Sous le titre « j’ai honte ! », dans la
page Débats et Opinions du Figaro de ce jour l’écrivain musulman Salah Stétié,
ancien ambassadeur du Liban, lance un cri d’horreur devant les atrocités
anti-chrétiennes perpétrées par les islamistes. Il renvoie ces tortionnaires à
la lecture qui, selon lui, doit être faite du Coran.
Il
évoque ensuite très bellement ce que le Liban, la culture et la langue arabe
doivent aux chrétiens qu’il supplie à genoux avec des accents émouvants de ne
pas partir. Salah Stétié est à l’évidence de ces musulmans éclairés de la
bourgeoisie libanaise, comme j’en ai connus, très conscients de ce que
l’identité libanaise est modelée par le christianisme depuis bien plus
longtemps que l’apparition de l’islam mais surtout très attachés à la forme de
vie sociale spécifique de cette identité chrétienne du Liban.
Salah
Stétié serait pleinement émouvant s’il ne se référait hélas au Coran de manière
très contestable. Il cite en effet pour exprimer son opposition aux islamistes
les versets 82 et 83 de la sourate
V : « Tu constateras que les hommes les plus proches des croyants par
l’amitié sont ceux qui disent : « Oui, nous sommes chrétiens ! » ;
« Notre Seigneur ! Nous croyons ! Inscris-nous parmi les
témoins ! », et poursuit avec le verset 84 : « Pourquoi ne
croirions-nous pas en Dieu et à la Vérité qui nous est parvenue ? Pourquoi
ne désirerions-nous pas que notre Seigneur nous introduise en la compagnie des
justes ? »
Salah
Stétié omet de citer l’intégralité du verset 83 mentionnant que « leurs
yeux se mouillent » (à la vue du prophète) et que le « inscris-nous
parmi tes témoins ! » signifie la conversion à la religion de Mahomet
et d’Allah. Sinon il ne serait pas compréhensible que le Coran fasse dire à des
chrétiens « pourquoi ne croirions-nous pas en Dieu ? ».
Ces
versets sont évidemment très importants. Car ils expriment que les chrétiens
sont en effet respectables surtout lorsqu’ils vont jusqu’à la conversion à
l’islam.
Ibn
Taymiyya, le maître spirituel commun à tous les courants salafistes, en a
développé la doctrine qu’il ne fallait laisser en vie que les convertis. Fort
de cette autorité, sous le pseudonyme de Nasredin Lebattelier, l’islamologue
islamiste Jean Michot en a conclu à la légitimité du massacre des moines de
Tibéhirine (voir nos articles et passages dans nos livres sur le sujet).