lundi 15 juin 2015

« L’Humanité » là où il faut !

Orly-Ouest, 10 h ce matin, salle d’embarquement n° 20, je m’assieds près du « comptoir-clientèle », un peu fatigué par plusieurs jours très chargés à Paris et surtout par la chaleureuse journée d’hier à la fête de Radio-Courtoisie où j’ai dédicacé une centaine de livres, serré plus encore de mains et embrassé sans les compter beaucoup de ferventes supportrices de notre émission de la Réplique. 

Mais ma fatigue va vite disparaître.

Car, incroyable et même suffocant mais vrai, sur le comptoir est une pile du journal « l’Humanité » à disposition des passagers qui s’informent. Mais voici qu’un homme me ressemblant demande à la personne assise derrière le comptoir ce que fait là cet immonde journal, qui s’illustra par l’ignominie de ses constantes collaborations avec tous les génocideurs bolchéviques et en 1940 avec l’Allemagne nazie. 

Rappelons ici que certains journaux, dont le torchon en question sont d’ordinaire à disposition des passagers dans le couloir menant à l’avion. Jamais jusqu’à ce jour, nous qui prenons l’avion quatre ou six fois par mois, nous n’avions vu un journal mis à disposition en cet endroit réservé aux formalités.

Or, à ce passager qu’elle prend peut-être pour un débile, la greluche va répondre avec l’assurance de sa haute fonction rondecuirale que s’il n’y a que ces journaux, c’est qu’il n’en reste plus des autres. Le passager, ôtant ses lunettes, la considère droit dans les yeux et : « « Vous vous f……… de moi !… Jamais, à ce jour, je n’ai vu de journaux en cette place et c’est ce torchon hitlero-stalinien que vous distribuez monopolistiquement ! »

La préposée à la clientèle ose sèchement lui répondre qu’il n’est pas obligé de prendre le journal. La réplique fuse : « Manquerait plus que ça ! Mais ce canard, en ce lieu distribué, c’est de la propagande marxiste-léniniste stalinoïde et hitléroïde. Enlevez-moi ça fissa ! »

La voix a un peu forci. Des passagers se sont approchés et écoutent. L’homme leur fait un petit rappel de l’histoire de ce journal des camarades. En peu de temps, assez entraîné semble-t-il, il arrive à dire beaucoup de choses : cette ordure d’Aragon chantant le Guépéou, appelant à « l’éclat des fusillades ; Jacques Duclos négociant à la Kommandantur la parution légale du canard puisqu’on y approuvait les accords Hitler-Staline et le dépècement de la Pologne ;  le soutien aux soviétiques massacrant à Budapest, à Prague, à Berlin ; à Gdansk et à Vilnius ; et aux exterminations des hordes rouges en Indochine.

Et puis, sèchement, un dernier avertissement : « Enlevez-moi cette saloperie antidémocratique, antirépublicaine, anticitoyenne ! » Manifestement, l’homme se plaît à utiliser un vocabulaire parfaitement civique. Et puis, « finita la commedia », il saisit le tas « d’Humanité » que la préposée tente en vain de lui arracher avec le renfort peu viril d’un collègue assis à sa droite, aussi soviétoïde qu’elle mais pas du genre kamikaze. 

Come il y a non loin une adéquate poubelle, elle constitue le réceptacle vraiment idoine pour ces « journaux ». Mais la préposée à la clientèle se fâche, s’époumone, glapit, menace et, hargneuse comme une harpie bolchévique, annonce fulminatoire à l’auteur de l’acte ménager qu’elle ira récupérer les canards dès qu’il partira.     

Ce dernier lui lance alors : « Camarade syndiquée, ce sera un bien beau spectacle, tout d’harmonie, que votre tête de kagébiste femenoïde penchée sur la poubelle pour en extraire la prose qui vous convient ». 

Mais à travers le plastique transparent du contenant, on voit que les journaux se sont affalés parmi les gobelets de café et bouteilles diverses. L’employée aéroportuaire maugrée et reprend sa place alors que la clientèle s’impatiente. Quant à l’homme qui a encore quelques minutes avant d’embarquer, il s’assied, avec comme un petit sourire de contentement. De son sac vert, il tire un magazine et l’ouvre bien à la vue de tous : Reconquête.