J’ai entendu hier matin à la
radio l’annonce de la programmation à Paris et dans quelques-unes de nos
grandes villes du spectacle de l’un des Chœurs de l’armée rouge pour commémorer
la révolution d’Octobre !
On se souvient que le plus
important de ces Chœurs (au nombre de trois) a été tristement anéanti un peu
avant Noël dans le « crash » de l’avion qui devait l’acheminer en Syrie
pour se produire pour les fêtes devant les troupes russes dans ce pays. Comme je
l’écrivais sur ce blog, je ne doutais pas qu’il serait très vite reconstitué
tant l’armée russe ne manque pas de magnifiques chanteurs et danseurs.
Outre les Chœurs de l’armée
rouge, il y a aussi les Chœurs de l’armée russe.
Le régime actuel n’est certes plus
celui du totalitarisme de l’URSS que le parti communiste dirigeait d’une main
de fer depuis la prise du pouvoir à Saint-Pétersbourg par les bolchéviques le
26 octobre (dans le calendrier Julien, le 7 novembre dans notre calendrier
grégorien). Mais faut-il qu’il maintienne alors ces Chœurs portant ce nom ?
Car la toute récente « armée
rouge », principalement façonnée par Trotski, alors n° 2 de Lénine, assura
alors en octobre 1917 la transformation de l’armée russe qui en prit aussitôt
le nom. Et avec la révolution fut aussitôt établie la soumission politique de l’armée
à la « Tchéka », la police politique nouvellement créée par le
démoniaque Fouquier-Tinville de Lénine, Félix Dzerjinski.
Le nom de la Tchéka est formé par
l’acronyme russe d’un long intitulé commençant par « Commission de lutte
contre la contre-révolution… ». La Tchéka fut dès les premiers jours de la
révolution, l’instrument de la terreur, officialisé le 20 décembre, et dont les
effectifs allaient sans cesse croître.
La police politique du tsarisme,
l’Okrana, avait compté 15 000 membres au plus fort de son effectif tandis
que déjà, en 1921, l’effectif de la Tchéka atteignait 260 000 membres. « Tout
bon communiste doit être un bon tchékiste ! », rappelaient sans cesse
Lénine et Trotski. Et l’armée rouge eut alors à seconder partout, autant que de
besoin, la Tchéka dans ses missions de terreur assez semblables à celles des « colonnes
infernales » constituées en 1793, en France, pour perpétrer l’anéantissement
de la Vendée ordonné par la Convention de Robespierre.
Dzerjinski, monstre de cruauté,
conduisait sans cesse lui-même les interrogatoires avec l’assistance de « spécialistes »
chinois de l’arrachement des chairs des victimes. Il leur donnait pour mission
de « faire souffrir le plus possible et le plus longtemps possible ».
Cela, c’était dans l’immense immeuble de la Tchéka transportée à Moscou et
portant le nom de la rue : « la Loubianka ». Mais en bien des
lieux, l’armée rouge, supplétive de la Tchéka, se livra dans le contexte de la
guerre contre les blancs aux pires abominations sur les populations civiles et
aux exterminations des classes sociales léninistement promises à l’anéantissement.
Un immense travail de science
historique a été mené sur cela et sur les autres phases d’horreur partout dans
le monde communiste, notamment par Robert Conquest, Nicolas Werth, Stéphane
Courtois, Thierry Wolton, et bien sûr Soljenitsyne.
Citons aussi Arcady Stolypine et
Dimitri Stolypine, le fils et le petit-fils du grand ministre russe, Piotr
Stolypine assassiné en 1911. Dans leur livre « Les pourvoyeurs du Goulag »,
ils brossent dans l’exercice de sa perversité sadique sans limite le personnage
de Dzerjinski dont le grand portrait est toujours dans la salle d’honneur de la
Loubianka, désormais siège du FSB, la Tchéka ayant été successivement désignée
sous les sigles de GPU, NKVD, KGB, FSB enfin.
C’est donc une bien étrange chose
que cette commémoration de la Révolution d’octobre par les actuels Chœurs de l’armée
rouge.
Certains disent sur cela que les
Russes ont raison d’assumer toute leur histoire. Ce n‘est pas sérieux. Enseigner
toute l’histoire de son pays, c’est une chose, « l’assumer » qu’est-ce
que cela veut dire exactement ? Si cela signifie ne pas occulter, d’accord !
Mais si cela veut dire accepter voire honorer tout du passé, y compris les
abominations, alors non !
Faudrait-il alors, pour nous
Français, honorer les massacres de nos guerres de religion, la guillotine et
les colonnes infernales, les atrocités sous l’occupation et celles de la
Libération ?
Faudrait-il alors aussi que les
Allemands honorent Hitler et le nazisme ? Et les Américains Hiroshima et
Nagazaki ? Et si la commémoration signifie l’occultation voire la négation
des crimes, comment ne pas condamner, autant que le négationnisme des
exterminations perpétrées par les Jeunes-Turcs et les nazis, celui des
atrocités et génocides commis par les régimes communistes ? Comment oublier
un bilan de victimes directes de plus de cent millions sciemment massacrées,
chiffre scientifiquement irréfutable ; et en ne tenant pas compte des
morts à la guerre ni du fait des contrecoups démographiques ou sur la santé ?
On le voit, la Russie, qui n’est
heureusement plus communiste, s’honorerait à en rien occulter de la période
sous laquelle elle a été « Union soviétique ».
Plus que jamais, car le
communisme n’est pas mort partout, il faut exiger comme nous n’avons cessé de
le faire, le grand tribunal de l’histoire pour juger de ses immenses crimes contre l’humanité, en Russie et
ailleurs.