mardi 8 septembre 2009

De Graham Bell à Omar Bongo

En cours d’instruction civique j’apprenais à mes élèves que les ministres étaient désignés par le Président de la République sur la proposition du Premier ministre, qu’ils étaient nommés par décrets présidentiels contresignés par le Premier ministre. Qu’un ministre pouvait cesser ses fonctions par une démission personnelle, par la démission collective du gouvernement, par le rejet d’un vote de confiance, par le vote d’une motion de censure, ou encore aux lendemains d’élections législatives ou présidentielles.
Or je me rends compte que je faisais apprendre des âneries à mes élèves et que les manuels d’éducation civique sont toujours obsolètes ! La nomination des ministres et leur départ se font sur un simple coup de fil d’un chef d’état africain. À preuve, les déclarations lundi 7 septembre sur R.T.L., du « Monsieur Afrique » de Nicolas Sarkozy, l’avocat Robert Bougi, qui a expliqué aux auditeurs comment Jean-Marie Bockel fut démis de son poste de secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie le 18 mars 2008, deux jours avant la Journée internationale de la Francophonie, pour passer aux anciens combattants :
Omar Bongo a téléphoné à Robert Bougi et lui a dit : « Fiston viens me voir ! Ça ne peut pas continuer ! Il faut que tu dises à Nicolas que moi et les autres nous ne voulons plus de ce ministre [Jean-Marie Bockel]» Robert Bougi se rendit au palais de l’Élysée pour transmettre le message « ferme et voilé de menaces » à Nicolas Sarkozy, en présence de Claude Guéant. Nicolas Sarkozy trouva la demande tout à fait naturelle puisqu’il répondit : « Dis à Omar et aux autres chefs d’État que Monsieur Bockel partira bientôt et qu’il sera remplacé par un de mes amis et un ami de Monsieur Guéant. Ce nouveau ministre prendra ton attache, ne sois pas étonné et quelque part tu l’initieras à l’Afrique. »
Qu’avait donc fait Jean-Marie Bockel pour s’attirer les foudres des potentats africains ?
Il eut le tort le 14 janvier 2008 de déclarer péremptoirement lors de ses vœux à la presse qu’il voulait signer « l’acte de décès de la françafrique » L’ancien socialiste mais toujours naïf avait expliqué : « L’un des premiers freins au développement de l’Afrique, c’est la mauvaise gouvernance, le gaspillage des fonds publics, l’incurie des structures administratives défaillantes, la prédation de certains dirigeants. Tout le monde le sait, bien peu le disent » Cela fit désordre chez les présidents à vie africains, Paul Biya, président du Cameroun et Denis Sassou N’Guesso, président du Congo, protestèrent contre ces propos méprisants envers les Africains, Omar Bongo porta le coup de grâce et signa l’acte de décès du poste de secrétaire d’État français à la Coopération et à la Francophonie de Jean-Marie Bockel.
La nomination et la démission des ministres français ne tiennent donc qu’à un fil, celui du téléphone africain ! Le Président de la République française est ainsi aux ordres.
Quel pouvoir a donc le mari de Carla Bruni, à part celui de nous imposer de nouvelles taxes ?

Louis CHAGNON