mercredi 9 novembre 2011

Lettre ouverte à Monsieur Jacques de Guillebon

Cher Monsieur,
 
C’est avec stupéfaction que le bureau de l’AGRIF, au sein duquel des adhérents de toutes races et notamment en son conseil un syndicaliste et un magistrat de race noire, a lu votre méchante attaque.

Elle prouve, pour un commentateur des événements en 2011, une absolue méconnaissance tout de même surprenante de la législation antiraciste fondée sur une extension du concept de racisme à la nation, à la religion et bientôt à l’orientation sexuelle.

La stupidité de cette attaque se retournant donc contre vous, nous ne vous en tiendrons pas rigueur au-delà de la semaine prochaine et nous vous la pardonnons déjà. Néanmoins, nous nous sommes souvenus d’un de vos propos dans la Nef, en 2010, sur le risque que vous assumiez à notre époque, en vous déclarant antifranquiste, vous positionnant ainsi comme Georges Bernanos écrivant Les grands cimetières sous la lune à Palma de Majorque en 1937 .

Quel courage, en effet, il vous faut pour combattre en France en 2010, sans doute au rebours du politiquement et médiatiquement correct si épouvantablement franquiste !

Aussi avons-nous tout de même décidé, sans méchanceté, histoire simplement de répondre à votre pique, de vous décerner ce mardi 15 novembre le prix Dolorès Ibarruri 2011 de l’héroïcité dans la lutte antifranquiste. Ce sera à l’issue d’une causerie que je ferai au Centre Charlier sur une proposition de réforme révolutionnaire (pas de subventions ! aération et imagination !) du Théâtre de la Ville.

Vous partagerez ce prix avec le vieux père de la Morandais qui, lui aussi, dans une extratemporalité étonnante, a attaqué, avec une férocité griffue de vieux raton laveur enragé et méritant de demeurer quelque temps dans les annales de la haine bête et méchante, les deux jeunes gens tranquilles et souriants avec lesquels il était convié à débattre.

Ayant ainsi répondu sans animosité à vos attaques contre l’AGRIF, je me tiens bien sûr à votre disposition pour tout dialogue, débat ou polémique. Et si vous le voulez, dès ce mardi, dans la plus grande sportivité.

La vérité, c’est que ni vous, monsieur de Guillebon, ni monsieur de la Morandais n’ayant nui à l’AGRIF, bien au contraire même, je vous prie de croire à la distinction de mes sentiments à votre égard. Sans la moindre rancune.
                                                                 
 Bernard Antony