La simultanéité du
déplacement de François dans l’île grecque de Lesbos et de celui de notre
encore président de la République n’est pas de surcroît sans analogies de
postures et de politique.
Pour ce qui est du
premier, son geste consistant à ramener avec lui à Rome 12 quémandeurs d’asile,
tous musulmans, s’inscrit évidemment dans sa « praxis », mot jusqu’ici
du vocabulaire et de l’idéologie marxiste, signifiant que l’action est
supérieure au Verbe.
François l’a utilisé
dans sa dernière exhortation post-synodale, premier pape à faire ce curieux
emprunt à la phraséologie marxiste-léniniste. À Lesbos il a voulu accomplir une
action à haute portée significative allant en effet au-delà de ses appels et de
sa pression politique sur les États européens et leurs institutions pour des
mesures d’accueil sans limite et sans aucune discrimination de toutes les
populations désireuses de s’installer en Europe.
Or, si les unes fuient
la guerre, très nombreuses sont celles aussi qui migrent dans l’espoir de
meilleures conditions de vie et de protection sociale.
Mais le pape entend
manifestement balayer toute objection prudentielle sur les déséquilibres et les
nouvelles situations conflictuelles qu’entraîneront toujours plus des
implantations massives de populations dont l’assimilation à la culture de ceux
qui les reçoivent ne sera pas forcément la préoccupation essentielle.
On sait combien il
traite avec impatience ceux qui lui parlent des dangers d’un tel processus pour
le présent et l’avenir du bien commun des nations européennes. François d’évidence
n’est pas dans la continuité des soucis de saint Jean-Paul II qui lançait son
exhortation pressante : « Tenez à l’identité culturelle de vos nations
comme à la prunelle de vos yeux !». Et qui, dans son livre
testament « Mémoire et identité » exaltait le modèle de « Jean
III Sobieski qui sauva l’Europe du danger ottoman à la bataille de Vienne en 1683
– Victoire qui éloigna ce danger pour l’Europe pour une longue période » (ed.
Flammarion, p 168).
François,
indéniablement, ne veut pas considérer le refus explicite d’accueil de réfugiés
musulmans par la plupart des 57 pays d’islam, et notamment les plus riches, tous
adhérents à l’OCI (l’Organisation de la Coopération Islamique), institution
fondamentale de « l’oumma » islamique. À ceux-là, il ne réclame rien !
Aussi les migrants
musulmans, en très grande majorité rejoignent quasi inéluctablement les
territoires de forte implantation en Europe de cette « oumma » où s’imposent
totalitairement en tous domaines les prescriptions de la loi islamique, la
charia.
Même s’il semble qu’il n’ait
guère lu le Coran et les Hadîths qui, contrairement à ce qu’il affirme sans
savoir, ne sont pas des livres de paix et de tolérance, François ne peut
ignorer ce qu’il en est toujours en pays dominés par l’islam des populations
non musulmanes dites « gens du livre », chrétiennes, juives,
zoroastriennes. Elles sont vouées à un sort oscillant « entre jihâd et
dhimmitude » selon l’expression de la grande historienne juive Bat Ye’Or.
La praxis de François
non seulement n’incite pas à une politique de solidarité prioritaire pour nos
frères chrétiens persécutés mais il pose un acte à des fins d’exemplarité.
Veut-il que soit prépondérante l’implantation en
Europe des masses islamiques alors que s’enflent les vagues migratoires des
fidèles de l’oumma en un phénomène que nous avons qualifié de « tsunamigration » ?
On pourra toujours
débattre pour savoir si François entendait imposer une politique selon sa
charité ou une charité selon sa politique.
Mais il nous semble que
la charité en politique avait toujours pour le moins consisté à épargner aux
peuples des politiques s’étant avérées catastrophiques pour d’autres.
Et justement, nous
revoilà sur l’exemple du Liban où l’on sait de quel prix de guerre civile fut
payé l’accueil généreux sans mesures de prudence appropriée de Palestiniens
fuyant jadis le jeune État d’Israël.
Ce Liban, en grande
partie enclavé dans la Syrie, a aujourd’hui reçu environ un million et demi de
réfugiés. Mais la vérité aussi, c’est que chacune de ses trois composantes
majeures de population a accueilli ses réfugiés « frères » à des fins
d’équilibre numérique et de survie : les sunnites avec les sunnites, les
chiites avec les chiites, les chrétiens avec les chrétiens.
François Hollande,
désatreusement inculte sur cette réalité, comme sur tant d’autres, a cru se
rendre plus populaire là-bas que chez nous en allant prodiguer à bon compte des
promesses financières avec un argent que la France n’a pas, à la différence des
puissances islamiques protectrices du chiisme ou du sunnisme.
On ne pouvait être qu’apitoyé
en considérant combien il adoptait mimétiquement les postures du François de
Rome. Mais si ce dernier a suscité la tristesse voire la révolte de tant de
chrétiens se sentant abandonnés, Hollande a du moins réussi à faire pour
quelques heures l’unanimité libanaise : suscitant en effet une moquerie
générale.
Pauvre chrétiens
abandonnés ! Et pauvre France !