vendredi 27 janvier 2017

Avec le coup du Canard, Fillon a-t-il du plomb dans l’aile ?



Comme Pénélope est anglaise, « wait and see ! »
On verra rapidement si se vérifie en cette affaire l’expression « tout ce qui ne tue pas renforce ». Mais, comme tous les proverbes, elle n’a qu’une valeur conjoncturelle. Car très souvent, un coup, sans tuer immédiatement, peut causer une blessure finalement mortelle.
Une fois de plus, on vérifie la richesse de la mythologie pour éclairer analogiquement ou mimétiquement le présent. Dans le livre consacré à Odyssée (« Ulysse ») devenue éponymement l’Odyssée, Homère nous conte superbement la vertu de Pénélope attendant sans jamais désespérer le retour à Ithaque de son mari. 
Comme elle est belle, et riche, elle est environnée de prétendants et est sous la pression de proches l’exhortant à se remarier enfin après tant d’années d’attente du malheureux Ulysse, qui sans aucun doute, pensent-ils, après  une si longue absence, ne reviendra pas.
Pénélope, faisant semblant de leur céder pour avoir la paix, a promis qu’elle consentirait à prendre un nouvel époux mais seulement dès qu’elle aurait terminé de tisser sa tapisserie. Aussi elle ne cesse de tisser le jour mais, la nuit, de défaire son ouvrage.
Jusqu’ici, on avait de Pénélope Fillon l’image d’une discrète épouse élevant ses enfants, s’adonnant volontiers, comme celle d’Ulysse, à tisser, broder ou filer sa quenouille. En fait, quoique discrète, elle n’était pas, selon son époux, que femme au foyer mais moyennant salaire, durant un certain nombre d’années, une active assistante parlementaire. Mais voici que pèse désormais sur les Fillon l’accusation d’emploi fictif de Pénélope, sorte de délit qui a déjà valu les déboires et condamnations que l’on sait à Chirac et à Juppé, à la différence qu’il s’agissait alors de salaires payés non à des proches mais par la mairie de Paris à des collaborateurs du parti chiraquien.
Dans l’état actuel de ce que rapportent les medias, sans doute pas majoritairement fillonistes, rien ne permet d’affirmer que François et Pénélope ont enfreint la loi.
Mais, même s’ils sont blanchis, on sait ce qu’il en est de ce genre d’accusation, il risque d’en rester quelque chose. Pour s’en sortir, il faudrait que le courroux de Fillon soit à la hauteur de celui d’Ulysse, sachant magnifiquement occire ces voyous de prétendants.  Car il y a eu bien évidemment quelqu’un dans le microcosme parlementaire pour porter l’affaire au Canard Enchaîné. Et pourquoi maintenant ?
Or si ce n’est certain, il est du moins plausible qu’il peut s’agir d’un proche d’un « prétendant » ou d’un « prétendant » lui-même à la magistrature suprême, un concurrent ou un éliminé, avec peut-être quelque espoir de retour. 
Dans ce cas, on verra si, pour venger l’honneur de sa Pénélope, François Fillon saura, tel Ulysse, occire l’infâme et conquérir alors dans la foulée « l’île des bienheureux » (Makarôn nêsoi), encore appelée Élysée par Homère et Hésiode. Mais il faut se souvenir de ce que plus tard, pour Platon et pour Virgile dans l’Énéide, l’Élysée était une partie des Enfers gouvernée par Rhadamante. Mais pas la pire puisque c’était le lieu de séjour provisoire des âmes bonnes avant leur réincarnation. 
On comprend aussi qu’aspire à cette « Makarôn nêsoi » monsieur Macron qui, de surcroît, est prénommé Emmanuel (Dieu parmi nous) et que Marine, qui sait naviguer, veuille aussi aborder cette « île des bienheureux ».
Mythologie, quand tu nous tiens !