Je
ne sais pas si, au pays des Pharaons, le nouvel homme fort de l’État, le
général Sissi, se fera empereur.
On dit que le jeu de l’oie aurait été inventé vers 1580 à
la cour des Médicis. Mais tout indique qu’en fait il venait de l’Orient
compliqué, celui du Labyrinthe, celui des secrets des Pyramides. Nous voici
donc en retour deux cases en arrière, à la case militaire.
C’est
à nouveau un régal que d’entendre les commentaires sur les événements de la
place Tahrir sur l’air de « J’aime les militaires, j’aime les
militaires… »
Mais
naturellement ce coup d’État sera le « der des der ». Cette fois, la
démocratie va en effet bel et bien triompher définitivement et l’Égypte
connaître l’âge d’or d’un islam conforme à Jean-Jacques Rousseau et
Montesquieu.
À
maintes reprises, on a même entendu de grands spécialistes raconter que
l’université d’Al-Azhar est le phare d’un islam ouvert et tolérant ! Pour
proférer pareille ineptie, il faut vraiment ou être radicalement ignorant de ce
qu’est cette université ou avoir abusé du haschish en lisant les contes des
mille et une nuits !
Mais
laissant là les divagations euphoriques des enfiévrés de l’islam merveilleux,
je ne parierais pas aujourd’hui sur le départ l’an prochain des militaires…
Même après que le suffrage universel aura à nouveau enfin exprimé dans toute sa
limpidité la volonté générale du peuple égyptien dûment éclairé.
Mais
pour autant je ne renonce pas à mettre un peu de mon espérance dans le général
Sissi.
Je
note que selon les variantes toujours possibles de la transcription de l’arabe
en langue latine, on écrit le nom de ce sauveur de la vraie démocratie
égyptienne, selon les journaux : Sissi ou Sisi.
Dans
le premier cas, on pense donc, en référence à Sissi impératrice, à un nouveau
pharaon : l’empereur Sissi, qui ne lâcherait pas plus le pouvoir que le
général Bonaparte rentré d’Égypte.
Dans
le deuxième, on pense à son anagramme : « Isis ». Isis, c’est la
déesse du mariage et de la famille, à la fois la sœur et la femme d’Osiris et
la mère d’Horus.
Le
général ne serait-il pas alors une sorte d’émanation salvatrice de cette déesse
si bienfaisante, représentant la fécondité de la nature et dont le symbole
était la vache ? Voilà assurément de quoi nourrir les méditations des
loges maçonniques si versées dans le symbolisme égyptologique et qui, on le
sait, constituent la secrète religion de la République sans laquelle il n’y
aurait pas de vraie démocratie, ni en France ni sur les bords du Nil.