lundi 17 janvier 2011

Elections de Marine Le Pen à la tête du FN : vers l’Union Mariniste Politicienne ?

Sans doute reviendrai-je sur cela dans Reconquête du mois de Février.
Je lis dans Présent le propos rapporté par Jeanne Smits selon lequel un conseiller de la fille de Jean-Marie Le Pen aurait déclaré : « Notre électorat à 95 % n’est ni bourgeois ni catholique. Les catholiques conservateurs représentent le passé et s’opposent à notre stratégie de modernisation. On ne rappellera jamais des gens comme Bernard Anthony (sic). Ils nous sont nuisibles. »
La vérité, c’est que, m’aurait-on rappelé, je ne serais pas revenu au FN ! J’ai quitté en 2003 son Bureau Politique et du coup on m’a, au mépris de toute élégance, rayé de la liste des adhérents. Bien des choses, il est vrai, m’opposaient alors et au Père et à la Fille entre lesquels, qu’on me pardonne ce petit trait sans blasphème, je n’ai jamais d’ailleurs perçu quelque flux d’esprit saint…
Du père et de son entourage je n’appréciais et n’apprécie toujours pas les positions sur l’islam et les relations avec certaines composantes islamiques (cf. Soral, Dieudonné, Ramadan, Le Pen à plusieurs reprises à l’ambassade d’Iran pour fêter la sanguinaire révolution de ce régime abject). Je n’appréciais pas la réédition du « détail » (une fois, ça va, on peut essayer de défendre, ensuite, niet !) J’étais encore plus indigné par ses procédés odieusement et impardonnablement diffamatoires contre Marie-France Stirbois (Le Pen sait de quoi je parle).
De la fille, je désapprouvais les rappels incessants de significative connivence dite « républicaine » avec l’établissement politico-médiatique, en faveur du maintien de la loi Veil alors que l’on sait bien, avec le travail du Centre Charlier, qu’il est nécessaire et possible de la remplacer par une loi de culture de vie.
Sur le fond, je trouve tout de même Marine quelque peu ringarde, très IIIe république, je n’ai pas beaucoup entendu d’elle des propositions novatrices à la hauteur de la nécessaire politique nationale qu’il faut imaginer pour relever les défis de notre époque.
Elle est en effet bien décevante sur la politique pour relever le défi de l’islam. « Laïcité, laïcité » : cette incantation ne suffit pas. L’islam progresse parfaitement sous le couvert de la laïcité, mot qui a d’autant moins de signification qu’on l’emploie à toutes les sauces idéologiques.
Elle l’est sur la politique de l’éducation.
Elle l’est sur la révolution d’internet (voir notre numéro de Reconquête à paraître).
Nul ne sait ce qu’elle préconise exactement en matière de politique étrangère. Sur l’influence de son ex beau-frère Maréchal et des amis de papa, elle semble jouer Gbagbo en Côte d’Ivoire. Mais c’est un peu court.
Cela dit, nous la jugerons désormais à ses discours et à ses actes en tant que chef de parti et si ce qu’elle dit et fait va dans le sens de nos valeurs et du combat contre le génocide français et européen, nous n’aurons aucun scrupule pour le constater, modifier notre jugement, et l’approuver. Car même si le passé l’éclaire, la politique est l’art de l’avenir.
Elle a lu à Tours un discours sur le fond somme toute très chiraco-chevènementiste. C’était à l’évidence d’une facture très Louis Aliot. Pour ce qui est de la forme, quant à la gestuelle, c’était du Le Pen mais sans l’art consommé de Jean-Marie. Trop semblable, trop imitatif et trop masculinisé pour une femme.
Pour ce qui est du style oratoire, énergique certes, je l’ai perçu comme trop martelant, trop comminatoire, un style dictatorial un brin fascistoïde à la manière chiracoïdale des années 1980.
Mais peut-être après tout, avec les épreuves et les embûches qui l’attendent, son propos se nuancera-t-il, se poétisera-t-il, se féminisera-t-il ? L’épreuve politique peut en effet durcir ou au contraire humaniser. Et n’est-ce pas pour un nationalisme « à la française », un nationalisme à visage humain, modelé par l’Amitié Française et par les liens de la chrétienté, que nous luttons ?
Il ne faut désespérer de rien et souhaiter que Marine ne se laisse pas influencer par certains fâcheux conseillers que je lui connais (1) dans les voies politiciennes de la démagogie dont les succès passagers ne seront pas, je le crains, dans l’ordre du bien commun français.

(1)  Je note en revanche que, dans l’ordre des élections au Comité Central, Thibaut de la Tocnaye, vice-président de Chrétienté-Solidarité, arrive troisième. Lui serait un bon conseiller et, on le voit, sa qualité bien connue de militant de chrétienté n’a pas empêché une majorité de voter pour lui.