vendredi 21 octobre 2011

Réflexions sur quelques propos de Marine Le Pen.

Plusieurs de nos amis m’ont demandé ce que je pensais des réponses de Marine Le Pen dans l’émission hier matin de Patrick Cohen. Par chance, j’avais pris cette émission en cours de route, c’est le cas de le dire, coincé dans le long encombrement de la rocade de Toulouse.

Considérant ses qualités de vivacité de parole et son sens de la répartie, j’écoute souvent Marine avec attention. Je partage beaucoup de ses indignations sur les erreurs accumulées des responsables politiques, sans même parler du déferlement des affaires de corruption.

Je suis dans l’obligation de répondre que, sans la moindre hostilité à priori, j’étais hier en large divergence ou désaccord avec ses affirmations.

Sur son positionnement « ni droite, ni gauche ».

Marine a exprimé qu’elle n’est pas d’extrême-droite parce qu’elle n’est pas de droite. Moi, je ne suis pas « d’extrême-droite » parce que je suis simplement un homme de droite, de cette droite de conviction qui, à l’inverse de la gauche et de la fausse droite culturellement gauchie, eurocratique, et mondialiste, se fonde sur le respect de la vie et des exigences de la nature humaine, la défense des communautés naturelles et de la patrie.

C’est la doctrine de l’écologie authentique, fondamentale, l’écologie chrétienne qui rappelle que s’il faut respecter la Création, découvrir et utiliser les lois de la nature sans les enfreindre, il faut en premier lieu respecter la nature humaine et la vie innocente.

La vraie droite, c’est à l’évidence la droite de conviction sociale, patriotique, respectueuse de l’âme chrétienne de la France, le contraire de l’extrême-droite réelle, celle de certains groupuscules : l’antisémitisme, le racisme, la nostalgie « rouge-brun » des régimes totalitaires, l’Europe des länders, l’eugénisme, l’euthanasie.
On ne peut honnêtement pas attribuer ces convictions à Marine.

En revanche, on peut lui reprocher de confondre la fausse droite avec la droite patriotique, sociale, populaire telle que s’en réclamait jadis le Front National.

Enfin, Marine commet, comme jadis son ex beau-frère Maréchal, l’erreur inadmissible d’attribuer à la gauche une sorte de légitimité historique de défense de la justice sociale.

Sans doute, je le crois, par ignorance. Parce qu’enfin, c’est la triste Révolution française étatique, totalitaire qui a mené une impitoyable action de « déboisement social » et c’est la droite chrétienne, souvent légitimiste, qui a suscité en réaction toutes les lois sociales, courant historique de progrès et de modernité dans lequel nous nous inscrivons.

On me dira que tout cela n’est pas bien grave, qu’il s’agit de récupérer des voix de droite et de gauche. Je crois pour ma part que l’efficacité électorale ne nécessite pas des contre-vérités idéologiques et historiques.

Sur le printemps arabe.

Comme moi, (et je l’approuve donc !) Marine exprime son scepticisme sur l’utopie du « printemps arabe ». En revanche, par ignorance évidente, elle a formulé des considérations partiellement justes ou très erronées sur les dictatures arabes, et leur « protection » des chrétiens.

Ces dictatures ont appliqué en effet à l’égard de ces derniers, avec plus ou moins de rigueur, le principe de « dhimmitude », mot qui n’est pas venu dans le propos de Marine.

Certes la vérité, c’est qu’en Irak le régime de Saddam, établi sur la domination de la minorité sunnite arabe sur les arabes chiites et sur les kurdes, avait intérêt à ne pas se mettre à dos la minorité chrétienne, non négligeable numériquement avant l’invasion et la chute (de 3 à 4 % de la population), rescapée des massacres du siècle dernier.

En Tunisie, sous Ben Ali, il n’y avait pas de liberté religieuse pour les Tunisiens, c’est-à-dire pas de liberté de conversion au christianisme par les musulmans.

En Lybie, même chose.

On verra bien ce qu’il en sera désormais dans ces deux pays où existait au moins la tolérance des cultes chrétiens pour les étrangers et les immigrés non musulmans.

Pour ce qui est de l’Égypte, Marine, contredite avec justesse par ses interlocuteurs, a émis la bourde que la situation des Coptes était bonne sous Moubarak. Elle semble ignorer totalement qu’elle était tout simplement de plus en plus dramatique avec leur relégation politique et sociale, avec une suite ininterrompue, tout au long de la seconde moitié du XX° siècle, d’attentats et de massacres. Simplement, avec un islamisme de plus en plus féroce, l’Égypte voit une situation encore pire de jihad (la guerre sainte) succéder à celle de la dhimmitude.

Le point sur lequel je ne puis hélas, mais sans surprise, que manifester un total désaccord avec Marine, c’est devant son refus d’exprimer la moindre condamnation du régime syrien, sanguinaire et tortionnaire, des Assad père et fils.

Prétendre, comme l’a fait aussi Jean-Marie Le Pen, que ce régime de féroce domination de la minorité alaouite (secte dérivée du chiisme) sous couvert du parti Baas, spécialiste de l’assassinat systématique de ses opposants, a constitué la dernière protection des chrétiens d’Orient est en effet contraire à la réalité.

La vérité, c’est que les malheureux chrétiens n’ont pas eu et n’ont pas le choix. Pour survivre, ils ne pouvaient et ne peuvent refuser l’allégeance au régime. Or, celui-ci, tellement honni pour sa féroce domination conjuguant les massacres de masse et les pires atrocités dans la répression policière, va tôt ou tard s’effondrer sous la pression de la majorité sunnite encadrée par les Frères Musulmans. Il est alors à craindre et hélas très probable que les chrétiens soient, comme en Irak, d’autant plus frappés qu’ils auront soutenu le régime.

J’ai attendu en vain que Marine exprime ce qu’elle devrait avoir appris du sort terrible du Liban sous la dictature syrienne, du massacre de nos paras du Drakkar, de l’assassinat de nos diplomates.

Nous savons bien qu’elle est très influencée, comme son père, par deux ou trois conseillers menant de bonnes relations avec le régime syrien, avec l’iranien et aussi le Hezbollah libanais.

Et par ailleurs, rien ne semble indiquer qu’elle ait comblé sa méconnaissance de la réalité totalitaire, dans tous les ordres de la vie individuelle et collective, autant que religieuse de l’islam, qu’elle persiste en d’autres déclarations à ne considérer que comme une religion. .

Cela constituera évidemment un aspect important de la notation pour les élections présidentielles que l’Institut du Pays Libre lui accordera au vu de son programme et de ses déclarations.