La « pax
syriana » : elle régna toujours par la terreur.
Profitant de la chaleur de l’été, j’ai pour habitude, dans un
local proche de mon habitation, trop froid en hiver, de me livrer à des travaux
de relecture et d’archivage de mes collections de journaux.
Je retrouve les numéros de Présent du mois d’octobre 1990.
Dans celui du 19, le récit de « l’exécution » par l’armée d’occupation
syrienne du Liban de 82 officiers libanais, mains liées dans le dos, une balle
dans la nuque. Ces officiers de l’armée légale du Liban, obéissant à l’ordre de
reddition du général Aoun, n’avaient commis que l’erreur de faire leur devoir de soldat.
Mais, ainsi assassinés, ils s’en tirèrent plutôt mieux que
les résistants chrétiens des Forces Libanaises et des Kataëb qui subissaient
les plus horribles sévices dans les centres de torture de la soldatesque d’Afez
el Assad. Le Général Aoun, lui, réfugié à l’ambassade de France, sans remords
pour la guerre qu’il avait irresponsablement déclenchée sans avoir les moyens
de la mener, devait passer ensuite quelques années douillettes chez nous avant
de rentrer au Liban en… fidèle allié des Syriens et du Hezbollah.
Je lis encore dans le même journal en date du 22 octobre les
récits du massacre des chrétiens du village de Bsouss par les tueurs du
seigneur druze Walid Jumblatt, alors vice-président de l‘Internationale socialiste
et allié de Damas. Je lis le récit atroce du massacre de toute la famille de
Dany Chamoun, le président chrétien du Parti national libéral que j’avais eu l’honneur
de rencontrer. Assasssiné Dany, assassinés son épouse et leurs deux petits
garçons âgés de 7 et 5 ans.
Dany Chamoun avait été le plus fidèle soutien du général Aoun
dans sa détermination anti-syrienne. Mais devant la reddition honteuse de ce
dernier, il avait déclaré : « Je
n’arrive pas à croire que le général ait pu nous faire ça ! ».
Comme je l’écrivais ces jours-ci, je ne crois pas que le
conflit syrien débouche sur un embrasement généralisé entre les États chiites
et les États sunnites. Mais beaucoup de sang va encore hélas couler en Syrie.
Et ils sont totalement irresponsables, ceux qui persistent à inciter les
chrétiens à défendre le régime dictatorial inéluctablement condamné. Il est à
craindre qu’on leur fasse payer très cher cette position dans l’hystérie sanguinaire
des masses sunnites qui accompagnera le repli des alaouites dans leur région ou
pire, leur effondrement généralisé.