jeudi 24 mai 2012



Église catholique : le poids des compromissions et des fautes humaines du passé. Les regrets et les repentances doivent-ils engendrer des complexes inhibiteurs ? Est-ce là l’explication de la déficience dans la réplique et la solidarité avec les persécutés  du communisme, ou de l’islam ?

Ma brève réaction sur ce blog quant au traitement de l’histoire de la mafia sur « la chaîne Histoire » m’a valu déjà des demandes impatientes de répliques.

Avant mon émission sur Radio-Courtoisie, je m’en tiendrai ici à faire observer la malhonnêteté du procédé consistant à traiter de l’histoire de la mafia avec comme fond d’images, revenant sans cesse, une procession de Semaine Sainte en Sicile, comme si c’était là une preuve de la catholicité de la mafia et de la mafioserie de l’Église !

Qu’il y ait eu des prêtres et des évêques plus ou moins compromis avec la mafia, c’est possible et c’est regrettable. Mais il y en a au beaucoup plus hélas avec le communisme ! les commentateurs du film s’employaient encore sans la moindre vergogne à développer leur interprétation marxiste et anticatholique du phénomène au mépris des témoignages extraits d’autres reportages expressifs d’une réalité plus complexe que leur réductionnisme idéologique.

L’amusant était aussi de constater leur gêne pour ne pas nier, tout en niant, la vérité indéniable de ce que le seul éradicateur de la mafia fut Mussolini. Mais bien sûr on lui reprocha les méthodes musclées attentatoires aux droits de l’homme de ses services de lutte… On connaît la même chanson à propos de la bataille d’Alger.

Je parlerai bien sûr de Lucky Luciano et de Slansky. Et j’évoquerai les juges héroïques assassinés, Borsellino et Falcone. On s’est bien gardé de rappeler que ce dernier était un catholique très proche de la droite nationale italienne du grand dirigeant Giorgio Almirante. Je me souviens d’un voyage avec lui en Sicile où ce dernier lui consacra un grand hommage devant toute une foule.

Certes il ne faut pas faire d’anachronisme mais que l’Église catholique ait été par trop minée aussi dans une inextricabilité des domaines de Dieu et de César comme dans notre Ancien Régime, on ne saurait le nier. Le système de la « commende » attribuant des abbayes et des évêchés à des laïques, à seules fins de bénéfice était fort mauvais. Et par ailleurs, tout n’était tout de même pas vraiment très conforme à la charité catholique dans l’ordre judiciaire notamment.

Certains, avec raison, contestent l’idéologie des droits de l’homme sans Dieu  de la Révolution. Cela implique a contrario le fait de ne pas rejeter une doctrine des  droits de l’homme avec Dieu, conforme à la charité.

Ni l’inquisition qui condamna Sainte Jeanne au bûcher, ni la torture pour obtenir des aveux, ni les supplices dans certaines mises à mort n’étaient choses catholiques. Et cela pèse, avec de surcroît aujourd’hui les énormes affaires de pédophilie, dans les procès faits à l’Église. Or, fût-ce implicitement, une telle doctrine, rompant avec des pratiques héritées des sociétés non chrétiennes, n’était pas toujours inspiratrice d’un ordre social prétendument chrétien.

La défense de la foi catholique nécessite évidemment de pouvoir expliquer et répliquer. À cette fin tout n’a sans doute pas été inutile dans les repentances de Jean-Paul II même si certaines n’étaient pas vraiment justifiées, ce dont j’ai traité alors.

Mais sans doute inhibés par ces procès faits à l’Église, trop de catholiques non seulement ne savent pas répliquer mais au contraire se figent, voire se laissent entraîner dans une non-résistance voire pire, dans de nouvelles formes de collaboration.

Cela a été le cas avec le communisme. Ce l’est de même avec l’islam, ce que déplore notre ami Magdi Christiano Allam. On se souvient que ce dernier, journaliste de grande envergure, italien d’origine égyptienne et musulman, a été baptisé par Benoît XVI. Aujourd’hui député européen, il lance dans Il Giornale des cris d’alarme devant la massive lâcheté catholique, voire la collaboration, face à l’islam. Il dénonce l’indifférence pour les convertis de l’islam et pour les chrétiens persécutés.

C’est sur cela qu’avec quelques-uns nous avions prévu de réfléchir en quelque endroit dans ces jours de Pentecôte, ayant pris pour cela des billets d’avion non remboursables et ne pouvant donc changer nos plans pour participer aux excellentes journées de dialogue sans complaisance avec l’islam organisées par nos chers amis de plusieurs chrétientés d’Orient et d’Afrique du Nord.