Comme Pénélope est anglaise, « wait
and see ! »
On verra rapidement si se vérifie
en cette affaire l’expression « tout ce qui ne tue pas renforce ». Mais,
comme tous les proverbes, elle n’a qu’une valeur conjoncturelle. Car très
souvent, un coup, sans tuer immédiatement, peut causer une blessure finalement
mortelle.
Une fois de plus, on vérifie la
richesse de la mythologie pour éclairer analogiquement ou mimétiquement le
présent. Dans le livre consacré à Odyssée (« Ulysse ») devenue
éponymement l’Odyssée, Homère nous conte superbement la vertu de Pénélope
attendant sans jamais désespérer le retour à Ithaque de son mari.
Comme elle est belle, et riche,
elle est environnée de prétendants et est sous la pression de proches l’exhortant
à se remarier enfin après tant d’années d’attente du malheureux Ulysse, qui
sans aucun doute, pensent-ils, après une
si longue absence, ne reviendra pas.
Pénélope, faisant semblant de
leur céder pour avoir la paix, a promis qu’elle consentirait à prendre un
nouvel époux mais seulement dès qu’elle aurait terminé de tisser sa tapisserie.
Aussi elle ne cesse de tisser le jour mais, la nuit, de défaire son ouvrage.
Jusqu’ici, on avait de Pénélope Fillon
l’image d’une discrète épouse élevant ses enfants, s’adonnant volontiers, comme
celle d’Ulysse, à tisser, broder ou filer sa quenouille. En fait, quoique
discrète, elle n’était pas, selon son époux, que femme au foyer mais moyennant
salaire, durant un certain nombre d’années, une active assistante parlementaire.
Mais voici que pèse désormais sur les Fillon l’accusation d’emploi fictif de
Pénélope, sorte de délit qui a déjà valu les déboires et condamnations que l’on
sait à Chirac et à Juppé, à la différence qu’il s’agissait alors de salaires payés
non à des proches mais par la mairie de Paris à des collaborateurs du parti
chiraquien.
Dans l’état actuel de ce que
rapportent les medias, sans doute pas majoritairement fillonistes, rien ne
permet d’affirmer que François et Pénélope ont enfreint la loi.
Mais, même s’ils sont blanchis, on
sait ce qu’il en est de ce genre d’accusation, il risque d’en rester quelque
chose. Pour s’en sortir, il faudrait que le courroux de Fillon soit à la
hauteur de celui d’Ulysse, sachant magnifiquement occire ces voyous de prétendants.
Car il y a eu bien évidemment quelqu’un
dans le microcosme parlementaire pour porter l’affaire au Canard Enchaîné. Et
pourquoi maintenant ?
Or si ce n’est certain, il est du
moins plausible qu’il peut s’agir d’un proche d’un « prétendant » ou
d’un « prétendant » lui-même à la magistrature suprême, un concurrent
ou un éliminé, avec peut-être quelque espoir de retour.
Dans ce cas, on verra si, pour
venger l’honneur de sa Pénélope, François Fillon saura, tel Ulysse, occire l’infâme
et conquérir alors dans la foulée « l’île des bienheureux » (Makarôn
nêsoi), encore appelée Élysée par Homère et Hésiode. Mais il faut se souvenir de
ce que plus tard, pour Platon et pour Virgile dans l’Énéide, l’Élysée était une
partie des Enfers gouvernée par Rhadamante. Mais pas la pire puisque c’était le
lieu de séjour provisoire des âmes bonnes avant leur réincarnation.
On comprend aussi qu’aspire à
cette « Makarôn nêsoi » monsieur Macron qui, de surcroît, est
prénommé Emmanuel (Dieu parmi nous) et que Marine, qui sait naviguer, veuille
aussi aborder cette « île des bienheureux ».
Mythologie, quand tu nous tiens !