mardi 10 janvier 2017

Georges Prêtre : A Dieu, Maître…


Pardonnez ce vocable qui ne vous plaisait pas ! tant votre humilité vous plaçait au rang - peu répandu- des grands serviteurs de la Musique. Et pourtant, vous étiez et vous serez encore longtemps un Maître musicien. Votre conception de cet Art a marqué pour toujours l’interprétation musicale.



Georges Prêtre s’imprégnait totalement, longuement d’une oeuvre avant de s’y abandonner et d’entraîner, dans une merveilleuse compréhension de l’intention du compositeur, les musiciens de l’orchestre. Respect, humilité mais aussi élégance et autorité donnaient à ce chef une force intérieure qui avait séduit les plus grandes phalanges. Les musiciens - ceux qui sont sensibles à la spiritualité qui anime les grandes oeuvres, ceux qui savent distinguer les batteurs de mesure des re-créateurs de l’art éphémère - demandaient à être dirigés par celui qui disait « travailler et aimer, pour moi, c’est pareil ! ». Le « sculpteur de l’invisible » avait acquis une culture gigantesque qui influençait son style et donnait à ses interprétations une liberté qui lui sera souvent contestée. Or, cette originalité rapprochait le musicien du philosophe : une pensée claire enracinée dans la plus authentique tradition séduisait le monde au cours de ses tournées de concerts - toujours encensés par la critique -, et de ses rencontres avec les élites intellectuelles et politiques. Il fut un grand ambassadeur de la culture française. 



Un grand ami nous a donc quittés dans l’Espérance chrétienne qu’il a confessée tout au long de sa vie, dans les moments de joie et de jubilation musicale comme dans les drames qui ont frappé sa famille - le rappel à Dieu de son fils l’avait évidemment accablé. Le 12 octobre dernier, il triomphait encore dans sa Vienne chérie et ce samedi 7 janvier, il souhaitait une messe d’inhumation « dans le silence qu’il affectionnait tant, le silence de la mort, c’est le signal que quelque chose de beau, de grand va advenir, comme une entrée dans un autre monde…le monde de la musique! »

…et je me permets d’ajouter le monde de l’Eternité.



Didier ROCHARD