lundi 9 mars 2015

Avril 1915, le génocide arménien : quelques rappels.

Les commémorations du centenaire de ce que l’on appelle « le génocide arménien » vont commencer un peu partout en Arménie et dans la diaspora arménienne, notamment au Liban où elle est importante et chez nous en France où près de 150 000 de nos compatriotes portent un nom arménien.

On retient d’ordinaire comme premier élément avant-coureur du génocide la nuit du 16 au 17 avril, où est exécuté l’ordre du gouvernement Jeune-Turc d’assassiner tous les notables arméniens de la province de Van.
Les jours suivants, les premiers massacres systématiques frappent tous les villages arméniens autour de Van.
À partir du 24 avril, où on arrête pour les déporter sans retour les notables d’Istanbul, le plan d’extermination de tous les chrétiens de la Turquie va alors se dérouler méthodiquement en trois phases de 1915 à 1918. La Turquie s’étend encore alors sur le nord de l’Irak actuel et sur le Vilayet d’Alep aujourd’hui en Syrie.

Il faut ici rappeler tout d’abord que le génocide du fait des Jeunes-Turcs, débutant en 1915, a été le prolongement des immenses atrocités déjà perpétrées en Cilicie, à Adana, six ans auparavant en avril 1909, mais sous le sultan Abdul-Hamid II. Ces massacres avaient déjà été précédés en maintes régions d’indicibles tueries sadiques au long des années 1890.
Comme lors des grandes tueries des chrétiens du Mont Liban en 1860, les témoignages des religieux étrangers et des diplomates européens ou américains en poste évoquent les supplices des hommes passés à la baïonnette puis enterrés vivants ou brûlés, ceux des femmes violées puis tenaillées, les femmes enceintes éventrées, les bébés embrochés, les enfants empalés. Ces scènes d’enfer se répètent dans les années 1860, puis 1890, puis 1909.

Sœur Marie-Sophie et le Père Benoît, de la mission française, et des journalistes, rapportent les jeux des bourreaux découpant des enfants sur les genoux des mères aux pointes des seins arrachées, fourrant dans leurs bouches des morceaux de leurs enfants ; des femmes encore, écorchées vivantes…
Dans le rapport des missions catholiques on lit la déclaration du courageux consul de France à Alep, M.  Roqueferrier. Ayant déjà été le témoin des massacres dans la région d’Erzeroum en 1895, il déclare à propos de ceux de 1909 : « Je croyais avoir vu tout ce qu’un être humain peut voir d’horreurs. Ce que j’ai vu cette fois l’a surpassé ».
Les massacres évoqués portent sur des milliers ou dizaines de milliers de victimes. Avec le grand génocide au long des trois années de 1915 à 1918 ce sont des centaines de milliers de chrétiens qui vont être assassinés, le plus souvent sataniquement martyrisés, avec un final d’extermination d’un million et demi de victimes.

Nous ne manquerons pas de rappeler dans nos évocations que le gouvernement des Jeunes-Turcs qui ont succédé à Abdul-Hamid II était essentiellement composé de francs-maçons au point que l’on pouvait parler « d’État maçonnique » comme d’ailleurs on peut le lire à l’article « Empire ottoman » de la très maçonnique « Encyclopédie de la franc-maçonnerie » (Livre de Poche – La Pochotèque).

Mais dans toutes les étapes hamidiennes ou jeunes-turques, et kémalistes enfin, de l’éradication des Arméniens, Assyro-chaldéens, grecs et autres chrétiens de toutes Églises, c’est la haine anti-chrétienne la plus hystérique qui porte les foules de bourreaux musulmans à rivaliser dans les délires de la cruauté. À noter d’ailleurs que lors des massacres d’Adana et dans bien d’autres ensuite tous les musulmans massacreurs, turcs, kurdes ou circassiens, arborent le turban blanc, coiffure des docteurs en théologie islamique, en l’occurrence à la fois emblème mahométan et signe distinctif pour ne pas être éventuellement confondus avec les chrétiens que l’on assomme.

Depuis 1920, il n’y a plus de chrétiens en Turquie. Mais il y en avait encore en Syrie et en Irak, rescapés ou habitant des régions non génocidées.

Aujourd’hui, les monstres de l’État islamique, très aidé jusqu’à récemment par la Turquie, notre alliée, n’innovent en rien dans la sophistication des horreurs. Ils parachèvent le « travail » des Turcs et des Kurdes au siècle dernier. Il n’y a que les ignorants ou les amnésiques pour ne pas le savoir.


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*  À paraître prochainement :


100 ans, le "génocide arménien"
L'État islamique ou Daech, la continuité