mardi 9 décembre 2014

Retour sur la « dénationalisation » de l’aéroport de Toulouse.



Certes la vente socialo-capitaliste de l’aéroport de Toulouse à un gros milliardaire de la Chine communiste est moins grave que l’abandon de l’Algérie à la bande des criminels de Ben Bella.

Certains me disent qu’on pourra toujours le reprendre. Sans doute, mais non sans difficulté tant que nous demeurerons dans le marasme de plus en plus tragique de notre économie. Je crains plutôt que le jour où les Chinois auront assez pressé le citron de Toulouse et tiré tout le bénéfice possible du voisinage avec Airbus-Industrie, ils n’en refilent la propriété au Qatar qui pourra ainsi créer notamment une ligne directe quotidienne vers La Mecque.

On se souvient aussi que pour que les Chinois achètent des Airbus, on leur a consenti, avec la complaisance du chef de l’État d’alors, Nicolas Sarkozy, de pouvoir un jour les assembler chez eux, avec les transferts de technologie nécessaires.

En attendant, je médite dans mon bureau devant deux fauteuils, pour moi historiques, qui m’ont été donnés par Émile Bertholio en 1983. Émile Bertholio, d’abord chez Latécoère, avait été dans les années 1950 / 1970 un très grand directeur du personnel et des affaires sociales de l’Aérospatiale qui s’opposait fermement à la domination de la CGT sur le personnel. Prenant sa retraite, il m’avait proposé en 1972 de collaborer avec lui dans un projet que nous intitulâmes : « Centre de formation aux relations du travail ».

À cette époque, je travaillais comme chef du personnel puis directeur des relations humaines au sein du groupe Pierre Fabre. Je n’avais pas trop mal réussi dans ce métier passionnant. Aussi étais-je souvent demandé pour animer, à la lumière de mon expérience et de mes connaissances des idéologies, des journées de formation pour des cadres et agents de maîtrise et aussi pour des syndicalistes non inféodés au Parti communiste. Pierre Fabre m’accorda alors de pouvoir m’absenter systématiquement un jour par semaine pour ce projet de bon fonctionnement hiérarchique et de paix sociale dans les entreprises.

Bertholio s’occupait de recruter les stagiaires, notamment des militants syndicalistes alors très anticommunistes de Force Ouvrière, de la CFTC et de la CGC. C’est ainsi que par-delà nos divergences j’eus le grand plaisir de rencontres fréquentes avec ce grand honnête homme qu’était André Bergeron, le « patron » de FO. Très malicieux, il me disait avec un bon sourire : « On n’est pas de la même paroisse, mais je préfère envoyer mes gars entendre vos sermons plutôt que celui des cosaques ». Les « cosaques » dans le parler syndical, c’était la CGT ; c’est-à-dire les rouges, les soviétiques. Et mes « sermons », c’était toute une formation en six journées sur six semaines à la contre-subversion, une sorte de vaccination contre les virus bolchéviques et gauchistes.

Après plusieurs années à l’Aérospatiale, chez Latécoère et ailleurs dans diverses entreprises de la métallurgie et de la chimie, les syndicalistes libres et Emile Bertholio me firent l’amitié de considérer que les reculs constants de la CGT étaient en grande partie dus à mon travail.

Mais était venu le temps pour moi d’un changement d’activité dont j’ai raconté les raisons « hétérotéliques » dans mes deux livres d’entretien avec Cécile Montmirail. Et bientôt, c’est au Parlement Européen et ailleurs que j’allais continuer à batailler contre les cosaques marxistes-léninistes (la majorité des cosaques authentiques ont été, on le sait, fidèles au tsarisme).

Emile Bertholio prenait sa retraite définitive. Il tint alors à me faire le très beau cadeau  des deux fauteuils qu’il avait toujours fait suivre dans ses différents bureaux. Ils avaient été dans ceux de son ami le grand ingénieur et prestigieux constructeur aéronautique Emile Dewoitine, le créateur de l’extraordinaire avion de chasse français de la seconde guerre, le D 520, produit en trop peu d’exemplaires hélas, faute des crédits refusés par Léon Blum.

Ces deux fauteuils avaient été précédemment encore parmi ceux des bureaux du constructeur Latécoère, ceux de son ami Didier Daurat, l’immense aviateur puis le légendaire créateur de l’Aéropostale (qui deviendra Air France) avec toute l’épopée d’héroïsme des Vacher, Mermoz, Estienne, Guillaumet et Saint-Exupéry, les pilotes pionniers de l‘Aéropostale avec la ligne Toulouse-Casablanca-Dakar que ce dernier a évoquée dans son œuvre superbe. Devenu trop petit, leur aéroport Toulouse-Montaudran fut transporté à Toulouse-Blagnac. Mais le nouvel aéroport ne fut que la continuité de l’autre, qui avait été le réceptacle de l’immense réussite française des pionniers de l’aéronautique dans l’alliance de la créativité et de l’héroïsme.

Mes fauteuils me racontent un peu cela. Ce n’est pas sans émotion que je pense que leurs accoudoirs ont été lustrés par des hommes magnifiques qui mettaient leur peau au bout de leur idéal de service. Que diraient-ils aujourd’hui devant une dépossession mercantile d’intérêt à court terme, d’un instrument résultant de tout un esprit de conquête et de sacrifice mais aussi d’une parfaite modernité.

Faut-il que nos dirigeants politiques et économiques soient aussi irresponsables, à la fois méprisants de l’héritage et insoucieux de l’avenir, pour en laisser à des Chinois, et des Chinois de la Chine rouge, la propriété et les bénéfices qu’ils ne manqueront pas d’en retirer Comme quoi la ténébreuse alliance des matérialismes, du capitalisme et du communisme n’a pas fini de faire des ravages.

Ps : Je sais bien sûr qu’il y a un canadien dans le consortium de la rouge chinoiserie. Mais ce canadien n’est en réalité qu’une sorte de chinois.


Nous apprenons ce jour les démêlés de madame Anne Lauvergeon poursuivie naguère par l’AGRIF pour ses propos discriminatoires contre les « mâles blancs ». nous allons suivre cette nouvelle affaire avec intérêt.