Église
catholique : le poids des compromissions et des fautes humaines du passé.
Les regrets et les repentances doivent-ils engendrer des complexes
inhibiteurs ? Est-ce là l’explication de la déficience dans la réplique et
la solidarité avec les persécutés du
communisme, ou de l’islam ?
Ma brève réaction sur ce blog quant au traitement de
l’histoire de la mafia sur « la chaîne Histoire » m’a valu déjà des
demandes impatientes de répliques.
Avant mon émission sur Radio-Courtoisie, je m’en tiendrai ici
à faire observer la malhonnêteté du procédé consistant à traiter de l’histoire
de la mafia avec comme fond d’images, revenant sans cesse, une procession de
Semaine Sainte en Sicile, comme si c’était là une preuve de la catholicité de
la mafia et de la mafioserie de l’Église !
Qu’il y ait eu des prêtres et des évêques plus ou moins
compromis avec la mafia, c’est possible et c’est regrettable. Mais il y en a au
beaucoup plus hélas avec le communisme ! les commentateurs du film
s’employaient encore sans la moindre vergogne à développer leur interprétation
marxiste et anticatholique du phénomène au mépris des témoignages extraits
d’autres reportages expressifs d’une réalité plus complexe que leur
réductionnisme idéologique.
L’amusant était aussi de constater leur gêne pour ne pas nier,
tout en niant, la vérité indéniable de ce que le seul éradicateur de la mafia
fut Mussolini. Mais bien sûr on lui reprocha les méthodes musclées
attentatoires aux droits de l’homme de ses services de lutte… On connaît la
même chanson à propos de la bataille d’Alger.
Je parlerai bien sûr de Lucky Luciano et de Slansky. Et
j’évoquerai les juges héroïques assassinés, Borsellino et Falcone. On s’est
bien gardé de rappeler que ce dernier était un catholique très proche de la droite
nationale italienne du grand dirigeant Giorgio Almirante. Je me souviens d’un
voyage avec lui en Sicile où ce dernier lui consacra un grand hommage devant
toute une foule.
Certes il ne faut pas faire d’anachronisme mais que l’Église
catholique ait été par trop minée aussi dans une inextricabilité des domaines
de Dieu et de César comme dans notre Ancien Régime, on ne saurait le nier. Le
système de la « commende » attribuant des abbayes et des évêchés à
des laïques, à seules fins de bénéfice était fort mauvais. Et par ailleurs,
tout n’était tout de même pas vraiment très conforme à la charité catholique
dans l’ordre judiciaire notamment.
Certains, avec raison, contestent l’idéologie des droits
de l’homme sans Dieu de la
Révolution. Cela implique a contrario le fait de ne pas rejeter une doctrine des
droits de l’homme avec Dieu, conforme
à la charité.
Ni l’inquisition qui condamna Sainte Jeanne au bûcher,
ni la torture pour obtenir des aveux, ni les supplices dans certaines mises à
mort n’étaient choses catholiques. Et cela pèse, avec de surcroît aujourd’hui
les énormes affaires de pédophilie, dans les procès faits à l’Église. Or,
fût-ce implicitement, une telle doctrine, rompant avec des pratiques héritées
des sociétés non chrétiennes, n’était pas toujours inspiratrice d’un ordre
social prétendument chrétien.
La défense de la foi catholique nécessite évidemment de
pouvoir expliquer et répliquer. À cette fin tout n’a sans doute pas été inutile
dans les repentances de Jean-Paul II même si certaines n’étaient pas vraiment justifiées,
ce dont j’ai traité alors.
Mais sans doute inhibés par ces procès faits à l’Église, trop
de catholiques non seulement ne savent pas répliquer mais au contraire se
figent, voire se laissent entraîner dans une non-résistance voire pire, dans de
nouvelles formes de collaboration.
Cela a été le cas avec le communisme. Ce l’est de même avec
l’islam, ce que déplore notre ami Magdi Christiano Allam. On se souvient que ce
dernier, journaliste de grande envergure, italien d’origine égyptienne et
musulman, a été baptisé par Benoît XVI. Aujourd’hui député européen, il lance
dans Il Giornale des cris d’alarme devant la massive lâcheté catholique, voire
la collaboration, face à l’islam. Il dénonce l’indifférence pour les convertis de
l’islam et pour les chrétiens persécutés.
C’est sur cela qu’avec quelques-uns nous avions prévu de réfléchir
en quelque endroit dans ces jours de Pentecôte, ayant pris pour cela des
billets d’avion non remboursables et ne pouvant donc changer nos plans pour
participer aux excellentes journées de dialogue sans complaisance avec l’islam
organisées par nos chers amis de plusieurs chrétientés d’Orient et d’Afrique du
Nord.