« Société multiculturelle » ? Le piège des mots et la confusion du débat.
J’entends ce matin sur les ondes les commentaires hostiles à la réitération par Marine Le Pen du discours classique du Front National contre « la société multiculturelle », source inéluctable de conflits.
Sur le fond, comprenant ce que l’on voulait dire par là, je n’ai jamais combattu cette position mais j’ai sans cesse essayé, hélas en vain, de prôner un plus clair usage des concepts et des mots.
Dans tous les domaines des arts et des connaissances, on ne saurait prôner en effet comme un idéal le repliement, la fermeture.
Le concept de civilisation chrétienne, fondé sur une communauté de foi, recouvre ainsi une multiplicité de civilisations particulières en Orient et en Occident, avec leurs propres modes d’éclosion des valeurs du vrai, du beau, du bon. Qui peut sérieusement nier que l’avancée de notre civilisation française, notre civilisation européenne, se soit faite sans apports extérieurs ? Peut-on l’imaginer sans notre alphabet, dont les Grecs ont hérité des Phéniciens ?
En tous domaines, la culture n’est-elle pas à la fois identité et universalité ? De même, notre identité personnelle n’est-elle pas à la fois ce qui nous distingue mais aussi ce qui nous unit, dans une même perception de notre humanité ?
Refuser ce que l’on appelle maladroitement « la société multiculturelle », ce n’est donc pas du tout se fermer à la connaissance et aux apports d’autres civilisations.
Bien sûr que nous devons les chiffres aux Babyloniens et aux Indiens ! Et nous pouvons certes aller chercher des réflexions de sagesse universelle dans Confucius sans contradiction avec tout ce dont nous héritons d’Aristote, de Platon et de la Bible. Mais il en est des apports culturels comme des nourritures : il y a celles que l’on peut ingérer et digérer et celles que l’on ne peut absorber sans danger. Il y a des « cultures » dont certaines « valeurs » ne sont pas les valeurs universelles du respect de la personne humaine qui est l’immense legs de la civilisation gréco-latine et chrétienne, celle des trois racines : Athènes, Rome et Jérusalem.
On peut donc accepter l’apport d’autres cultures si ce sont des apports de civilisation et non de barbarie. Mais on ne saurait approuver l’établissement dans notre société d’ensembles de populations constitués non seulement en sociétés différentes mais en sociétés socialement et politiquement conquérantes de la nôtre. Ce n’est pas le cas, pour l’heure, des communautés bouddhistes ou confucianistes. Quoi qu’il en soit, pour le maintien de l’ordre public, l’État doit nous protéger de tous les groupes prédateurs et délinquants, qu’ils soient chinois, péruviens, siciliens ou roms, jaunes ou noirs.
Mais le problème majeur de la société française et de la plupart des sociétés européennes est aujourd’hui celui de la cohabitation avec la société différente véritablement constituée par la communauté islamique, l’oumma, société rassemblée par un ordre totalitaire, celui de l’ordre à la fois religieux, juridique, politique et social, moral et culturel tel qu’établi à Médine par le prophète Mahomet selon l’ordre sans cesse réitéré dans le Coran : « Obéissez à Dieu et à son prophète ! » Cet ordre est celui d’une perfection totalitaire à l’opposé de la fondamentale distinction chrétienne de ce qui est du domaine de Dieu et de ce qui relève de César, celui de l’authentique principe d’une bonne laïcité qui ne peut être fondée sur le refus de la loi morale naturelle mais sur son respect.
Il faut donc avoir la lucidité, la franchise et le courage de reconnaître et d’affirmer que le danger pour la société et l’identité françaises n’est pas bien défini par ce que l’on appelle « multiculturalisme ». Le danger est fondamentalement « bi-sociétal », c’est-à-dire celui de la mise en place et de l’extension chez nous d’une société de l’oumma islamique se constituant de plus en plus dans son intégralité totalitaire jusqu’à son établissement majoritaire définitif.
Et le danger est d’autant plus important qu’il ne demeure plus guère de société française rassemblée par un esprit public fondé sur un socle de mœurs et de valeurs partagées mais une simple collectivité citoyenne de plus en plus éclatée, atomisée, constituée d’individus déracinés, ce que le grand philosophe belge Marcel de Corte a désigné par l’expression de « dissociété ».
Ce que Marine Le Pen devrait donc dénoncer, c’est une société non pas tellement « multiculturelle » mais de plus en plus « bi-sociétale », c’est hélas la triste réalité d’une société française éclatée et d’une contre-société islamique chez nous comme ailleurs totalitairement unifiée selon des valeurs qui ne sont pas celles de la conception chrétienne de la liberté, de la dignité humaine en général et de la femme en particulier, et de la distinction des pouvoirs. Quand donc verra-t-elle que l’on peut et doit à la fois aimer les musulmans et critiquer l’islam, dont il faut leur permettre de se libérer ?