Comme annoncé j’ai donc fait,
exceptionnellement en compagnie d’Elisabeth (d’ordinaire si occupée dans ses
tâches de mère et de grand-mère) le déplacement pour Toulon à l’invitation de
l’abbé Fabrice Loiseau qu’elle apprécie énormément. Et moi aussi. C’est que,
comme nos quatre filles et déjà certains de nos quatorze petits-enfants, à
l’évidence doués, Elisabeth fervente catholique, aime la belle musique, la
liturgie traditionnelle, un chant grégorien retrouvant ses racines latines et
orientales.
Elle aime cette exceptionnelle
communauté des Missionnaires de la Miséricorde Divine (1) fondée par l’abbé
Loiseau et si encouragée par notre cher évêque de Toulon, monseigneur Dominique
Rey, qui lui a attribué la très belle église saint François de Paule à deux pas
du port des voyageurs sur le beau cours Lafayette.
Ce jour, comme très souvent, les
membres de la communauté, à partir de l’église, investissent la grande place du
Cours. Deux d’entre eux, sur le parvis, l’animent par l’harmonie du chant et de
la guitare.
Les autres sont à l’écoute des
passants qui ont si souvent envie de leur parler, à l’écoute de certains de ces
musulmans, si nombreux dans le quartier, qui sont comme interloqués par ces
prêtres aux habits blancs dont la foi tranquille, irradiante, chaleureuse, les
impressionne, les pousse à poser des questions, rarement mais quelquefois avec
une certaine agressivité qui tombe vite devant une virile douceur évangélique.
À 17h, une petite foule s’est
rassemblée devant le parvis pour la manifestation de soutien aux chrétiens
persécutés, dans le même esprit que celles que nous avons organisées à Paris.
Dans cette assemblée je retrouve
la famille de Monseigneur Faraj Raho, l’évêque chaldéen de Mossoul torturé et
assassiné, bien accueillie et intégrée ici grâce à Monseigneur Rey et à l’abbé
Loiseau.
Il y a aussi des convertis,
kabyles ou arabes, venus de l’islam nord-africain et des réfugiés des
chrétientés persécutées ou menacées par le terrorisme tels ces Pakistanais et
ces Bengalis qui témoigneront de leur expérience. Notons encore la présence
amicale de bons voisins juifs.
L’abbé Loiseau, parfait orateur
naturel, avec sa voie bien timbrée, sans emphase aucune, évoque les 150
millions de chrétiens vivant ou plutôt survivant aujourd’hui, selon les cas, en
régime de dhimmitude, de persécution ou de terreur. Il donne fraternellement la
parole à un pasteur évangéliste qui, ayant vécu longtemps en Algérie et ailleurs
en Afrique, parle avec autant de charité pour les musulmans que de ferme vérité
sans complaisance sur l’islam.
Le vicaire général du diocèse de
Toulon, monseigneur Molinas, dans le vêtement sacerdotal traditionnel de sa
charge, va ensuite prendre la parole, simple, clair, émouvant, exprimant les
nécessités de témoigner visiblement de l’amour chrétien, de la charité
chrétienne.
Certains savent combien ce
prêtre pied-noir a été atrocement éprouvé par la tragédie qui frappa jadis sa
famille avec l’horreur de l’enlèvement pour le pire de trois des leurs.
Mais monseigneur Molinas délivre
avec une rayonnante bonté la certitude de la foi en Celui qui a vaincu la mort
et qui, à la fin, triomphera du mal après que le christianisme et les chrétiens
auront encore traversé bien des épreuves et affronté bien des effondrements.
Vers 18h, l’église saint François
de Paule s’emplit alors pour un long moment de prière et de méditation que vont
diriger l’abbé Loiseau et Monseigneur Molinas ; prière accompagnée aussi
par la chorale superbe de cette société des Missionnaires de la Miséricorde
Divine où s’harmonisent si bien la liturgie traditionnelle, l’innovation dans
l’animation et la pastorale et l’évidence d’une charité dans la rue, que l’on
n’éprouve pas le besoin de badigeonner d’une fausse et sentencieuse gravité.
(1) Société des
Missionnaires de la Miséricorde Divine 104, cours Lafayette – 83000 Toulon smmd@diocese-frejus-toulon.com
site :
www.misericordedivine.fr