Le
texte suivant fera l’objet d’une communication lors de notre université d’été
et sera ensuite étoffé pour aboutir à une rédaction plus importante.
Nous allons montrer ci-après combien, non pas par quelque
motivation de respectabilisme politico-idéologique mais simplement par
fondamentale différenciation, nous ne pouvons accepter d’être définis comme
« d’extrême-droite ».
« L’extrême-droite » est une commode
désignation médiatique ou politicienne recouvrant un fantastique capharnaüm
politique et idéologique de familles de pensée, cercles, organisations et
partis, et de personnages dont le seul trait commun est finalement d’être dit,
à tort ou à raison, « d’extrême-droite ». Sans que jamais soient
énoncés le ou les critères objectifs sur lesquels reposerait cette
qualification. Des commentateurs se sont risqués à la définir par un commun
positionnement d’aversion à l’égard de notre régime ou de notre système
politique et avec simultanément une insistance sur la défense patriotique ou
nationalité du fait national. Une minute de réflexion suffit pour mesurer que
même ce petit dénominateur commun n’est pas totalement satisfaisant :
l’aversion à l’égard du régime ou du système ? Mais c’est aussi
globalement le fait de toute la diversité de l’extrême-gauche, que ce soit sous
drapeau rouge ou drapeau noir, et même aujourd’hui sous drapeau vert
islamique ! La défense du fait national ? Oui, mais lequel ? Le
nationalisme français est nécessairement conceptuellement différent voire
antagoniste d’un nationalisme européen. Et pas toujours, dans les faits, sinon
dans les idées, compatibles avec des nationalismes ethniques, corses, basques,
bretons, occitans et autres se promenant d’ailleurs dans la traditionnelle
inventivité groupusculaire au mépris des réalités, de l’extrême-gauche à la
dite extrême-droite.
Néanmoins
nous conserverons vaille que vaille ce dénominateur commun pour notre
observation idéologique, politique et même anthropologique du panorama des
mouvances désignées, par-delà des positions antagonistes, comme
« d’extrême-droite », afin de clairement situer par rapport à elle
les idées et propositions de notre « droite de conviction ».
Et
d’abord par le rappel que notre droite étant en effet tout simplement droite ne
l’est plus si elle est extrémisée, c’est-à-dire, comme on voudra, curvée,
infléchie, tordue ou encore, comme avec tout le spectre gangrené de la droite « libérale » :
gauchie.
Esquisse
d’observation phénoménologique de l’extrême-droite.
Sans
que cela soit parfaitement exhaustif, nous pensons avoir à peu près cerné et
résumé, sur les plans essentiels de la politique, les idées et positions
contradictoires qui traversent les différentes mouvances ou mouvements
« d’extrême-droite ».
La
nation.
-
Pour les uns, c’est le nationalisme français : jacobin ou
décentralisateur, républicain ou royaliste (« orléaniste »,
« légitimiste » ou « d’idée »).
-
D’autres évoquent un nationalisme européen : conservant les entités des
« États-nations » ou les supprimant au profit des représentations
nationales « ethnico-culturelles » (Catalogne ou Pays Basque, de part
et d’autre des Pyrénées, Flandres). Et c’est alors le nationalisme ethniciste
ou « nationalitarisme » (ex. ci-avant), d’entités plus ou moins
historiques, ethno-linguistiques.
L’État.
-
Certains sont toujours adeptes de l’exaltation de l’État totalitaire ,
selon la formule fasciste : « l’individu n’existe que par l’État que
pour l’État ». On voit ainsi des groupuscules s’affirmant comme des
nationalistes français mais se rendant en Italie pour y célébrer
nostalgiquement la mémoire du Duce !
-
D’autres sont néo-nazis dans un vague idéologisme de la terre et du peuple :
l’État n’existe qu’au service de la race.
-
Bien différents, heureusement, sont les défenseurs de la thèse d’un « État
catholique ». D’autres affirment leur acceptation de la tradition
religieuse de la nation, la religion étant considérée en tant que conservatrice
de valeurs morales et sociales. Un peu selon la conception napoléonienne.
La religion.
-
Certains sont adeptes d’un néo-paganisme « surimi » et d’une
mythologie indo-européenne. Leur anti-christianisme est plus ou moins
satanisant ou luciférien, de type « Hellfest ».
-
D’autres sont les défenseurs, somme toute conservateurs, d’une laïcité de type
laïciste, de remise stricte de la religion à la sphère privée. Héritiers de
Jules Ferry, d’Émile Combes et de Jaurès.
Immigration.
-
Certains sont hostiles à l’immigration pour raisons raciales. D’autres
l’acceptent de fait, par islamophilie.
