En quelques trente-six heures, aller-retour, un de mes
petits-fils, élève dans un collège de Castres, a été cette semaine amené avec sa
classe visiter Auschwitz, voyage éducatif financé, organisé et guidé par la
fondation du Mémorial de la Shoah.
Je ne conteste ni le principe ni l’utilité de pareils
voyages. Je ne suis hélas pas sûr que l’accompagnement pédagogique en soit
toujours exempt de lourdes occultations mémorielles.
Je
pense qu’il serait bon de distribuer à tous les participants et accompagnateurs
l’excellente et décisive préface de Me Gilles-William Goldnadel (président de
France-Israël ; vice-président du CRIF) au maître-livre de notre ami
Reynald Seycher « Vendée. Du génocide au mémoricide ».
Goldnadel y brosse avec un grand talent de synthèse combien le génocide vendéen
fut en quelque sorte la monstrueuse matrice , le modèle des entreprises
exterminationnistes successives perpétrées dans notre époque moderne :
-
Celui des Arméniens et autres chrétiens d’Orient par le régime des
Jeunes-Turcs.
-
Ceux des millions de personnes exterminées par les régimes communistes pour
leur simple appartenance à une classe, paysanne ou bourgeoise.
-
Et celui bien sûr des Juifs massacrés
de même pour la seule raison qu’ils étaient juifs.
J’ai
parlé de cela à un très amical interlocuteur juif qui tenait à la spécificité
monstrueuse, unique, de la shoah, prétextant que les juifs, eux, n’avaient été
massacrés qu’en raison de leur appartenance, rendant ainsi leur génocide plus
atroce que les autres. Et je lui ai redit :
-
Comme si les vendéens n’avaient pas été massacrés tout simplement pour leur
appartenance au peuple vendéen et chrétien !
-
Comme si les Arméniens n’avaient pas été, eux aussi, dans des sophistications
indicibles de cruauté, massacrés parce qu’arméniens (ou chaldéens, ou grecs,
etc…)
-
Comme si les « koulaks » n’avaient pas été exterminés uniquement
parce qu’ils étaient des koulaks, c’est-à-dire d’une classe à anéantir !
-
Et comme si, par dizaines de millions, dans des dizaines de pays, des chrétiens
n’avaient pas été anéantis par les communistes pour la seule raison qu’ils
étaient chrétiens !
- Et les Cambodgiens, pourquoi furent-ils éliminés massivement sinon pour le seul crime, comme celui des Vendéens, d’être considérés comme une infra-humanité inapte à la « régénération » révolutionnaire ?
- Et les Cambodgiens, pourquoi furent-ils éliminés massivement sinon pour le seul crime, comme celui des Vendéens, d’être considérés comme une infra-humanité inapte à la « régénération » révolutionnaire ?
Mon
interlocuteur a, je crois, convenu de cela.
Voilà
pourquoi il faut espérer qu’un jour, refusant toute sélectivité dans
l’indignation et tout racisme dans la mémoire, on amènera aussi des élèves se
recueillir sur quelques lieux de torture et de mort des autres grandes
abominations totalitaires : sur les immenses routes de viol, dégorgement
et de torture de la déportation des Arméniens et des Chaldéens, d’Istanbul à
Adana, Trébizonde et Alexandrette ; sur les gigantesques camps de la mort
du goulag ou du laogaï. Il n’y a hélas, même tout près de chez nous comme à
Katyn, que l’embarras du choix pour faire mémoire des abominations rouges ou
vertes comme de celles du nazisme.
Et
pour ce qui est des gigantesques tueries bolchéviques en Chine, en Indochine,
en Corée du Nord, même si le nombre de films qui les évoque est sans commune
mesure avec celui de la cinémathèque de la shoah, il est tout de même possible
d’obtenir des documentaires ou de faire parler les historiens du Livre noir du
communisme comme Stéphane Courtois ou Nicolas Werth.
Sinon,
si l’on n’y prend pas garde, l’idée alors ne cheminerait-elle pas qu’il y a
peut-être des génocides moins dignes de mémoire que d’autres, des victimes
moins dignes de compassion, d’une moindre humanité peut-être ?
Chers
amis juifs, ne laissez donc pas trop seul Me Goldnadel dans sa belle réflexion
de vérité historique et de fraternité humaine !