lundi 27 mars 2017

Octobre rouge, cent ans. Le procès plus que jamais nécessaire.




J’ai entendu hier matin à la radio l’annonce de la programmation à Paris et dans quelques-unes de nos grandes villes du spectacle de l’un des Chœurs de l’armée rouge pour commémorer la révolution d’Octobre !

On se souvient que le plus important de ces Chœurs (au nombre de trois) a été tristement anéanti un peu avant Noël dans le « crash » de l’avion qui devait l’acheminer en Syrie pour se produire pour les fêtes devant les troupes russes dans ce pays. Comme je l’écrivais sur ce blog, je ne doutais pas qu’il serait très vite reconstitué tant l’armée russe ne manque pas de magnifiques chanteurs et danseurs. 

Outre les Chœurs de l’armée rouge, il y a aussi les Chœurs de l’armée russe. 

Le régime actuel n’est certes plus celui du totalitarisme de l’URSS que le parti communiste dirigeait d’une main de fer depuis la prise du pouvoir à Saint-Pétersbourg par les bolchéviques le 26 octobre (dans le calendrier Julien, le 7 novembre dans notre calendrier grégorien). Mais faut-il qu’il maintienne alors ces Chœurs portant ce nom ?

Car la toute récente « armée rouge », principalement façonnée par Trotski, alors n° 2 de Lénine, assura alors en octobre 1917 la transformation de l’armée russe qui en prit aussitôt le nom. Et avec la révolution fut aussitôt établie la soumission politique de l’armée à la « Tchéka », la police politique nouvellement créée par le démoniaque Fouquier-Tinville de Lénine, Félix Dzerjinski. 

Le nom de la Tchéka est formé par l’acronyme russe d’un long intitulé commençant par « Commission de lutte contre la contre-révolution… ». La Tchéka fut dès les premiers jours de la révolution, l’instrument de la terreur, officialisé le 20 décembre, et dont les effectifs allaient sans cesse croître. 

La police politique du tsarisme, l’Okrana, avait compté 15 000 membres au plus fort de son effectif tandis que déjà, en 1921, l’effectif de la Tchéka atteignait 260 000 membres. « Tout bon communiste doit être un bon tchékiste ! », rappelaient sans cesse Lénine et Trotski. Et l’armée rouge eut alors à seconder partout, autant que de besoin, la Tchéka dans ses missions de terreur assez semblables à celles des « colonnes infernales » constituées en 1793, en France, pour perpétrer l’anéantissement de la Vendée ordonné par la Convention de Robespierre. 

Dzerjinski, monstre de cruauté, conduisait sans cesse lui-même les interrogatoires avec l’assistance de « spécialistes » chinois de l’arrachement des chairs des victimes. Il leur donnait pour mission de « faire souffrir le plus possible et le plus longtemps possible ». Cela, c’était dans l’immense immeuble de la Tchéka transportée à Moscou et portant le nom de la rue : « la Loubianka ». Mais en bien des lieux, l’armée rouge, supplétive de la Tchéka, se livra dans le contexte de la guerre contre les blancs aux pires abominations sur les populations civiles et aux exterminations des classes sociales léninistement promises à l’anéantissement. 

Un immense travail de science historique a été mené sur cela et sur les autres phases d’horreur partout dans le monde communiste, notamment par Robert Conquest, Nicolas Werth, Stéphane Courtois, Thierry Wolton, et bien sûr Soljenitsyne.

Citons aussi Arcady Stolypine et Dimitri Stolypine, le fils et le petit-fils du grand ministre russe, Piotr Stolypine assassiné en 1911. Dans leur livre « Les pourvoyeurs du Goulag », ils brossent dans l’exercice de sa perversité sadique sans limite le personnage de Dzerjinski dont le grand portrait est toujours dans la salle d’honneur de la Loubianka, désormais siège du FSB, la Tchéka ayant été successivement désignée sous les sigles de GPU, NKVD, KGB, FSB enfin. 

C’est donc une bien étrange chose que cette commémoration de la Révolution d’octobre par les actuels Chœurs de l’armée rouge. 

Certains disent sur cela que les Russes ont raison d’assumer toute leur histoire. Ce n‘est pas sérieux. Enseigner toute l’histoire de son pays, c’est une chose, « l’assumer » qu’est-ce que cela veut dire exactement ? Si cela signifie ne pas occulter, d’accord ! Mais si cela veut dire accepter voire honorer tout du passé, y compris les abominations, alors non ! 

Faudrait-il alors, pour nous Français, honorer les massacres de nos guerres de religion, la guillotine et les colonnes infernales, les atrocités sous l’occupation et celles de la Libération ? 

Faudrait-il alors aussi que les Allemands honorent Hitler et le nazisme ? Et les Américains Hiroshima et Nagazaki ? Et si la commémoration signifie l’occultation voire la négation des crimes, comment ne pas condamner, autant que le négationnisme des exterminations perpétrées par les Jeunes-Turcs et les nazis, celui des atrocités et génocides commis par les régimes communistes ? Comment oublier un bilan de victimes directes de plus de cent millions sciemment massacrées, chiffre scientifiquement irréfutable ; et en ne tenant pas compte des morts à la guerre ni du fait des contrecoups démographiques ou sur la santé ?

On le voit, la Russie, qui n’est heureusement plus communiste, s’honorerait à en rien occulter de la période sous laquelle elle a été « Union soviétique ». 

Plus que jamais, car le communisme n’est pas mort partout, il faut exiger comme nous n’avons cessé de le faire, le grand tribunal de l’histoire pour juger de ses immenses  crimes contre l’humanité, en Russie et ailleurs.