Aversion antijuive.
-
Certains sont adeptes d’un antisionisme plus ou moins antisémite.
-
Pour d’autres, plus extrémistes, le peuple juif est la source essentielle des
maux de l’humanité.
Sur
l’islam.
Les
uns sont islamophiles et prônent la collaboration avec l’islam allant jusqu’à
l’affirmation de Dieudonné à Téhéran de ce que « les chrétiens devront
bien se convertir à l’islam ».
D’autres
s’opposent aux musulmans pour raisons raciales et certains sont partisans d’une
alliance « identariste » avec des groupes juifs d’extrême-droite.
Le salut par la Russie ?
Certains
néo-païens en France expriment une grande inconditionnalité pour la Russie
orthodoxe et même une véritable poutinolâtrie plus forte que leur fondamentale
aversion antichrétienne. Parmi eux, il en est quelques-uns à exalter la mémoire
de Staline ! D’autres préfèrent l’extrême-droite ukrainienne, et préfèrent
la mémoire de la collaboration antistalinienne avec l’Allemagne d’Hitler.
Questions
économiques et sociales.
Pour
certains, leur positionnement est celui d’un étatisme économique,
néo-socialiste, de défense du « service public » en convergence avec
la CGT selon leurs nationalismes.
Pour
d’autres, c’est la défense du libéralisme économique dans le cadre national ou
dans le cadre européen.
Sur le respect de la vie.
Pour les adeptes des courants néo-païens, laïcistes ou
maçonniques, la défense de l’avortement, de l’euthanasie, de l’eugénisme est
leur ligne.
À
l’opposé, d’autres sont des défenseurs sincères du respect de la vie.
Sur la famille.
On ne trouve guère dans l’extrême-droite des partisans
explicites ou actifs du communautarisme homosexuel ou de l’impérialisme
LGBT-OGM.
Mais
de nombreux homosexuels y occupent des responsabilités importantes. Ils ne se
sont guère manifestés contre la loi Taubira de dénaturation du mariage et ont
pesé « de facto » contre l’engagement officiel du Front National dans
ce combat.
En
revanche, on a pu voir que dans le néo-paganisme, nombreux ont été ceux à s’y
opposer comme leur héros désormais vénéré Dominique Venner.
En
conclusion de ce panorama, diversité, antagonismes mais aussi d’inattendus
assemblages !
L’extrême-droite ne constitue pas une sorte de pays
idéologique totalement à part de tout le reste du paysage politico-culturel et
religieux. La porosité est forte entre certaines de ses composantes et les
courants du système. Mais on y observe aussi de surprenantes aptitudes à
concilier des assemblages plutôt inattendus et souvent totalement irrationnels.
C’est vrai de certains courants, cercles et associations, encore plus de
certains personnages.
Citons
quelques exemples de ces phénomènes.
- Celui de catholiques de l’école lefebvriste, pas plus
circonspects qu’une Frigide Barjot sur des alliances avec des courants de
l’islam, conjoncturelles certes, mais sans trop peser les dangers des
dynamiques de l’unité d’action.
-
Celui d’une maison d’édition et de diffusion de cette sensibilité préférant
diffuser des ouvrages de néo-païens viscéralement antisémites ou négationnistes
que mon « Histoire des Juifs d’Abraham à nos jours » sans aucune
complaisance pour les avatars bolchéviques et autres du judaïsme mais sous
l’invocation d’une Edith Stein ou d’un Eugenio Zolli.
-
Celui d’une association catholique de renaissance culturelle invitant
volontiers au long des années des intellectuels néo-païens certes de qualité et
m’invitant cette année à parler à condition de ne pas avoir au préalable à
annoncer ma présence ! (Pourquoi diable ?) Évidemment je ne puis
accepter cela.
-
L’accueil comme chroniqueur dans un journal se réaffirmant fidèle à
« l’inspiration chrétienne » (comme la CFTC) d’un éditeur-diffuseur
(10 % « d’alouette » alibi-catho, 90
% de « cheval » de 3° Reich…) franc-maçon de la GLNF et
partisan d’une loi sur l’euthanasie.
-
Celui d’un éminent et sympathique professeur de droit fiscal, fou et génial à
ses heures, ne taisant pas son admiration-fascination pour les dictateurs
bolchéviques ou islamiques et exaltant leurs grands combats anti-impérialistes
en diffusant ses photos notamment avec Castro et Chavez.
-
Celui de royalistes n’ayant à l’évidence jamais lu l’article « La
Mosquée » dans le dictionnaire politique de leur maître Maurras mais
avides sans trop de prudence de convergence soralienne et belghoulesque.
