Pardonnez
ce vocable qui ne vous plaisait pas ! tant votre humilité vous plaçait au rang
- peu répandu- des grands serviteurs de la Musique. Et pourtant, vous étiez et
vous serez encore longtemps un Maître musicien. Votre conception de cet Art a
marqué pour toujours l’interprétation musicale.
Georges
Prêtre s’imprégnait totalement, longuement d’une oeuvre avant de s’y abandonner
et d’entraîner, dans une merveilleuse compréhension de l’intention du
compositeur, les musiciens de l’orchestre. Respect, humilité mais aussi
élégance et autorité donnaient à ce chef une force intérieure qui avait séduit
les plus grandes phalanges. Les musiciens - ceux qui sont sensibles à la
spiritualité qui anime les grandes oeuvres, ceux qui savent distinguer les
batteurs de mesure des re-créateurs de l’art éphémère - demandaient à être
dirigés par celui qui disait « travailler
et aimer, pour moi, c’est pareil ! ». Le « sculpteur de l’invisible » avait acquis une culture
gigantesque qui influençait son style et donnait à ses interprétations une
liberté qui lui sera souvent contestée. Or, cette originalité rapprochait le
musicien du philosophe : une pensée claire enracinée dans la plus authentique
tradition séduisait le monde au cours de ses tournées de concerts - toujours
encensés par la critique -, et de ses rencontres avec les élites
intellectuelles et politiques. Il fut un grand ambassadeur de la culture
française.
Un
grand ami nous a donc quittés dans l’Espérance chrétienne qu’il a confessée
tout au long de sa vie, dans les moments de joie et de jubilation musicale
comme dans les drames qui ont frappé sa famille - le rappel à Dieu de son fils
l’avait évidemment accablé. Le 12 octobre dernier, il triomphait encore dans sa
Vienne chérie et ce samedi 7 janvier, il souhaitait une messe d’inhumation
« dans le silence qu’il
affectionnait tant, le silence de la mort, c’est le signal que quelque chose de
beau, de grand va advenir, comme une entrée dans un autre monde…le monde de la
musique! »
…et je me permets d’ajouter le
monde de l’Eternité.
Didier ROCHARD