Depuis la proclamation de l’État d’Israël, il y a quelque
66 ans, la paix dans la région est toujours « à l’horizon »,
c’est-à-dire s’éloigne toujours, comme l’horizon que l’on chercherait à
atteindre au bout d’une longue marche.
Car,
s’il faut attendre qu’il n’y ait plus aucun groupe extrémiste, palestinien ou
israélien, toujours prêt à déclencher quelque action terroriste perturbatrice
d’un éventuel plan de paix, ni aucun risque de manipulation au deuxième ou
troisième degré de pareils groupuscules, autant dire qu’il n’y aura jamais de
paix possible et durable sur cette terre, « sainte » pour les
« peuples-religions » en présence !
Globalement,
le peuple chrétien y a été éradiqué. Il n’en reste plus qu’une résiduelle
infime minorité et les infrastructures d’accueil pour les pèlerins et les
institutions de représentation des églises de la diversité catholique,
orthodoxe et protestante.
Cette
éviction de fait aura été finalement le seul point d’accord tacite entre juifs
et musulmans ! Ainsi l’idéalisation de l’une ou l’autre des deux causes,
l’israélienne ou la palestinienne, par certains chrétiens, m’a toujours paru
procéder d’une grande méconnaissance de la réalité et notamment d’une perte de
mémoire.
Car
si les chrétiens palestiniens ont été collectivement broyés entre le marteau
israélien et l’enclume musulmane, il faut tout de même se rappeler aussi que la
plupart des organisations palestiniennes d’encadrement des populations
réfugiées au Liban n’eurent pour but, avec Yasser Arafat au premier chef, que
de s’emparer de ce pays par la force pour en évincer la prépondérance
chrétienne. Ce qui constitua la cause de déclenchement en 1975 de la guerre du
Liban. Et qui, sérieusement, peut nier le fait que la pression musulmane sur
les chrétiens, en zones palestiniennes, Gaza ou Cisjordanie, a tout simplement
rendu intenable leur maintien ?
Chose
que même le patriarche latin palestinien que j’ai rencontré à trois reprises,
Mgr Sabbah, pourtant si dévoué à la défense des droits de son peuple face à
Israël, finit par exprimer lorsqu’il fut amené à prendre sa retraite. Mais
certes, la situation des derniers chrétiens en Israël, soit indigènes soit
étrangers, n’est pas enviable non plus. Non seulement ils sont l’objet des
menaces et violences du fait de divers groupuscules de l’extrême-droite juive,
mais aussi de la discrimination et des vexations du gouvernement.
C’est
d’ailleurs tout à l’honneur du plus grand quotidien israélien, en hébreu, Yediot
Aharonot, que de souvent décrire et dénoncer cet état de fait. Notamment
sur une pleine page le 30 mai dernier, et dont de vastes extraits ont été
publiés par Courrier International (n°1234).
Comme
je l’ai dit mercredi sur Radio-Courtoisie, j’entends, une fois de plus, avec
Chrétienté-Solidarité, exprimer publiquement au gouvernement israélien notre
indignation devant cet état de fait.
Mais
plus encore, il est évident que la paix ne peut passer, par-delà les
inéluctables provocations ou manipulations extrémistes, qui ne manqueront pas
de vouloir l’entraver, que par une solution viable, claire, définitive,
qu’Israël et l’Autorité Palestinienne proclameront conjointement et déclareront
vouloir faire appliquer coûte que coûte. Sans qu’elle puisse être retardée par
le premier, et inéluctable, acte terroriste que ni Israël ni l’Autorité
Palestinienne n’ont évidemment la certitude absolue de pouvoir éviter.
L’éradication
du terrorisme devra être menée conjointement par Israël et la Palestine, mais
il y en aura toujours le danger, comme d’ailleurs en Europe ou aux États- Unis. Si la solution de paix
n’est pas sincèrement voulue, il ne restera plus alors aux Palestiniens que
celle de renoncer à une indépendance, alors de facto impossible, et à laisser
au gouvernement israélien la tâche de les gouverner, répartis comme les Juifs
entre la mer, l’Égypte, la Syrie et la Jordanie.
Mais
dans ce cas il y aura alors par l’addition des Arabes vivant aujourd’hui en
Israël et de ceux de Cisjordanie et de Gaza, autant « d’administrés »
musulmans que de citoyens juifs.
Alors,
le choix pour les dirigeants d’Israël, bien risqué dans les deux cas, sera le
suivant : partage démographique et démocratique de la représentation et du
pouvoir, ou « apartheid ».
Ils
ne voudront pas de la première solution. Et la seconde ne sera pas durablement
tenable.
La
Terre Sainte est-elle donc vouée à être surtout une terre infernale ?
Cela
dit, si par bonheur la paix s’installait en Palestine et Israël, il ne faut pas
avoir l’illusion de penser que cela entraînerait une dynamique de paix partout
où l’islam mène ses jihâds.
Car le grand réveil moderne des fanatismes islamiques
conquérants ne date pas de la création de l’État d’Israël ! Tant s’en
faut.
Pour
ne prendre qu’un exemple, le développement, très décisif, du wahhabisme en
Arabie est bien antérieur à cela. Et bien antérieurs aussi les immenses
massacres, au XIX° siècle, des chrétiens sous l’empire ottoman, que parachèvera
le grand génocide de 1915. Il faut être bien ignorant ou aveuglé par la passion
partisane pour faire remonter toute l’effervescence massacreuse des islamismes
à la création de l’État d’Israël.