mercredi 27 juin 2012


La « pax syriana » : elle régna toujours par la terreur.

Profitant de la chaleur de l’été, j’ai pour habitude, dans un local proche de mon habitation, trop froid en hiver, de me livrer à des travaux de relecture et d’archivage de mes collections de journaux.

Je retrouve les numéros de Présent du mois d’octobre 1990. Dans celui du 19, le récit de « l’exécution » par l’armée d’occupation syrienne du Liban de 82 officiers libanais, mains liées dans le dos, une balle dans la nuque. Ces officiers de l’armée légale du Liban, obéissant à l’ordre de reddition du général Aoun, n’avaient commis que l’erreur de faire leur devoir de soldat.

Mais, ainsi assassinés, ils s’en tirèrent plutôt mieux que les résistants chrétiens des Forces Libanaises et des Kataëb qui subissaient les plus horribles sévices dans les centres de torture de la soldatesque d’Afez el Assad. Le Général Aoun, lui, réfugié à l’ambassade de France, sans remords pour la guerre qu’il avait irresponsablement déclenchée sans avoir les moyens de la mener, devait passer ensuite quelques années douillettes chez nous avant de rentrer au Liban en… fidèle allié des Syriens et du Hezbollah.

Je lis encore dans le même journal en date du 22 octobre les récits du massacre des chrétiens du village de Bsouss par les tueurs du seigneur druze Walid Jumblatt, alors vice-président de l‘Internationale socialiste et allié de Damas. Je lis le récit atroce du massacre de toute la famille de Dany Chamoun, le président chrétien du Parti national libéral que j’avais eu l’honneur de rencontrer. Assasssiné Dany, assassinés son épouse et leurs deux petits garçons âgés de 7 et 5 ans.

Dany Chamoun avait été le plus fidèle soutien du général Aoun dans sa détermination anti-syrienne. Mais devant la reddition honteuse de ce dernier, il avait déclaré : « Je n’arrive pas à croire que le général ait pu nous faire ça ! ».

Comme je l’écrivais ces jours-ci, je ne crois pas que le conflit syrien débouche sur un embrasement généralisé entre les États chiites et les États sunnites. Mais beaucoup de sang va encore hélas couler en Syrie. Et ils sont totalement irresponsables, ceux qui persistent à inciter les chrétiens à défendre le régime dictatorial inéluctablement condamné. Il est à craindre qu’on leur fasse payer très cher cette position dans l’hystérie sanguinaire des masses sunnites qui accompagnera le repli des alaouites dans leur région ou pire, leur effondrement généralisé.