vendredi 11 juillet 2014

Israël-Palestine : la paix comme l’horizon !



Depuis la proclamation de l’État d’Israël, il y a quelque 66 ans, la paix dans la région est toujours « à l’horizon », c’est-à-dire s’éloigne toujours, comme l’horizon que l’on chercherait à atteindre au bout d’une longue marche.

Car, s’il faut attendre qu’il n’y ait plus aucun groupe extrémiste, palestinien ou israélien, toujours prêt à déclencher quelque action terroriste perturbatrice d’un éventuel plan de paix, ni aucun risque de manipulation au deuxième ou troisième degré de pareils groupuscules, autant dire qu’il n’y aura jamais de paix possible et durable sur cette terre, « sainte » pour les « peuples-religions » en présence !

Globalement, le peuple chrétien y a été éradiqué. Il n’en reste plus qu’une résiduelle infime minorité et les infrastructures d’accueil pour les pèlerins et les institutions de représentation des églises de la diversité catholique, orthodoxe et protestante.

Cette éviction de fait aura été finalement le seul point d’accord tacite entre juifs et musulmans ! Ainsi l’idéalisation de l’une ou l’autre des deux causes, l’israélienne ou la palestinienne, par certains chrétiens, m’a toujours paru procéder d’une grande méconnaissance de la réalité et notamment d’une perte de mémoire.

Car si les chrétiens palestiniens ont été collectivement broyés entre le marteau israélien et l’enclume musulmane, il faut tout de même se rappeler aussi que la plupart des organisations palestiniennes d’encadrement des populations réfugiées au Liban n’eurent pour but, avec Yasser Arafat au premier chef, que de s’emparer de ce pays par la force pour en évincer la prépondérance chrétienne. Ce qui constitua la cause de déclenchement en 1975 de la guerre du Liban. Et qui, sérieusement, peut nier le fait que la pression musulmane sur les chrétiens, en zones palestiniennes, Gaza ou Cisjordanie, a tout simplement rendu intenable leur maintien ?

Chose que même le patriarche latin palestinien que j’ai rencontré à trois reprises, Mgr Sabbah, pourtant si dévoué à la défense des droits de son peuple face à Israël, finit par exprimer lorsqu’il fut amené à prendre sa retraite. Mais certes, la situation des derniers chrétiens en Israël, soit indigènes soit étrangers, n’est pas enviable non plus. Non seulement ils sont l’objet des menaces et violences du fait de divers groupuscules de l’extrême-droite juive, mais aussi de la discrimination et des vexations du gouvernement.

C’est d’ailleurs tout à l’honneur du plus grand quotidien israélien, en hébreu, Yediot Aharonot, que de souvent décrire et dénoncer cet état de fait. Notamment sur une pleine page le 30 mai dernier, et dont de vastes extraits ont été publiés par Courrier International (n°1234).

Comme je l’ai dit mercredi sur Radio-Courtoisie, j’entends, une fois de plus, avec Chrétienté-Solidarité, exprimer publiquement au gouvernement israélien notre indignation devant cet état de fait.

Mais plus encore, il est évident que la paix ne peut passer, par-delà les inéluctables provocations ou manipulations extrémistes, qui ne manqueront pas de vouloir l’entraver, que par une solution viable, claire, définitive, qu’Israël et l’Autorité Palestinienne proclameront conjointement et déclareront vouloir faire appliquer coûte que coûte. Sans qu’elle puisse être retardée par le premier, et inéluctable, acte terroriste que ni Israël ni l’Autorité Palestinienne n’ont évidemment la certitude absolue de pouvoir éviter.

L’éradication du terrorisme devra être menée conjointement par Israël et la Palestine, mais il y en aura toujours le danger, comme d’ailleurs en Europe ou aux États-nis.UnisUnis. Si la solution de paix n’est pas sincèrement voulue, il ne restera plus alors aux Palestiniens que celle de renoncer à une indépendance, alors de facto impossible, et à laisser au gouvernement israélien la tâche de les gouverner, répartis comme les Juifs entre la mer, l’Égypte, la Syrie et la Jordanie.

Mais dans ce cas il y aura alors par l’addition des Arabes vivant aujourd’hui en Israël et de ceux de Cisjordanie et de Gaza, autant « d’administrés » musulmans que de citoyens juifs.

Alors, le choix pour les dirigeants d’Israël, bien risqué dans les deux cas, sera le suivant : partage démographique et démocratique de la représentation et du pouvoir, ou « apartheid ».

Ils ne voudront pas de la première solution. Et la seconde ne sera pas durablement tenable.

La Terre Sainte est-elle donc vouée à être surtout une terre infernale ?

Cela dit, si par bonheur la paix s’installait en Palestine et Israël, il ne faut pas avoir l’illusion de penser que cela entraînerait une dynamique de paix partout où l’islam mène ses jihâds.

Car le grand réveil moderne des fanatismes islamiques conquérants ne date pas de la création de l’État d’Israël ! Tant s’en faut.


Pour ne prendre qu’un exemple, le développement, très décisif, du wahhabisme en Arabie est bien antérieur à cela. Et bien antérieurs aussi les immenses massacres, au XIX° siècle, des chrétiens sous l’empire ottoman, que parachèvera le grand génocide de 1915. Il faut être bien ignorant ou aveuglé par la passion partisane pour faire remonter toute l’effervescence massacreuse des islamismes à la création de l’État d’Israël.