toutes les
déconstructions et théories du déracinement culminant aujourd’hui dans le
meilleur des mondes du transhumanisme.
Face à lui
hélas, Marine Le Pen, malgré son indéniable courage, son opiniâtreté et ses
formes d’attachement à certaines valeurs et d’abord, certes, celle de la
souveraineté nationale, n’a pas triomphé.
Bien que son
programme n’ait été pour nous que celui d’un « moindre mal » face au
pire du macronisme, nous avons voté et fait voter pour elle. Nous lui avons
volontiers pardonné la réitération de quelque stupide dérision à notre égard
tenant hélas, plus gravement, à des traits de caractère et de comportement qui
lui ont été fatals dans son débat face à Macron.
Mais surtout
selon l’orientation idéologique du « ni droite ni gauche » partagée
avec son porte-parole, au demeurant intelligent et habile, Florian Philippot,
elle a par trop proposé les vieilles idées d’un archaïque laïcisme jacobin et
d’une conception par trop ultra-centralisatrice de la République. Et elle n’a
donc pas défendu les idées de salut public de la droite véritable, la droite de
conviction.
En outre,
intelligente mais manquant d’une certaine culture politique, notamment
historiquement, elle s’est hélas laissé entrainer et dominer sans toujours
trouver les répliques nécessaires dans des débats historiques passéistes et
idéologiques.
Voici donc
quelques réflexions sur la campagne de Marine Le Pen.
- S’inclinant
désormais devant le grand tabou totalitaire de la sacralisation de
l’avortement, elle a donc abandonné toute proposition, même minime, d’aide au
choix de la vie. Il est vrai, à sa décharge, que sur ce sujet la conférence
épiscopale française ne brille que par son silence, tout comme les autres
autorités religieuses. Mais justement il n’est pas du tout nécessaire d’être
catholique, mais simplement humaniste, au sens vrai du terme, pour manifester
quelque préférence pour le respect de la vie innocente et trouver des mots que
ne condamneront pas la majorité de nos compatriotes.
- Sur le
terrorisme et l’insécurité en général, Marine Le Pen a formulé de justes
observations et fait de bonnes propositions.
Mais on ne
saurait combattre le mal, si on ne le prend pas à la racine, si on ne remet pas
en cause, comme l’a fait le maréchal Sissi lui-même, la sacralisation des
textes de l’islam, Coran et Hadith, sur lesquels se fonde la théocratie
totalitaire islamique.
Pourtant, le
fait de demander une lecture critique de l’islam, telle que les catholiques
l’ont acceptée pour l’histoire de leur religion, ne peut être offensant pour
les musulmans non fanatiques.
- Sur les
questions ayant trait à Vichy, au Vel d’Hiv et à la collaboration, Marine a
certes raison de condamner tout négationnisme. Mais en quelques secondes, et
sans accepter de se perdre dans de fuligineux débats inquisitoriaux, il lui
aurait été possible de calmement formuler les rappels suivants :
- Le drame de la France sous Vichy a
d’abord été celui de la défaite, une défaite due à l’impéritie des gouvernements
de la IIIe République et notamment ceux du Front populaire.
- La Résistance a été initiée par des
hommes appartenant à ce que, avec haine et mépris, Macron et tant d’autres
ignares de gauche et de droite désignent fallacieusement comme « l’extrême-droite » :
le premier fusillé de la Résistance : l’officier de marine, royaliste,
Honoré d’Estiennes d’Orves, et Madeleine Fourcade, et le colonel Rémy et le
général Guillain de Bénouville, compagnon de la Libération et ami de Jean-Marie
Le Pen, et Albert Bénard, et Maurice Duclos, et Roger de la Grandière, et Henri
d’Astier de la Vigerie et Alain Griotteray. Et aussi, ceux qui, plus tard,
seront des élus, des militants ou des amis du Front National et aussi de
l’AGRIF ou de Chrétienté-Solidarité, le compagnon de la Libération, député
européen lepéniste, Michel de Camaret, et encore, le légendaire héros de la
guerre et de la Résistance Jean-Baptiste Biaggi, et l’ambassadeur Albert
Chambon, et le héros du ciel Pierre Clostermann.
Et pour en finir
avec le manichéisme qui pourrit la vie politique et culturelle, il lui aurait
été possible de rappeler très brièvement encore que la collaboration fut
essentiellement le fait de grands leaders de l’extrême-gauche ou de la gauche,
de citer au moins le communiste Jacques Doriot, le socialiste Marcel Déat, le
radical Pierre Laval et que le chef de la police de Vichy était René Bousquet
qui fut l’ami de François Mitterrand et l’administrateur principal de La
Dépêche du Midi, « compagnon » de madame Evelyne Baylet et que
Maurice Papon, lui, avait été après Vichy, ministre du général de Gaulle.
