Chez Caroline Fourest, conformiste cuisinière : les « saints de la laïcité ».
Histoire de me stimuler en début de journée, avec le café, dans l’exercice de la réplique, j’écoutais ce matin encore France-Inter, modèle Philippe Val. Caroline Fourest, celle qui écrivait dans Charlie-Hebdo qu’elle ne verrait « pas d’inconvénient à donner à nouveau les chrétiens aux lions » en est désormais éditorialiste.
Caroline et sa concubine Flammetta Venner ont fait un fond de commerce de leurs commentaires sur l’extrême-droite. Elles écrivent depuis des années et des années à peu près les mêmes bouquins.
Comme les cuisinières d’antan de mes campagnes veillant sur le cassoulet ou la garbure, elles laissent au feu la même grande marmite remettant sans cesse ce qu’il faut de haricots ou de légumes, avec un tout petit peu de viande, car la viande est chère.
Je n’ai donc pas acheté le dernier bouquin de Caroline sur Marine, je l’ai juste feuilleté à l’aéroport de Toulouse en attendant l’embarquement. J’ai survolé les cinq ou six pages qu’elle m’y a consacrées, juste pour vite vérifier qu’elles sont toujours les mêmes.
Caroline, comme nos vieilles cuisinières traditionalistes, n’aime pas l’innovation. Pour le cassoulet, il ne faut certes la manier qu’avec circonspection. On ne saurait y adjoindre du curry ou du chocolat (ça, c’est de la cuisine bobo !) mais moi, que le quotidien de la gauche anarcho-capitalo-trotskyste avait appelé « l’ayatollah cassoulet » je sais le varier sans cesse dans le respect de son identité fondamentale. Car la tradition, ce n’est pas une religiosité de l’imitation ou d’un identitarisme figé.
Il ne faut pas opposer en effet la tradition et la nécessaire innovation. Nous ne sommes pas exactement conservateurs, mot qui, comme disait Maurras, commence mal !
Dans le cassoulet, toujours avec le haricot de Tarbes, je varie donc, selon mes humeurs, dans l’harmonie, des confits (d’oie ou de canard) et des côtes de porc, mais toujours bien sûr, porc noir de Bigorre, le meilleur, dans l’adjonction de la tomate ou non, de l’andouille ou de la saucisse, et enfin de la pointe d’ail.
Caroline et Fiammetta sont de bien piètres cuisinières de la politique, avec le même fond de sauce ranci de l’extrême-droite, malgré l’apport de viande fraîche avec Marine qu’elles ne savent pas vraiment bien accommoder.
Mais ce matin Caroline, histoire de ne pas faire oublier son bouquin dont les piles ne baissent pas, est revenue sur Marine dont ces temps derniers, primaires obligent, François et les autres, et Ségolène et Martine surtout ont quelque peu occulté la présence.
Caroline, au-delà de son hostilité obligée, comme la plupart des commentateurs, a noté positivement la ferveur mariniste pour la laïcité mais sans pouvoir dire vraiment si c’est… du lard ou du cochon. Car pour elle, la bonne, la vraie laïcité, c’est simple : « les chrétiens aux lions ! ».
En cette haine, mais seulement en cette haine, contre les chiens de chrétiens, Caroline et sa compagne Fiammetta rejoignent Houria. Car, si Houria et ses islamistes conquièrent le pouvoir (bien aidés, par tous les évêques et religieux islamophiles et financiers de mosquées, hélas oui, père Gollnisch !) nos petites vipères antichrétiennes seront cuites au même feu que les chrétiens. En attendant, il est presque émouvant de constater, un peu psychanalytiquement, combien leur antichristianisme procède essentiellement d’une inversion mimétique, sans doute même d’un processus de fascination-répulsion.
Ainsi Caroline, comme bien d’autres « laïques », parle-t-elle de laïques impeccables, oui, insistons, des laïques sans péchés. Et aujourd’hui, tenez-vous bien, elle a parlé à propos de François et des autres de sainteté dans l’irréprochabilité laïque. C’est-y pas émouvant ? On connaissait déjà les baptêmes républicains, voilà qu’on connaîtra peut-être les béatifications et les canonisations laïques déjà annoncées, il est vrai, avec « la république du Panthéon » selon le titre d’un excellent livre de Jean Madiran.
On le voit, quoi qu’ils fassent, le catholicisme colle non seulement à la peau mais au cerveau des « laïques ». Sans qu’ils s’en rendent compte, tout leur système idéologique, tous leurs clivages, tout leur symbolisme sont encore religieux dans leur anti-religiosité.
Les chrétiens en ont la clé mystérieuse d’interprétation : le diable n’existe que par Dieu et tout dans la production diabolique n’est que grimace, imitation grotesque, inversion radicale de la réalité de Dieu.
Mais mon christianisme fait que si je dois la réfuter, je ne dois pas haïr Caroline, à vrai dire même, je ne le puis. Il y a dans son exaspération anticatholique même, quelque chose d’émouvant, comme la rage d’un manque, l’évidence d’un vide.
Je la plains.
Je ne désespère pas d’elle.
On a déjà connu dans l’histoire d’aussi acharnés qu’elle contre le Christ, d’aussi lapidateurs. L’un d’eux était le rabbin Saül. La grâce de Dieu sur le chemin de Damas en fit Saint Paul, ce géant de la foi. Si Caroline ne se ferme pas à la nostalgie qui l’habite et à la grâce de Dieu, alors elle pourra être sur la voie de la véritable sainteté.