J’ai assisté samedi soir 13
septembre à un entretien sur la chaîne Euronews avec le grand mufti de
l’université d’Al Azar au Caire phare doctrinal de l’islam sunnite. Il
répondait à un très déférent journaliste égyptien lui demandant le jugement de
l’islam sur l’ « EIL » et ses méthodes.
Le mufti lui répondit qu’il avait
réuni les plus grands docteurs en science théologique de son université et que
ces derniers, ayant étudié « scientifiquement » les textes de
l’islam, condamnaient formellement « l'État islamique au Levant » et
ses méthodes.
Allah soit loué !
Mais il me parut quelque peu
surprenant de constater que, pour aboutir à cette conclusion, il avait donc
fallu à ce grand mufti et à ses docteurs un grand effort d’analyse, à la
lumière sans aucun doute du Coran et des hadiths et de la sunna du prophète, et
bien sûr de la charia, et sans doute aussi avec la consultation des avis et
fatwas de leurs très érudits prédécesseurs sur la légitimité du jihad et de ses
méthodes.
C’est donc que la conclusion
n’allait pas de soi, qu’elle nécessitait réflexion et débat.
J’aurais aimé que son
« Excellence, grand mufti » (ainsi était-il nommé par son
questionneur) précisât sur quels textes et avis fondamentaux ces docteurs et
lui-même s’appuyaient !
Mais, à la vérité, pour s’étonner
de ce que ne jaillisse pas immédiatement la considération qu’il n’est besoin ni
de réflexions multiples, ni de considérations pour exprimer que les islamistes
ne sont que des égorgeurs sadiques, des
terroristes, des tortionnaires, des kidnappeurs d’enfants, c’est qu’il faut ne
rien connaître à l’islam.
Car le prophète Mahomet, après la
« bataille du fossé », n’a-t-il pas lui-même égorgé et fait décapiter
un à un, sur la place du marché à Médine, le millier d’hommes ligotés de la
tribu juive des Banu Qorayza, précipités dans les fosses creusées à cette
fin ?
Le mufti et ses docteurs ont
donc très certainement dû fournir des arguments sérieux de doctrine islamique à
opposer à ceux qui pour nous sont à
l’évidence d’immondes criminels, mais qui bien sûr, eux, prennent le prophète
pour modèle.
Il faut donc qu’ils leur
expliquent sans doute qu’il y a un temps pour
tout, comme le fait Tariq Ramadan, et que les Juifs Qorayza, ayant trahi le
prophète, avaient bien mérité leur décapitation.
Mais que ce n’est pas bien de
faire aujourd’hui ce qu’ils font des populations non musulmanes sunnites et des otages.
Mais quand on songe que le
distingué universitaire français, Jean Michot, allias « Nasreddin
Lebatelier », a justifié, à la lumière d’Ibn Taymiyya, la décapitation de ces pauvres moines de
Tibehirine, pourtant si islamophiles (voir notre livre « L’islam sans
complaisance »), comment s’étonner que des jeunes gens fanatisés, nés en
douce France, aillent commettre les pires horreurs au cri de « Allah
Akbar ».
Certes, on l’espère, la plupart
des musulmans, remettant les massacres du prophète dans un contexte différent,
sont eux aussi, comme nous, révulsés d’horreur devant les mises à mort de
détenus suppliciés et les massacres du Nigéria à l’Irak.
Et il est certes bon que les
États musulmans veuillent en finir, comme ceux de l’occident, avec
l’abomination de « l’État islamique au Levant ».
Mais faut-il pour autant tomber,
comme beaucoup hélas, dans le panneau dialectique, grossier mais efficace,
consistant à légitimer tout le reste de l’islam en regard de celui-là ?
Voyez comme l’islam est en soi
une belle religion de paix, d’amour et de tolérance nous disent tant de
politiques et de religieux. Il faut donc, chez nous, lui faire sa place, toute
sa place, encore plus de place !
Parce qu’enfin, nous disent-ils,
cet islam-là, sur le modèle de l’Arabie Saoudite, de l’Iran, de la Turquie et
de quelques dizaines d ‘autres États, ne voyez-vous pas son unanimité dans
la volonté d’éradiquer les salopards islamistes ?
Mais oui, mais oui.
À part que nous, nous savons que
l’argent et les armes pour les terroristes ont été fournies par l’Arabie
saoudite et le Qatar et bien d’autres filières.
À part que nous, nous savons que
l’État islamiste torture et décapite aussi en Arabie saoudite comme en
Afghanistan les convertis au Christ qui ont abandonné la croyance
islamique ; qu’en Iran comme au Soudan et ailleurs, on les fouette et on
les pend ! Et nous ne pouvons avoir que commisération pour ceux qui nous
disent la modération de l’islamisme turc où, en effet, on ne génocide plus les
chrétiens, le « travail » ayant été pour l’essentiel de
l’extermination accompli en 1915 et terminé en 1920.
Depuis, pour la vitrine
diplomatique, on laisse vivre quelques Arméniens et autres chrétiens à
Istanbul. Mais lorsque par hasard quelque héroïque religieux s’aventure loin de
là pour quelque apostolat, son assassinat n’est bien sûr que le fait de quelque
déséquilibré ou « loup gris » extrémiste que condamnent les autorités
de l’islamisme « modéré »…
Mais c'est ainsi que chez nous l'islam montrant patte blanche ne cesse d'étendre son territoire, le Dar el islam.
Mais c'est ainsi que chez nous l'islam montrant patte blanche ne cesse d'étendre son territoire, le Dar el islam.