Et pourquoi
Marine Le Pen n’a-t-elle-même pas évoqué d’un mot que le premier parti de la
collaboration fut d’abord, en France, le Parti communiste appuyant de toute sa
propagande éhontée l’accord Hitler-Staline ? Or, si la monstruosité
génocidaire du nazisme doit en effet être rappelée contre tout négationnisme,
celle de la monstruosité de cent ans de communisme aux plus de cent millions
d’exterminés ne devrait-elle pas l’être tout autant ? Or, dans ses propos,
rien sur cela ! Pour ne pas déplaire à la ligne Philippot ? Pour ne
pas déplaire aux électeurs de Mélenchon ? Quelle erreur ! Le
négationnisme des innombrables crimes contre l’humanité du racisme communiste
par le mémoricide historique et politico-culturel n’est-il pas un immense
crime ? Et c’est ainsi que les ex-maoïstes Bernard-Henri Levy ou Bernard
Kouchner et tant d’autres ex-militants communistes, staliniens, trotskistes ou
maoïstes comme ces deux-là, ont, sans risque de cinglantes réparties, attaqué
haineusement le Front National avec les grosses ficelles des propagandes du
néo-totalitarisme.
Sur un autre
registre du passéisme encombrant la campagne électorale, nous approuvons Marine
d’avoir voulu rassembler des gaullistes autour d’elle. On peut certes admirer
le rôle majeur du général de Gaulle dans la résistance à l’Allemagne nazie et
encore sa dimension de grand politique machiavélien.
Mais
l’incantation gaullolâtre, la référence constante au modèle gaullien, ne
sauraient faire oublier la complicité du général de Gaulle par ses ordres de
non-assistance à population en danger de crimes contre l’humanité, hélas
perpétrés sur tant de nos compatriotes d’Algérie, pieds noirs, juifs ou
musulmans fidèles, suppliciés par dizaines de milliers. Ce dont ne semblent se
souvenir ni Macron, ni Dupont-Aignan ou Philippot. Et c’est pourtant une tache
indélébile.
Après tous ces
points relevant des grands enjeux de la vie et de la civilisation, et des
manipulations d’un passé décomposé et recomposé comme dans 1984, le
grand roman prophétique de Georges Orwell, les positions du programme très
étatiste de Marine Le Pen sur les questions monétaires, économiques et sociales
n’emportaient que partiellement notre adhésion. Et de surcroit, hélas, sans
doute fatiguée, elle s’est mal défendu sur les questions industrielles et
commerciales
À l’évidence une
réapparition politique de la droite de conviction s’impose donc aujourd’hui.
Libre à Marine Le Pen et à Philippot d’en finir avec le Front National qu’ils
n’ont pas jusqu’ici amélioré en tous domaines. Et d’ailleurs n’est-il pas mieux
ou au moins plus clair qu’ils l’engagent encore plus à gauche ?
Mais ce dont la
France a besoin, c’est d’un mouvement novateur de défense des valeurs du
respect de la vie et de la famille, des libertés professionnelles et scolaires.
Il faut impérativement pour l’avenir de notre pays et de notre Europe que soit
rééquilibré sur ses valeurs de droite le mouvement patriotique français.
À cette fin,
l’Institut du Pays Libre émet la proposition que les principales personnalités
libres et indépendantes de la droite de conviction, dans le Front National et
hors du Front National, se concertent pour bâtir un pôle de propositions
politiques et de reconstruction.
Les bonnes
journées de Béziers l’an passé, organisées par l’excellent maire Robert Ménard,
ont été sans doute dans cette perspective mais sans vraiment viser à déboucher
sur du concret.
Il ne serait
pas, à notre sens, nécessaire de vouloir refaire cela mais d’établir plutôt une
rencontre entre un certain nombre de responsables politiques et culturels tels
que, par exemple, au gré de notre plume, sans aucun ordre de préséance, Robert
Ménard, Jacques Bompard, Karim Ouchik, Cécile Eidel, Gabrielle Cluzel, Jeanne
Smits, Guillaume de Thieulloy, Philippe de Villiers, Gilles-William Goldnadel.
Cela ne pourra
peut-être pas être publiquement lancé avant les prochaines élections
législatives, avant lesquelles des candidats du Front National hésiteront
encore hélas, ils sont ainsi faits, à se libérer d’une excessive tyrannie
d’appareil de parti. Mais, pour la survie de la France selon les valeurs
fondatrices de son identité et leur adaptation à la modernité, cette rencontre
pour la refondation est une nécessité. Puisse-t-elle d’ores et déjà être
préparée.