mardi 8 juillet 2014

Extrême-droite : voici pourquoi nous ne sommes pas dans ce grand « fourre-tout ». Essai de clarification.

Le texte suivant fera l’objet d’une communication lors de notre université d’été et sera ensuite étoffé pour aboutir à une rédaction plus importante.

Nous allons montrer ci-après combien, non pas par quelque motivation de respectabilisme politico-idéologique mais simplement par fondamentale différenciation, nous ne pouvons accepter d’être définis comme « d’extrême-droite ».

« L’extrême-droite » est une commode désignation médiatique ou politicienne recouvrant un fantastique capharnaüm politique et idéologique de familles de pensée, cercles, organisations et partis, et de personnages dont le seul trait commun est finalement d’être dit, à tort ou à raison, « d’extrême-droite ». Sans que jamais soient énoncés le ou les critères objectifs sur lesquels reposerait cette qualification. Des commentateurs se sont risqués à la définir par un commun positionnement d’aversion à l’égard de notre régime ou de notre système politique et avec simultanément une insistance sur la défense patriotique ou nationalité du fait national. Une minute de réflexion suffit pour mesurer que même ce petit dénominateur commun n’est pas totalement satisfaisant : l’aversion à l’égard du régime ou du système ? Mais c’est aussi globalement le fait de toute la diversité de l’extrême-gauche, que ce soit sous drapeau rouge ou drapeau noir, et même aujourd’hui sous drapeau vert islamique ! La défense du fait national ? Oui, mais lequel ? Le nationalisme français est nécessairement conceptuellement différent voire antagoniste d’un nationalisme européen. Et pas toujours, dans les faits, sinon dans les idées, compatibles avec des nationalismes ethniques, corses, basques, bretons, occitans et autres se promenant d’ailleurs dans la traditionnelle inventivité groupusculaire au mépris des réalités, de l’extrême-gauche à la dite extrême-droite.

Néanmoins nous conserverons vaille que vaille ce dénominateur commun pour notre observation idéologique, politique et même anthropologique du panorama des mouvances désignées, par-delà des positions antagonistes, comme « d’extrême-droite », afin de clairement situer par rapport à elle les idées et propositions de notre « droite de conviction ».

Et d’abord par le rappel que notre droite étant en effet tout simplement droite ne l’est plus si elle est extrémisée, c’est-à-dire, comme on voudra, curvée, infléchie, tordue ou encore, comme avec tout le spectre gangrené  de la droite « libérale » : gauchie.


Esquisse d’observation phénoménologique de l’extrême-droite.

Sans que cela soit parfaitement exhaustif, nous pensons avoir à peu près cerné et résumé, sur les plans essentiels de la politique, les idées et positions contradictoires qui traversent les différentes mouvances ou mouvements « d’extrême-droite ».


La nation.

- Pour les uns, c’est le nationalisme français : jacobin ou décentralisateur, républicain ou royaliste (« orléaniste », « légitimiste » ou « d’idée »).

- D’autres évoquent un nationalisme européen : conservant les entités des « États-nations » ou les supprimant au profit des représentations nationales « ethnico-culturelles » (Catalogne ou Pays Basque, de part et d’autre des Pyrénées, Flandres). Et c’est alors le nationalisme ethniciste ou « nationalitarisme » (ex. ci-avant), d’entités plus ou moins historiques, ethno-linguistiques.


L’État.

- Certains sont toujours adeptes de l’exaltation de l’État totalitaire , selon la formule fasciste : « l’individu n’existe que par l’État que pour l’État ». On voit ainsi des groupuscules s’affirmant comme des nationalistes français mais se rendant en Italie pour y célébrer nostalgiquement la mémoire du Duce !

- D’autres sont néo-nazis dans un vague idéologisme de la terre et du peuple : l’État n’existe qu’au service de la race.

- Bien différents, heureusement, sont les défenseurs de la thèse d’un « État catholique ». D’autres affirment leur acceptation de la tradition religieuse de la nation, la religion étant considérée en tant que conservatrice de valeurs morales et sociales. Un peu selon la conception napoléonienne.


La religion.

- Certains sont adeptes d’un néo-paganisme « surimi » et d’une mythologie indo-européenne. Leur anti-christianisme est plus ou moins satanisant ou luciférien, de type « Hellfest ».

- D’autres sont les défenseurs, somme toute conservateurs, d’une laïcité de type laïciste, de remise stricte de la religion à la sphère privée. Héritiers de Jules Ferry, d’Émile Combes et de Jaurès.


