J’ai écouté ce matin l’entretien sur France-Inter avec l’ancien ministre socialiste et président du conseil constitutionnel Roland Dumas portant sur les années Mitterrand mais surtout sur l’actualité ivoirienne et aussi sur le nouveau Front National de Marine Le Pen.
Sur le plan des valeurs essentielles presque tout m’oppose à cet émule de Talleyrand, grand franc-maçon s’il en est. Mais on ne saurait lui dénier ni l’intelligence diplomatique, ni un don consommé de la répartie, ni celui des petites phrases assassines lourdes de sous-entendus.
Pour ce qui est de ses analyses sur la politique sarkozienne en Côte d’Ivoire je crois qu’elles méritent d’être écoutées même si l’on n’avait pas comme lui d’affection préférentielle pour ce « frangin » socialiste et religieusement évangéliste Gbagbo. Certes, ce dernier n’a pas mené une politique toujours évangélique. Et selon les sarkoziens nous ne pouvions oublier que ses avions tuèrent hélas un certain nombre de nos soldats utilisés dans un difficile mandat de l’ONU pour assurer la paix entre le nord de la Côte d’Ivoire essentiellement musulman et le sud majoritairement chrétien ou animiste.
Il ne faut certes pas oublier, en effet, nos victimes militaires. Mais alors, pourquoi avoir honoré, comme Sarkozy l’a fait, le dictateur syrien Bachar el Assad continuateur d’un père assassin de nos diplomates et de nos paras du drakar ?
La propagande franco-américano-onusiaque faisant du camp Ouattara celui de la démocratie et de la légalité, le camp du bien, et du camp Gbagbo le camp du mal, est évidemment aussi mensongère que grotesque.
« Vae victis !» Laurent Gbagbo a été vaincu. Ce sera une mince gloire pour nos soldats. Mais c’est le camp Ouattara qui triomphe dont les hordes ont d’ores et déjà incendié, tué, violé, torturé, massacré au moins autant et sans doute plus que celles de Gbagbo.
Mais sarkozy et Juppé vont se parer des lauriers d’une juste guerre pour le droit et la démocratie comme jadis Bush en Irak.
Il faut pour gober cela être franchement débile. Si du moins cela sert les intérêts de la France et de la paix en Afrique et de la coexistence des musulmans et des chrétiens, on pourra alors oublier les arguments spécieux et frauduleux pour justifier notre intervention onusiaquement légitimée. On en reparlera.
Dumas et Marine : la justification par l’I.V.G. !
On le savait, Roland Dumas, jadis passerelle discrète entre Mitterrand et Le Pen, n’a jamais pratiqué une exécration fulminatoire contre la famille dirigeante du F.N. Il a été ainsi une caution prestigieuse pour faciliter l’agrément de Louis Alliot le « compagnon de Marine » à la profession d’avocat au barreau de Paris.
Ce matin il n’a pas caché en quelque sorte sa bonhomie républicaine pour le Front National marinien. Il a donné de cela une raison essentielle : le fait que Marine, et donc désormais le F.N., se soient clairement prononcés en faveur de la loi Veil combattue selon lui par les ringards du catholicisme intégriste (sic !). Cela ne nous a pas étonné. C’est très révélateur, très fascinant. On y mesure combien la clef de la respectabilité soi-disant démocratique ne réside pas dans l’acceptation ou non de l’immigration. Sur ce point ne se situaient pas réellement les motifs essentiels de l’imprécation anti-F.N.
C’est sur l’acceptation ou non de l’I.V.G. que cela porte. Car là on est sur le critère fondamental : celui de savoir si l’on est ou non en conformité avec l’idéologie de l’homme et de la société s’attribuant le droit selon une très consciente révolte contre le Dieu créateur de décider de la vie et de la mort.
Redisons-le, il y a sur cela ample matière à réflexion : sur les mystères de la vie, du bien et du mal, de l’orgueil de l’homme, de la révolte et de tout ce que cela sous-tend en politique. Qu’on veuille bien me pardonner si je renvoie à ce sujet aux pages de mon livre « Vérités sur la franc-maçonnerie » consacrées à l’élaboration de la loi Chirac-Giscard-Veil par le grand maître de la Grande Loge de France, le docteur Simon.