vendredi 6 mars 2015

L’ambassadeur du Liban et sa lecture du Coran …

Sous le titre « j’ai honte ! », dans la page Débats et Opinions du Figaro de ce jour l’écrivain musulman Salah Stétié, ancien ambassadeur du Liban, lance un cri d’horreur devant les atrocités anti-chrétiennes perpétrées par les islamistes. Il renvoie ces tortionnaires à la lecture qui, selon lui, doit être faite du Coran.

Il évoque ensuite très bellement ce que le Liban, la culture et la langue arabe doivent aux chrétiens qu’il supplie à genoux avec des accents émouvants de ne pas partir. Salah Stétié est à l’évidence de ces musulmans éclairés de la bourgeoisie libanaise, comme j’en ai connus, très conscients de ce que l’identité libanaise est modelée par le christianisme depuis bien plus longtemps que l’apparition de l’islam mais surtout très attachés à la forme de vie sociale spécifique de cette identité chrétienne du Liban.

Salah Stétié serait pleinement émouvant s’il ne se référait hélas au Coran de manière très contestable. Il cite en effet pour exprimer son opposition aux islamistes les  versets 82 et 83 de la sourate V : « Tu constateras que les hommes les plus proches des croyants par l’amitié sont ceux qui disent : « Oui, nous sommes chrétiens ! » ; « Notre Seigneur ! Nous croyons ! Inscris-nous parmi les témoins ! », et poursuit avec le verset 84 : « Pourquoi ne croirions-nous pas en Dieu et à la Vérité qui nous est parvenue ? Pourquoi ne désirerions-nous pas que notre Seigneur nous introduise en la compagnie des justes ? »

Salah Stétié omet de citer l’intégralité du verset 83 mentionnant que « leurs yeux se mouillent » (à la vue du prophète) et que le « inscris-nous parmi tes témoins ! » signifie la conversion à la religion de Mahomet et d’Allah. Sinon il ne serait pas compréhensible que le Coran fasse dire à des chrétiens « pourquoi ne croirions-nous pas en Dieu ? ».

Ces versets sont évidemment très importants. Car ils expriment que les chrétiens sont en effet respectables surtout lorsqu’ils vont jusqu’à la conversion à l’islam.

Ibn Taymiyya, le maître spirituel commun à tous les courants salafistes, en a développé la doctrine qu’il ne fallait laisser en vie que les convertis. Fort de cette autorité, sous le pseudonyme de Nasredin Lebattelier, l’islamologue islamiste Jean Michot en a conclu à la légitimité du massacre des moines de Tibéhirine (voir nos articles et passages dans nos livres sur le sujet).