Immigration.

- Certains sont hostiles à l’immigration pour raisons raciales. D’autres l’acceptent de fait, par islamophilie.


Aversion antijuive.

- Certains sont adeptes d’un antisionisme plus ou moins antisémite.

- Pour d’autres, plus extrémistes, le peuple juif est la source essentielle des maux de l’humanité.


Sur l’islam.

Les uns sont islamophiles et prônent la collaboration avec l’islam allant jusqu’à l’affirmation de Dieudonné à Téhéran de ce que « les chrétiens devront bien se convertir à l’islam ».

D’autres s’opposent aux musulmans pour raisons raciales et certains sont partisans d’une alliance « identariste » avec des groupes juifs d’extrême-droite.


Le salut par la Russie ?

Certains néo-païens en France expriment une grande inconditionnalité pour la Russie orthodoxe et même une véritable poutinolâtrie plus forte que leur fondamentale aversion antichrétienne. Parmi eux, il en est quelques-uns à exalter la mémoire de Staline ! D’autres préfèrent l’extrême-droite ukrainienne, et préfèrent la mémoire de la collaboration antistalinienne avec l’Allemagne d’Hitler.


Questions économiques et sociales.

Pour certains, leur positionnement est celui d’un étatisme économique, néo-socialiste, de défense du « service public » en convergence avec la CGT selon leurs nationalismes.

Pour d’autres, c’est la défense du libéralisme économique dans le cadre national ou dans le cadre européen.


Sur le respect de la vie.

Pour les adeptes des courants néo-païens, laïcistes ou maçonniques, la défense de l’avortement, de l’euthanasie, de l’eugénisme est leur ligne.

À l’opposé, d’autres sont des défenseurs sincères du respect de la vie.


Sur la famille.

On ne trouve guère dans l’extrême-droite des partisans explicites ou actifs du communautarisme homosexuel ou de l’impérialisme LGBT-OGM.

Mais de nombreux homosexuels y occupent des responsabilités importantes. Ils ne se sont guère manifestés contre la loi Taubira de dénaturation du mariage et ont pesé « de facto » contre l’engagement officiel du Front National dans ce combat.

En revanche, on a pu voir que dans le néo-paganisme, nombreux ont été ceux à s’y opposer comme leur héros désormais vénéré Dominique Venner.


En conclusion de ce panorama, diversité, antagonismes mais aussi d’inattendus assemblages !

L’extrême-droite ne constitue pas une sorte de pays idéologique totalement à part de tout le reste du paysage politico-culturel et religieux. La porosité est forte entre certaines de ses composantes et les courants du système. Mais on y observe aussi de surprenantes aptitudes à concilier des assemblages plutôt inattendus et souvent totalement irrationnels. C’est vrai de certains courants, cercles et associations, encore plus de certains personnages.


Citons quelques exemples de ces phénomènes.

- Celui de catholiques de l’école lefebvriste, pas plus circonspects qu’une Frigide Barjot sur des alliances avec des courants de l’islam, conjoncturelles certes, mais sans trop peser les dangers des dynamiques de l’unité d’action.

- Celui d’une maison d’édition et de diffusion de cette sensibilité préférant diffuser des ouvrages de néo-païens viscéralement antisémites ou négationnistes que mon « Histoire des Juifs d’Abraham à nos jours » sans aucune complaisance pour les avatars bolchéviques et autres du judaïsme mais sous l’invocation d’une Edith Stein ou d’un Eugenio Zolli.

- Celui d’une association catholique de renaissance culturelle invitant volontiers au long des années des intellectuels néo-païens certes de qualité et m’invitant cette année à parler à condition de ne pas avoir au préalable à annoncer ma présence ! (Pourquoi diable ?) Évidemment je ne puis accepter cela.

- L’accueil comme chroniqueur dans un journal se réaffirmant fidèle à « l’inspiration chrétienne » (comme la CFTC) d’un éditeur-diffuseur (10 % « d’alouette » alibi-catho, 90  % de « cheval » de 3° Reich…) franc-maçon de la GLNF et partisan d’une loi sur l’euthanasie.

- Celui d’un éminent et sympathique professeur de droit fiscal, fou et génial à ses heures, ne taisant pas son admiration-fascination pour les dictateurs bolchéviques ou islamiques et exaltant leurs grands combats anti-impérialistes en diffusant ses photos notamment avec Castro et Chavez.

