De plus en plus, le grand mouvement de résurgence
islamique, qui est le phénomène majeur de l’ère post-coloniale, pousse les
descendants des occupants musulmans, arabes ou berbères de la péninsule
ibérique, expulsés après sept siècles de résistance puis de reconquête
chrétienne, à revendiquer sans vergogne un droit au retour en « al
Andalous ».
Ils
affirment vouloir récupérer aujourd’hui leurs propriétés conquises du VII° au
X° siècle entre Gibraltar et Saint-Jacques de Compostelle.
Simultanément,
bien des juifs sépharades habitant principalement en Israël, dont certains
parlent encore le « ladino », (idiome hébraïco-hispanique), de même
que des minorités de juifs « ashkénazes » s’expriment toujours en yiddish
(idiome hébraïco-slavo-germanique) aspirent à reprendre possession de leurs
propriétés du temps jadis acquises, il y a plus ou moins vingt siècles, par
leur diaspora dans le sillage des Phéniciens venus en Espagne via Carthage.
Et
voici d’ailleurs, qu’abondant dans leur sens, le chef du gouvernement espagnol
Mariano Rajoy entend faire bénéficier de la nationalité espagnole tous ceux de
ces juifs qui le souhaitent.
Mariano
Rajoy ne fait ainsi que reprendre et étendre la mesure généreuse et salvatrice
du général Franco qui sauva pendant la guerre des dizaines de milliers de juifs
« ladinos » de l’extermination nazie en leur faisant délivrer par ses
ambassades des cartes d’identité espagnoles. L’écrivain et journaliste Annie
Kriegel a souvent rappelé ce fait, évoquant notamment l’émouvante cérémonie
d’hommage et de gratitude célébrée après la mort du Caudillo dans la grande
synagogue de Brooklyn à New York.
Selon
les statistiques israéliennes de la population sépharade, il se pourrait que ce
soit une population de trois à quatre millions de personnes qui pourraient être
séduites par ce retour à l’hispanité. Comme
beaucoup d’entre elles possèdent déjà, outre l’israélienne, la nationalité
américaine, on voit se dessiner par cette esquisse de multinationalité la
réalisation de l’utopie déjà ancienne d’une république universelle.
Mais
en attendant, on peut aisément penser que le peuple à forte expansion
démographique des expulsés palestiniens de l’État d’Israël, de l’ordre aussi de
trois à quatre millions, certains en Australie ou en Amérique, mais la plupart
habitant encore dans les fourmilières humaines des camps des pays arabes
frontaliers, n’est pas prêt non plus de renoncer à son droit au retour.
Outre
ces deux cas, L’Institut Auvergnat Alexandre Vialatte de Politologie et d’Étude
des Réveils Identitaires (IAAP-PERI) qui travaille avec l’Institut du Pays
Libre, a identifié dans le monde pas moins de 2713 revendications de
récupération de terres et biens immobiliers. Sans se prononcer, précisons-le,
sur celle semble-t-il plus ou moins discutable des descendants des anciens
monégasques…
Aujourd’hui,
ces 2713 exigences de restitution sont celles de la myriade de peuples, allant
des peuples indigènes d’Amérique et autres aborigènes d’Australie et des grandes
îles du Pacifique mais aussi ceux de l’Afrique du Sud avant les Xossas et les
Zoulous, jusqu’à celles des tribus Celtes occupant jadis presque toute l’Europe
centrale et danubienne, etc…
Mais
si toutes les expressions des désirs de retrouvaille des anciens voire très
antiques possessions sont respectables, on pèse cependant le lourd potentiel de
conflit qu’elles recèlent entre les successives strates d’occupants. D’autant
plus que l’exercice de la repentance réciproque demeure hélas encore très inégalement
perçu par la plupart comme une nécessité morale.
N’y
aurait-il pas tout de même un moyen de les unir en leur proposant justement une
commune repentance : celle d’une extermination perpétrée par ce grand
conquérant qu’a été notre ancêtre à tous, « l’homo sapiens »,
éradicateur de cet excellent bipède qu’était pourtant « l’homme
de Néanderthal » ?
Oui, nous en sommes persuadés, en communiant dans la même
honte et la même repentance, les peuples descendant de l’homo sapiens
n’auraient-ils pas enfin la révélation de leur profonde unité à ne pas briser
sans cesse par la considération de facteurs de différenciation accidentels
somme toute très secondaires ?
De
tous les néanderthaliens de la terre d’aujourd’hui, que monte donc la demande
de pardon à l’homo sapiens.
Peut-on
trouver un plus sûr fondement à une commune conscience morale et de fraternité
humaine ? Que très vite en soit organisée la cérémonie mondiale
d’expression, plus bellement encore que celles des JO de Sotchi !
Et
nul doute qu’alors les hommes, tous repentants, ne risqueront plus de
s’entre-décimer pour Jérusalem, L’Andalousie ou la Crimée… Il n’est que temps
pour notre humanité enfin adulte d’ériger le plus grand mémorial de tous les
temps, celui de la repentance de Caïn l’homo sapiens à l’égard de son grand
frère Abel, l’homme de Néanderthal.