vendredi 1 février 2013

Affaire Boulin, retour sur un « crime d’État », Pasqua : souvenirs…



 L’excellent ami Jean-Marc Molitor, très imaginatif et talentueux patron de Minute, avait bien fait de me persuader de ne surtout pas omettre de regarder, ce dernier mardi 29 janvier 2013, le téléfilm « Crime d’État » et le débat qui s’en est suivi.

Cela m’a ramené au siècle dernier où ma vie de président du Centre Charlier (et donc du pèlerinage de Chrétienté) et de Chrétienté-Solidarité mais aussi de président de l’AGRIF et, bien évidemment, de député du Front National au Parlement Européen, a été fortement marquée par l’action de Charles Pasqua, largement évoqué dans « Crime d’État » sans que j’aie pour ma part aucune conviction sur son rôle dans l’affaire  Boulin. J’ai en revanche la claire mémoire, et les dossiers de presse, sur le rôle pernicieux que joua cet homme qui, par sa faconde et son image d’homme d’ordre (en effet !) fascinait toute une partie du brave peuple de droite.

Il déclarait certes, et cela plaisait, partager les valeurs du Front National (le FN de l’époque) mais simultanément il prenait comme conseiller et cheville ouvrière en « antiracisme » le dénommé Patrick Gaubert, petit « Big Brother » expert en police de la pensée correcte et violemment hostile à l’AGRIF.

Pasqua fascinait une partie du monde catholique traditionnel, on le louait avec une incroyable naïveté dans Permanences, par ailleurs bonne revue de l’excellente association Icthus.

Un cadre important du pèlerinage de Chrétienté en était un ardent partisan souhaitant (et oeuvrant efficacement à cette fin) pour que le pèlerinage ne soit plus dépendant du Centre Charlier, organe fondateur et organisateur pendant onze ans, puisque je présidais cette institution.

Je veillais pourtant scrupuleusement, par conviction fermement antitotalitaire, par refus de l’esprit de parti, à ce que pas plus le Front National que tout autre ne s’avisât de récupération électoraliste. Mais toute une ramification versaillaise de l’organisation du pèlerinage préférait en réalité une discrète coloration de droite pasqualienne, boutiniste ou villiériste.

C’était pourtant ce Pasqua, ministre de l’Intérieur, qui avait organisé ou laissait organiser l’incroyable embuscade de la Guadeloupe par les indépendantistes chauffés à blanc et chouffés au rhum, contre notre groupe de députés des droites européennes avec Le Pen et nos invités et journalistes.

Notre avion, interdit d’atterrissage à la Martinique où devait se dérouler notre session d’étude, se posa alors à l’aéroport du Lamentin à la Guadeloupe, où les autres passagers ayant débarqué et notre groupe restant à bord, je sortis de l’appareil car Le Pen se méfiait et m’avait demandé d’aller voir. Je pus alors constater le piège mis en place dans un contexte qui eut pu tourner au massacre. Je raconterai à nouveau les détails de cette affaire alors excellemment traitée dans Présent, d’autant plus que Jean Madiran était à bord de cet avion pour un incroyable aller-retour sans, qu’à part moi, nul autre député, journaliste et fonctionnaire ait pu poser pied à terre.

Mais quelle stupéfiante naïveté aussi sur Pasqua que celle de Philippe de Villiers allié à lui pour les élections européennes de 1999 et qui m’affirma, plus tard, la main sur le cœur, après leur querelle, n’avoir pas connu le passé ni perçu vraiment les aspects troubles du personnage, pourtant l’un des fondateurs principaux du SAC, le principale officine barbouzarde et tortionnaire de la répression anti-OAS.

J’écris donc en ce moment, non pas pour annoncer des mémoires, genre historico-littéraire auquel je ne me risquerai pas et toujours entaché de subjectivité et d’auto-censure.

En revanche, sur le mode d’Annie Kriegel dans son excellent « Ce que j’ai cru comprendre », je vais exprimer, pour que les leçons de certaines expériences ne soient pas perdues, ce que j’ai pour ma part pu comprendre des événements politiques que j’ai traversés, m’efforçant toujours, à mon modeste niveau, de défendre notre idéal dans les turbulences politiques, les manigances, les coups tordus et les passions humaines.

Si quelque embûche des hasards de la vie, toujours possible, ne l’interdit pas, je développerai ce que je viens d’évoquer  pour le numéro de Reconquête du mois de Mars.