- Celui de royalistes n’ayant à l’évidence jamais lu l’article « La Mosquée » dans le dictionnaire politique de leur maître Maurras mais avides sans trop de prudence de convergence soralienne et belghoulesque.

- Celui d’un parti politique national où l’on peut vérifier la formule du grand historien Jacques Bainville : « Une minorité, cela devient un réseau ». C’est ce que nous avons appelé « le phénomène de l’émergence homosexuelle en politique ».

- Celui enfin de toute une diversité de personnages du Front National ou de l’UMP, les uns se voulant de gauche comme Jaurès, les autres se voulant à droite avec ce même Jaurès selon eux odieusement « kidnappé par la gauche » !


Et nous, devant ce paysage ?

D’abord, l’évidence que, sauf négation des principes d’identité et de cohérence, il ne peut y avoir, au-delà des mots avec lesquels de médiocres rhéteurs peuvent toujours jongler, de possibilité de synthèse de toutes ces contradictions.

On ne peut être à la fois pour le respect de la vie et pour la loi Veil.

On ne peut à la fois être catholique et raciste.

On ne peut à la fois être pour une bonne décentralisation, pour les libertés de la famille, de l’école, de l’économie et des métiers et être pour un État « Big Brother » s’occupant de tout et de tout le monde.

On ne peut vouloir préserver la France de l’idéologie du totalitarisme théocratique de l’islam et prôner chez nous, sans réflexion et garanties nécessaires, une unité d’action avec des défenseurs de la charia partout dans le monde dit « musulman ».

À l’évidence, nous ne sommes dans aucun des cas de figure de la diversité de l’appellation « extrême-droite ».

Nous sommes pour le juste équilibre d’une France libre, dans une Europe libre, organisée autour de pactes d’intérêt commun pour certaines nations.

Pour la défense d’un État-nation protecteur du bien commun mais dans la nécessaire décentralisation fondée sur quelques 40 modernes provinces ou généralités bâties sur nos réalités historiques, géopolitiques et économiques ! Ni le statu quo, ni le projet antinational des euro-régions !

Nous ne sommes ni pour une utopie néo-gallicane ou national-catholique dans laquelle le domaine de ce qui revient à Dieu empièterait sur celui qui revient à « César ». Nous sommes pour proclamer non seulement le respect des racines chrétiennes de notre civilisation, mais plus encore celui des valeurs morales immuables exprimées dans le Décalogue reçu à la fois par les juifs et les chrétiens et exprimant la morale naturelle pour toute l’humanité.

Nous ne sommes pas pour un écologisme indifférent à l’idéal de développement intégral de la personne humaine, ni pour un écologisme eugéniste et raciste. Nous sommes pour le respect de la vie, de la conception à l’échéance inéluctable de la mort qui n’est jamais dans l’indignité.

Nous ne sommes pas pour une conception matérialiste du monde, ni économiste, ni raciste, ni mondialiste, ni autarcique. Nous sommes pour la défense des valeurs universelles de notre identité culturelle et de civilisation, nationale, chrétienne, humaine.

Nous réprouvons toute idéologie de haine des autres et notamment en raison de leurs origines raciales, ethniques ou religieuses. Chrétiens, nous nous devons d’aimer, a priori, les bouddhistes, les juifs, les musulmans et autres, considérés dans leurs personnes. Mais nous ne voulons pas de l’ordre politique et social de Mahomet, des jihads et de la charia.

Dévoués à la « chose publique », nous ne sommes pour aucun système théocratique ou césaro-papiste et défendons les principes d’une nécessaire laïcité de distinction des domaines du spirituel et du temporel. Mais nous refusons que, sous le couvert d’une école prétendument laïque, on impose à nos enfants une conception idéologique du « meilleur des mondes » et même cette religion de substitution prônée par un Jaurès et un Peillon.

Nous savons la nécessité d’un État fort, et notamment d’une défense nationale dissuasive, d’une armée à la hauteur des menaces grandissantes sur notre pays et l’Europe en général. Mais cet État doit être par ailleurs ramené à ses fonctions régaliennes essentielles. Nous ne voulons ni du socialisme actuel ni d’un néo-socialisme national ou syndical mais de la réanimation de l’économie et de la société par les initiatives individuelles et professionnelles non brisées par le fonctionnarisme étatique.

Ni racistes ni nationalistes extrémistes, mais patriotes en alerte, nous refusons la continuation d’une immigration-submersion mais, simultanément, la France se doit de collaborer avec les peuples amis d’Afrique ou d’Asie et d’aider les chrétiens persécutés par le communisme ou la domination islamique.