-
Celui d’un parti politique national où l’on peut vérifier la formule du grand
historien Jacques Bainville : « Une minorité, cela devient un
réseau ». C’est ce que nous avons appelé « le phénomène de
l’émergence homosexuelle en politique ».
-
Celui enfin de toute une diversité de personnages du Front National ou de
l’UMP, les uns se voulant de gauche comme Jaurès, les autres se voulant à
droite avec ce même Jaurès selon eux odieusement « kidnappé par la
gauche » !
Et nous, devant ce
paysage ?
D’abord, l’évidence que, sauf négation des principes
d’identité et de cohérence, il ne peut y avoir, au-delà des mots avec lesquels
de médiocres rhéteurs peuvent toujours jongler, de possibilité de synthèse de
toutes ces contradictions.
On
ne peut être à la fois pour le respect de la vie et pour la loi Veil.
On
ne peut à la fois être catholique et raciste.
On
ne peut à la fois être pour une bonne décentralisation, pour les libertés de la
famille, de l’école, de l’économie et des métiers et être pour un État
« Big Brother » s’occupant de tout et de tout le monde.
On
ne peut vouloir préserver la France de l’idéologie du totalitarisme
théocratique de l’islam et prôner chez nous, sans réflexion et garanties nécessaires,
une unité d’action avec des défenseurs de la charia partout dans le monde dit
« musulman ».
À
l’évidence, nous ne sommes dans aucun des cas de figure de la diversité de
l’appellation « extrême-droite ».
Nous
sommes pour le juste équilibre d’une France libre, dans une Europe libre,
organisée autour de pactes d’intérêt commun pour certaines nations.
Pour
la défense d’un État-nation protecteur du bien commun mais dans la nécessaire
décentralisation fondée sur quelques 40 modernes provinces ou généralités
bâties sur nos réalités historiques, géopolitiques et économiques ! Ni le
statu quo, ni le projet antinational des euro-régions !
Nous
ne sommes ni pour une utopie néo-gallicane ou national-catholique dans laquelle
le domaine de ce qui revient à Dieu empièterait sur celui qui revient à
« César ». Nous sommes pour proclamer non seulement le respect des
racines chrétiennes de notre civilisation, mais plus encore celui des valeurs
morales immuables exprimées dans le Décalogue reçu à la fois par les juifs et
les chrétiens et exprimant la morale naturelle pour toute l’humanité.
Nous
ne sommes pas pour un écologisme indifférent à l’idéal de développement
intégral de la personne humaine, ni pour un écologisme eugéniste et raciste.
Nous sommes pour le respect de la vie, de la conception à l’échéance
inéluctable de la mort qui n’est jamais dans l’indignité.
Nous
ne sommes pas pour une conception matérialiste du monde, ni économiste, ni
raciste, ni mondialiste, ni autarcique. Nous sommes pour la défense des valeurs
universelles de notre identité culturelle et de civilisation, nationale,
chrétienne, humaine.
Nous
réprouvons toute idéologie de haine des autres et notamment en raison de leurs
origines raciales, ethniques ou religieuses. Chrétiens, nous nous devons
d’aimer, a priori, les bouddhistes, les juifs, les musulmans et autres,
considérés dans leurs personnes. Mais nous ne voulons pas de l’ordre politique
et social de Mahomet, des jihads et de la charia.
Dévoués
à la « chose publique », nous ne sommes pour aucun système
théocratique ou césaro-papiste et défendons les principes d’une nécessaire
laïcité de distinction des domaines du spirituel et du temporel. Mais nous
refusons que, sous le couvert d’une école prétendument laïque, on impose à nos
enfants une conception idéologique du « meilleur des mondes » et même
cette religion de substitution prônée par un Jaurès et un Peillon.
Nous
savons la nécessité d’un État fort, et notamment d’une défense nationale
dissuasive, d’une armée à la hauteur des menaces grandissantes sur notre pays
et l’Europe en général. Mais cet État doit être par ailleurs ramené à ses
fonctions régaliennes essentielles. Nous ne voulons ni du socialisme actuel ni
d’un néo-socialisme national ou syndical mais de la réanimation de l’économie
et de la société par les initiatives individuelles et professionnelles non
brisées par le fonctionnarisme étatique.
Ni
racistes ni nationalistes extrémistes, mais patriotes en alerte, nous refusons
la continuation d’une immigration-submersion mais, simultanément, la France se
doit de collaborer avec les peuples amis d’Afrique ou d’Asie et d’aider les
chrétiens persécutés par le communisme ou la domination islamique.