Ainsi, Vladimir Poutine vient-il de s’adjoindre DSK parmi
ses grands conseillers. Nul doute que ce dernier ne risquera rien dans les plus
grands palaces de Russie de la part de quelque femme de chambre antiracistement
rebelle. Nul doute non plus qu’on lui fournit là-bas tout le « matériel
humain » qu’il désire, selon son expression lorsqu’il invitait Moscovici à
participer à ses charmantes parties organisées par le belge Dodo La Saumure.
Voilà
d’ailleurs ce Moscovici désormais chargé dans l’Eurocratie de surveiller le
respect des engagements budgétaires des nations soumises. En la matière, il
était en effet un grand « pro ». DSK, c’est pas Moscovici mais on
sait son affection pour l’humour tartare pimenté de culture latine. Alors,
selon une indiscrétion de serveur, après une louchée de caviar-vodka en un
endroit sélect de la capitale brabançonne où l’amènent ses affaires de
conseiller poutinien, il aurait, rigolard, déclaré à son pote : « Moi
aussi, tu vois, je peux dire : Moscou-veni, Moscou-vidi,
Moscouvici ! »
Belle
revanche en effet sur l’Amérique puritaine que celle de DSK désormais surnommé
dans les datchas de la nouvelle nomenklatura ou sur les yachts du
super-oligarque Abramovitch cher à Poutine : « le nouveau
Raspoutine ».
Elle
en aura décidément vu de toutes les couleurs dans ses palais, la petite mère
Russie ! Mais du moins, le Kremlin, ça a une autre gueule que l’Élysée et
le patron n’a pas comme chez nous à se tirer en scooter, clandestinement croyait-il,
pour ne pas alerter sa dernière compagne républicainement officielle, féroce
comme une femelle Rottweiler.
Poutine,
lui, du genre dissuasif, fait ce qu’il veut, sans risque du voyeurisme
médiatique. Et ce bon DSK trouve enfin chez le successeur d’Ivan le Terrible,
de Pierre le Grand et de Staline l’assurance d’une liberté entière de
mouvement.
Du
moins ce dodo-là n’est-il plus dans la saumure. Ce qui fait enrager son pote de
jadis, Bernard-Henri Lévy, qui ne cesse de fulminer contre Poutine auquel,
selon sa grande expérience, il ferait volontiers déclarer une guerre humaniste
comme jadis à Saddam Hussein et Khadafi.
Mais
ceux qui sont tristes aussi, comme BHL, ce sont tous ceux qui, certes pas
toujours et pas tous désintéressés, se sont fait de Poutine l’idée
fantasmagorique d’un chef selon leur désir et leur imaginaire, et même pour
certains débiles, comme l’homme providentiel selon l’antisémitisme obsessionnel
qui est leur ressort essentiel.
Hélas
pour eux, Poutine est tout sauf un imbécile. Mais la vérité, c’est qu’il est
lui aussi un mondialiste, mais simplement d’un mondialisme autre que celui des
capitalistes américains et technocrates européens.
Voilà
pourquoi, si je crois qu’un « ordre mondial », autant que cela puisse
être réalisé, est mieux qu’un désordre mondial généralisé, lourd d’immenses
conflits, j’ai toujours dit et écrit que je ne croyais pas du tout à la
réalisation du « nouvel ordre mondial » selon les utopistes
mondialistes. Parce qu’à l’évidence, c’est que les grandes puissances qui
pèsent sur le monde ont toutes une conception différente du mondialisme :
celle qui nourrit le mieux leur appétit de puissance. À cette fin, le
mondialisme selon Poutine, ordonné autour de la puissance d’un axe russo et
euro-asiatique, n’est évidemment pas celui des dirigeants de la Maison Blanche
et de l’eurocratie bruxelloise.
Sans
compter qu’il faut compter avec la Chine, l’Inde, le Japon et quelques autres.
Le
mondialisme, c’est en effet comme une conception de jeu dont tous affirment d’autant
plus partager les règles qu’ils entendent
les violer selon leurs intérêts impériaux ou nationaux.
La tour de Babel dont il ne reste plus, près de la ville
de ce nom (Babylone), que les excavations, non loin de Bagdad, n’est pas sur le
point d’être durablement reconstruite ni à l’ONU, ni à Bruxelles.
La
vérité, c’est que le mondialisme n’est qu’un joujou idéologique à but lucratif.
Ça rapporte à Attali et plus encore à DSK.
Mais
peut-être faudrait-il indexer la richesse mondiale sur les cours du caviar ?
Le grand Alexandre Vialatte aurait conclu : « Et c’est ainsi qu’Allah
est grand ! »